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Poésie libre
troupi :  Les longs silences
 Publié le 20/02/16  -  17 commentaires  -  998 caractères  -  350 lectures    Autres textes du même auteur

Poème inspiré d'un roman sur l'autisme.

“Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière.” V. Hugo.


Les longs silences



Aujourd'hui je le sens
Je sors comme d'une eau
de ces profonds silences qui noyaient mes instants
et la peur d'affronter les lumières et les ombres
vient tomber à mes pieds
comme une peau usée

Je me retourne encore sur les derniers remous
où se traînaient mes pas


“Silence” est assassin il envahit l'espace
Il noircit la lumière
“Silence” est ce désert dans lequel je suis né

Longtemps je l'ai maudit
pour ses aubes stériles qui écornent la vie

Je l'abandonne là
au bord de mon chemin
et le temps gris et froid
miroir de mon passé se dilue avec lui


Je te regarde et je crie

Avant de te parler je crie pour m'éveiller à cette aube nouvelle

J'ai des mains pour aimer ton visage

J'ai des yeux pour aimer ton regard

Pour t'appeler Maman

Pour la seconde fois
je suis né

Mais cette fois
Je crie


 
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   Anonyme   
29/1/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Je ne sais pas si une personne autiste vit ces moments tels que vous les décrivez mais j'imagine que ce doit être ça. D'autant que si peu de personnes ont trouvé le chemin pour en sortir.
Oui.
J'ai adoré votre poème. Il me touche profondément .
Ce cri final est très beau.
Je mets passionnement pour le fond mais surtout pour la poésie que vous avez su mettre ici.
Bravo.

   Anonyme   
7/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé ce texte bien peu poétique sans doute mais qui nous montre tant de choses. Quelles belles images comme celles-ci:"la peur d'affronter les lumières et les ombres vient tomber à mes pieds comme une peau usée", "Je me retourne encore sur les derniers remous où se traînaient mes pas".
Sans l'incipit, je ne sais si j'aurais vu l'autisme derrière vos mots. Dommage de l'avoir annoncé, je pense que le mystère aurait donné à notre imagination un peu plus de travail et le merveilleux de ce texte en aurait été amplifié. Cela dit, de cette façon c'est peut-être l'émotion qui nous emporte davantage et c'est pour moi sans doute plus primordial encore.
Un texte qui ne laisse pas indifférent en tous cas et j'apprécie pour cela.
La citation de Hugo apporte un petit plus à votre poème et amplifie ce sentiment d'espoir, de liberté, de joie, de la fin.
Bravo et à vous relire donc.

Jaseh

   Mauron   
8/2/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un très beau texte, un grand souffle, beaucoup d'élan. Un fort beau texte! Juste un tout petit détail sur lequel je me permets d'attirer votre attention: le rythme de vos vers est presque systématiquement pair, disons qu'il s'agit surtout d'alexandrins, de moitiés d'alexandrins ou de trois-quarts d'alexandrins (9 syllabes). Or, un vers fait exception à cette rythmique: "Je te regarde et je crie". 7 syllabes. Est-ce voulu? Cela m'a un peu gêné. Ou bien vous ne changez rien, si vous voulez que ce vers fasse contraste, ou bien vous pouvez aussi écrire: "Je te regarde et crie." Le verbe "crier" prendrait alors une plus grande force avec l'élision du pronom. Mais à vous de voir...

   Pouet   
20/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très beau. Le thème me parle particulièrement. Même remarque que le commentateur précédent pour le "Je te regarde et je crie", enlever le second "je" me semble opportun. Hormis ce minuscule détail, j'ai vraiment aimé ce texte, tout en sensibilité.

Je vais retenir plus particulièrement "la peur d'affronter les lumières et les ombres/vient tomber à mes pieds/comme une peau usée. Ou bien "silence est ce désert dans lequel je suis né" ...

L'ensemble m'a convaincu, un texte émouvant et très bien écrit.

Bravo

   luciole   
20/2/2016
Commentaire modéré

   Anonyme   
20/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
fort joli poème sur une seconde naissance après " ces profonds silences ".
Toutes les images sont belles.
J'ai particulièrement apprécié " Je l'abandonne là
au bord de mon chemin
et le temps gris et froid
miroir de mon passé se dilue avec lui "
" J'ai des mains pour aimer ton visage "

   Anonyme   
20/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut troupi... Avant de commenter ce texte très fort je suis allé me documenter sur l'autisme et les possibilités d'en sortir. J'ai trouvé quelques articles intéressants dont un Sortir de l'autisme que confirme la teneur de ton poème.
Une description sobre et sans pathos de cet état second puis la renaissance, de l'ombre à la lumière, du néant à la vie, à la mère...

J'ai des mains pour aimer ton visage
J'ai des yeux pour aimer ton regard
Pour t'appeler Maman...

Merci !

   leni   
20/2/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
salut troupi
C'est le renouveau et ça sonne juste Ca perspire la force c'est un cri très élégant Je te dis le plaisir que j'ai de te retrouver Commd'hab c'est bien structuré
Le passé sur lequel on revient un peu
Puis le silence qui est ce désert
Je l'abandonne làET JE CRIE Cri primal?

