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Poésie contemporaine
troupi : La Camargue
 Publié le 10/01/18  -  16 commentaires  -  1208 caractères  -  531 lectures    Autres textes du même auteur

La Camargue, c’est du sable et de l’eau dans le delta du Rhône, du sel et des vents fous, des chevaux blancs, des taureaux noirs qu’ici on appelle “bious”.
C’est aussi une terre de légendes avec des hommes à peu près aussi sauvages que les taureaux et les chevaux dont ils s’occupent.


La Camargue



C’est une île de sable oublié par la mer
Où le sel qui affleure à son bleu outremer
Accompagne les eaux, les vents, les bois flottés.
L’homme cueille ce sel depuis l’antiquité.

Le Rhône qui la tient entre ses bras puissants
La violente souvent de flots envahissants.
Quand le tyran repu s’en revient à son lit
Il abandonne au sol une terre salie.

Pays de rêves fous hanté par des mirages
Mithra lui a laissé ses “bious” en héritage.
Aujourd’hui libérés ils règnent en ces lieux
Où la foi sans regrets les a faits demi-dieux.

Vous y verrez parfois sur le bord d’un étang,
Ombre quittant son lit d’un sabot hésitant,
Une apparition née des vents bleus et de l’eau :
Un cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop.

Et par des nuits d’enfer le mistral hurlera
Sa triste mélopée. Sa fureur abattra
Sans le moindre remords des géants séculaires
Sacrifiés sur l’autel de sa sombre colère.

Les vieux près du cantou disent avec ferveur
Qu’en des nuits éclairées d’une étrange lueur,
Un homme et un cheval s’unissent en centaure,
Comme un rite païen que le jour évapore.


 
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   papipoete   
20/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
néo-classique
la Camargue est " une île de sable oublié par la mer " ; le décor est posé, et le Rhône fait ce qui lui plaît . Taureaux et chevaux sauvages sont les seigneurs du lieu, et bien des légendes planent ici .
NB " le cheval blanc nacré " semble bien réel dans ce moment onirique ornant votre récit et des jolis vers jaillissent tels un " centaure " de cette ballade camarguaise .
Le 2e quatrain est splendide !
côté technique, je vois un souci ; " lit/salie ", ne riment pas ensembles mais cela ne fait pas échec à la forme " néo-classique " à mon avis .
papipoète

   Provencao   
30/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Cette poésie neo-classique dessine une multitude de facettes de cette sublime camargue.

Vous avez su, suggérer le lien étroit entre le paysage ô combien sublime et l'homme et le cheval qui semblent une émanation du merveilleux.

Merveilleuse sensibilité à cette force et grâce de cette farandole de rêves fous.

Mes préférés: "Les vieux près du cantou disent avec ferveur,
Qu'en des nuits éclairées d'une étrange lueur,
Un homme et un cheval s'unissent en centaure,
Comme un rite païen que le jour évapore."

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   leni   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Troupi
Une évocation simple d'une terre superbe où le vent bourrasque où les chevaux manadent où les hommes marquent au fer Une luminosité sans pareille

Pays de rêves fous hanté par des mirages
Mithra lui a laissé ses “bious” en héritage.

La Camargue a une âme:

Les vieux près du cantou disent avec ferveur
Qu’en des nuits éclairées d’une étrange lueur,
Un homme et un cheval s’unissent en centaure,
Comme un rite païen que le jour évapore.

JOLI moment AMI J'écoute et j'entends les grenouilles qui croassent?

MERCI et Amitiés LENI

   Anonyme   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Cette description de l'endroit du mariage du Rhône avec la mer
ne manque pas de charme avec , entres autres, un bien joli premier vers.
La réussite d'un poème descriptif est qu'il nous transporte dans le lieu
dessiné par ses vers et ce texte y réussi, ma foi, assez facilement :
on voit les taches noirs des taureaux, les longues escapades blanches des chevaux, l'ensemble dans un environnement spécifique au lieu.
Et toujours le fleuve puissant qui règne en maître incontrôlé
de la région.
Oui, un poème agréable qui nous fait rêver et qui se termine
comme il a commencé, par un très beau vers.

   Vincendix   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Troupi,
La Camargue, avec du sable, de l’eau et du vent mais aussi des gardians, des chevaux et des taureaux.
Dans ces beaux vers, on retrouve toutes les composantes de cet endroit légendaire et sauvage où les éléments, les hommes et les animaux vivent en osmose, on ressent cet atmosphère unique au monde.
Vincent

   Anonyme   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Elle n'est pas très loin de chez moi, je vais lui rendre visite de temps en temps.
Un fort joli tableau de la Camargue ; des images empreintes de poésie
" sable oublié par la mer "
" Une apparition née des vents bleus et de l’eau :
Un cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop "
" Un homme et un cheval s’unissent en centaure,
Comme un rite païen que le jour évapore." pour ne citer que celles-ci.

Merci pour ce joli poème.

   Brume   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Troupi

Il n'y a qu'un amoureux de la Camargue qui puisse écrire comme ça.
La photographie est belle, impressionnante, sauvage.
Toute la Camargue est à ma portée, vivifiante! Puissante!
Vous m'avez invitée dans un Eden majestueux, et je ne suis pas déçue du voyage.

   LenineBosquet   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,
Bon, voilà, désolé mais je n'aime pas.
Déjà tout est dit dans l'incipit : le sable, la mer, le sel, le Rhône, les chevaux blancs, les bious etc... Je trouve ça dommage de tout dévoiler direct.
Ensuite la répétition de "sel" dans le 1er quatrain est gênante, de même que ce vers 4 qui m'apparaît tomber là comme un cheveu sur la soupe.
Il n'y a bien qu'au dernier quatrain où je me suis marrer, imaginant cet homme et se cheval "s'unir" comme dans un "rite païen", je ne sais pas si le grotesque de la situation est voulu mais il m'a bien fait rire...
Pardonnez-moi svp de ne pas accrocher sur votre texte qui est assez représentatif de ce que je n'aime pas en poésie. Il en existe une multitude sur Oniris, ainsi que leurs adeptes, mais il faut bien un peu de contradiction, n'est-ce pas ?
Merci.

   Anonyme   
10/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Le poème est plaisant, évocateur, avec de belles images.

Très beau dernier quatrain :
"Les vieux près du cantou disent avec ferveur
Qu’en des nuits éclairées d’une étrange lueur,
Un homme et un cheval s’unissent en centaure,
Comme un rite païen que le jour évapore."

Ou encore :
"Vous y verrez parfois sur le bord d’un étang,
Ombre quittant son lit d’un sabot hésitant,
Une apparition née des vents bleus et de l’eau :
Un cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop."


J'aime moins :
- la répétition de sel dans le premier quatrain
- la rime un peu facile hurlera/abattra du quatrain 5.
- le vers un peu cliché "Sacrifiés sur l’autel de sa sombre colère"...

   jfmoods   
11/1/2018
Ce poème en alexandrins est composé de six quatrains à rimes suivies, suffisantes et riches, très majoritairement masculines.

J'aurais mis une virgule en fin de vers 9, une autre à l'hémistiche du vers 11. Celle qui se trouve en fin de vers 22 m'apparaît contre-productive.

Si la première strophe, qui présente le lieu, s'inscrit, logiquement, dans un cadre réaliste (présentatif : "C’est une île", passage du défini au démonstratif : "le sel", "ce sel", marqueur de temps : "depuis l'antiquité"), le reste de l'évocation se pare d'une tonalité fantastique plaisamment orchestrée.

La violence des éléments déchaînés (personnifications : "Le Rhône... la tient entre ses bras puissants / La violente", "le tyran repu s’en revient à son lit / Il abandonne au sol une terre salie", "le mistral hurlera / Sa triste mélopée. / Sa fureur abattra / Sans le moindre remords des géants séculaires / Sacrifiés sur l’autel de sa sombre colère") investit fortement l'imaginaire (lexique : "Pays de rêves fous", "hanté par des mirages", "nuits éclairées d’une étrange lueur", prise à partie du lecteur : "Vous y verrez"), ouvrant celui-ci à la puissance du mythe ("Mithra lui a laissé ses "bious" en héritage", "demi-dieux", "Une apparition née des vents bleus et de l’eau : Un cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop", discours indirect : "disent... / Qu'... / Un homme et un cheval s’unissent en centaure, / Comme un rite païen que le jour évapore"), appelant l'autochtone à l'exercice d'une dévotion particulière ("la foi", "avec ferveur").

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I) Des éléments déchaînés

1) L'eau

Le fleuve, puissant, lubrique, avide, est semblable à un violeur martyrisant à plaisir sa victime expiatoire (personnifications : "Le Rhône... la tient entre ses bras puissants / La violente", "le tyran repu s’en revient à son lit / Il abandonne au sol une terre salie").

2) L'air

Le vent, funèbre, terrible, impitoyable laisse libre cours à sa soif de destructrion (personnification : "le mistral hurlera / Sa triste mélopée. / Sa fureur abattra / Sans le moindre remords des géants séculaires / Sacrifiés sur l’autel de sa sombre colère").

II) Entre réalité et mythe

1) Un imaginaire débridé

Investie d'une forte charge emotionnelle, la Camargue devient support de fantasmagories, d'hallucinations extravagantes (lexique : "Pays de rêves fous", "hanté par des mirages", "nuits éclairées d’une étrange lueur", prise à partie du lecteur : "Vous y verrez").

2) Le basculement

Un horizon mythique s'ouvre ("Mithra lui a laissé ses "bious" en héritage", "demi-dieux", "Une apparition née des vents bleus et de l’eau : Un cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop", discours indirect : "disent... / Qu'... / Un homme et un cheval s’unissent en centaure").

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
11/1/2018
Bonjour Troupi,
Votre Camargue est très réussie, venteuse, colorée, imagée et bien documentée. Mais un peu carte postale. Distanciation Parnassienne.

J’airai aimé sentir un peu plus la force, le souffle, le pouls du pays.
la détresse des plantes dans cette terre de sel et de vent,
le suint de Crin-Blanc, le chant triste d’une terre pauvre, plate et morne,
le bonheur orgasmique des moustiques, le sel qui creuse les ongles, la douleur des taureaux quand on les castre ou les ferre
….et pourquoi pas quelques note rauques échappées d’une guitare.

   emilia   
11/1/2018
Un bel hommage à cette terre légendaire enveloppée par les bras du Rhône personnifié en tyran et qui se laisse croquer sous la plume de l’artiste, cette « terre de soleil balayée par les vents », gorgée d’eau et de sel, avec ses salines, ses saladelles de couleur bleu et autres salicornes où l’on retrouve cette racine omniprésente, la force sauvage de ses taureaux magnifiques et cette passion mystique que souligne l’évocation du dieu Mithra, ce dieu du serment et de l’alliance souvent représenté égorgeant un taureau en sacrifice, la vision superbe « du cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop » crinière au vent, avide de liberté, en illustrant dans le dernier quatrain l’osmose subtile entre l’homme et le cheval avec la représentation mythologique du centaure, sans oublier la musique féroce du mistral soufflant et sifflant avec cette série d’allitérations en (s) du 5e quatrain : sa/sa/sans/séculaires/sacrifiés/sur/sa sombre/ qui nous la fait entendre et dont il faut se mettre à l’abri près du « cantou » accueillant et chaleureux… ; merci à vous pour cette agréable lecture qui semble couler de source…

   hersen   
11/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Troupi,

Si de la Camargue tout est là, sous nos yeux de lecteurs, les couleurs, la flore, la faune, le tout recouvert de vent et de sel, j'aurais aimé que le tout se bouscule davantage, j'aurais aimé que tu me fasses découvrir "une" Camargue que je n'aurais pas encore vue.

Parce que celle-ci, il me semble bien la connaître. Mais qui est-elle, que fait-elle, que pense-t'elle ?

Je reste donc sur une (relative) frustration mais j'ai apprécié cependant de revoir au travers de ton texte une Camargue sage, mais belle.

Merci de cette lecture,

hersen

   Louis   
15/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien sûr, une évocation exhaustive de tout ce qui fait la Camargue n’est pas possible.
L’intérêt du texte réside alors dans ce qui est retenu par le regard du poète dans l’ensemble constitutif de la région camarguaise.

Cette terre est avant tout perçue comme un lieu de force, de puissance et de violence : le Rhône la tient « entre ses bras puissants », il la « violente souvent de flots envahissants ».
Personnifiée, la Camargue apparaît comme un enfant de la mer, mauvaise mère, marâtre, abandonné par elle, « île de sable oublié par la mer », et qui subit les violences du père, personnifié dans « les flots » du Rhône. Un enfant battu, violenté, par ceux qui l’ont engendré.
Générée par la violence, elle la génère à son tour. En son sein, ne naît rien de doux, y croissent des fleurs de sel : le sel «affleure », «L’homme cueille ce sel depuis l’antiquité. »

Son sol porte les « bious », farouches et puissants taureaux, destinés à la course et au combat. Leur mythique origine, «Mithra », se rapporte aussi à la violence, celle du sacrifice cruel du taureau qu’exigeait cette déesse.

Dans ce « Pays de rêves fous » se mêlent la réalité et le mythe, si bien que ce qui est réel semble un « mirage », et que ce qui n’est que songe paraît être la réalité même.
Ainsi, quand est perçu « Un cheval blanc nacré qui s’enfuit au galop », il semble une « apparition », un fantôme, le produit d’une hallucination.
Le vent réel, le Mistral, semble le souffle d’un monstre qui « hurle » dans la nuit, et dont la « fureur » est capable d’abattre des arbres « géants séculaires ».
Le récit mythique, à l’inverse, semble une réalité, quand « Un homme et un cheval s’unissent en Centaure », de nuit, dans d’ «étranges lueurs ».

Mais le pays de Camargue, dans son aspect réel, comme dans sa part de songe, paraît associé à la violence. Cette terre conserverait un caractère « sauvage », et cette sauvagerie se manifesterait avant tout dans une violence qu’elle porterait en elle comme la trace ineffaçable de celle, originelle, qui l’a engendrée.

La Camargue n’apparaît pas, aux yeux du locuteur-poète, une terre plate, sans relief, indolente sous la chaleur de l’été, languissante dans ses marais stagnants, mais un lieu de forces, d’énergies, de puissances où la « fureur » du vent rivalise avec l’impétuosité de la course des chevaux blancs, de nacre.

Le regard sur cette terre de Camargue, par son orientation, ses choix, ce qu’il retient, ce qu’il néglige, en révèle autant du poète que du pays perçu et décrit.
Se révèle une fascination pour la violence, qui rejette son aspect destructeur, pour ne retenir, dans un pur dynamisme, dans une énergie et une puissance, son effet créateur, celui qui modèle les formes et les matières, et produit le beau.

Merci Troupi

   Anonyme   
17/1/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Je suis très mitigé, vous me la décrivez cette "Camargue",
mais seulement sous un certain aspect, ce qui ne permet pas
d'aller plus avant dans sa découverte, d’approfondir ma connaissance, et dans faire une approche plus "passionnée".

Je n'ai pas retrouvé ce qui la rend si particulière, si étrange,
si fascinante, ce qui souvent me donnait l'envie d'aller à sa rencontre, au travers de mes lectures, et de reportages depuis
bien longtemps déjà.

Vous ne la mettez pas assez dans la lumière, vous en parlez
comme d'un lieu de légende, c'est de loin ce qui la caractérise
le plus. Elle est attirante, mais rien de tout cela ne m'est apparu
au cours de ma lecture.

J'aurais voulu être transporté complètement, pouvoir la visualiser
davantage, même si je reconnais que la nature joue un rôle
dans son paysage, qu'il la façonne, cela ne me suffit pas.

   Anonyme   
24/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le Rhône en ce moment fait d'ailleurs des siennes, en Drôme... ;-)
Enfant, j'allais de temps en temps marcher jusqu'au phare de Port Saint-Louis, à la recherche d'os de seiche, déposés là au hasard, entre deux blocs de béton. Je n'ai jamais vraiment ressenti ce côté mystère de la Camargue, mais plutôt son côté sauvage et grandes étendues, et la simplicité sans doute aussi. J'aime bien les références, notamment "les vieux près du cantou", ça donne au poème une proximité terre-humain, couplé aux légendes de la Camargue, un côté que je ne lui connaissais pas, enfant.

Merci à vous :)

Ps : pas un mot sur les moustiques tout de même ! ahah ;-)


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