ET cette finale superbe qui me touche profonfément
BRAVO Ami Leni

   Anonyme   
20/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir

Un texte très touchant sur l'autisme

Je trouve excellent d'avoir utilisé le JE ....et de donner ainsi " la parole " à celui ou celle qui sort de ce monde où le plus souvent on n'a pas de clé pour établir une relation et entrer dans leur monde !
Vous avez su utiliser des mots justes , simples ....on ne tombe pas dans la caricature de la maladie , ni dans le pathos !

Chaque ligne m'a touchée par ce que l'on peut y lire et ressentir...
" Avant de te parler je crie pour m'éveiller à cette aube nouvelle" ...voici la beauté d'un vers entre autres!

merci

   emilia   
20/2/2016
Très sensible au thème que vous évoquez, car je connais un petit garçon de huit ans qui vit ce drame et que quelques bénévoles tentent de sortir de ce «désert silencieux » ; sa communication est différente, faite de sourires approbateurs ou de grognements qui expriment un mécontentement, parfois des lallations, des répétitions de syllabes laissant espérer l’accès au langage, puis, à nouveau le mutisme frustrant qui fait son retour et nécessite presque une bataille pour trouver un nouveau centre d’intérêt et ne pas le laisser s’enfermer dans son repli, l’apprivoiser et trouver la passerelle permettant d’accéder à son univers, le faire se retourner à l’écoute de son prénom… ; toute sa famille autour de lui vit dans l’attente de cette seconde naissance et merci à vous d’avoir si bien restitué cette espérance…

   luciole   
21/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

J'ai particulièrement aimé votre texte au rythme juste constitué d'alexandrins brisés, il a une musique intérieure qui sonne agréablement à mes oreilles. Ce qui me plaît également c'est la justesse (encore) des images ( que je comprends) et le fait que sur ce sujet casse-gueule vous ne soyez pas tombé dans le pathos.
Merci.
Juste remarque d'un précédent commentateur pour le "et". Je suis du même avis.

   Sofi   
21/2/2016
 a aimé ce texte 
Bien
L'amour au delà des mots qu'on ne peut sotir. Fort, toucahnt, beau.

   Francis   
21/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des vers émouvants, forts qui conduisent le lecteur de la nuit à une aube nouvelle, du silence au cri, de la solitude à l'amour. L'eau comme un liquide amniotique triomphe du désert. Merci pour ce partage.

   madawaza   
21/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour TROUPI
"Et la peur d'affronter les lumières et les ombres
Vient tomber à mes pieds comme une peau usée"
"Pour la seconde fois,
Je suis né Mais cette fois,
Je crie"
Autisme ?
Pas seulement, ou l'autisme pourrait être une forme d'ignorance...
Magnifique texte.

   troupi   
23/2/2016

   Lulu   
23/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Troupi,

j'ai lu ce poème avec beaucoup d'émotion. S'il n'est pas autobiographique, le "je" importe et donne de la force à ce texte. J'ai aimé cette espèce d'éclosion vers l'autre, puis vers le nom de "Maman".

L'émotion tient au fait que l'on sait tous un peu quelque chose de ces "longs silences" qui jalonnent parfois une vie qu'il s'agisse de la sienne ou de celle d'un proche. Personnellement, si je n'étais pas autiste en mon enfance, j'étais très silencieuse, si timide... que je m'y retrouve un peu.

J'ai juste un peu buté sur :
“Silence” est assassin il envahit l'espace

J'aurais écris ces mots sur deux vers.

Au plaisir de vous relire.

A vous relire.

   Lylah   
23/2/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai été happée dès le départ et j'ai lu une première fois, silencieusement... puis j'ai eu envie de le lire à haute voix tant le rythme de cette petite musique lancinante m'a touchée.

Un grand moment de vraie poésie, tant sur le fond que sur la forme...
C'est très beau.

   Anonyme   
26/2/2016
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Troupi,

suite à tous les commentaires assez consensuels précédents je me fais un peu l’effet d’un cheveu sur la soupe…soit.

Traitant de l’autisme, j’ai lu il y a plusieurs années 'La forteresse vide' de Bruno Bettelheim, où l’auteur décrit le comportement de trois petits autistes.
Quoi que l’on pense, ou que l’on ait pensé de l’œuvre de Bettelheim, à contrario ce qui me frappe dans votre poème c’est la référence quasi exclusive au silence, alors que dans les descriptions de Bettelheim je n’ai pas retenu le silence, mais un enfermement, au-delà du silence, une impossibilité de relation, même au travers d’autres manières de communiquer, un terrible repli sur soi.

Or il me semble que l’univers intérieur de l’enfant autiste n’est pas spécialement silencieux et que même s’il se tait, il n’est pas silencieux pour son entourage, il exprime, par exemple par des gestes, il exprime ce que l’on comprend pas, c’est ça le drame.

En fait, ce que je reproche à ce poème écrit sur un tel sujet c’est la simplification – il me semble – et son parti pris optimiste (le semblant de guérison de la fin).

C’est plus une intuition qu’autre chose, mais il me semble que l’autisme implique beaucoup plus de violence et de nuances, à la fois pour le malade et pour son entourage.

J’ai eu l’occasion d’accompagner un enfant autiste, accompagné de sa mère, pour un WE à Eurodysney, il y a assez longtemps de cela, et la tragédie de cette maladie, autant pour l’enfant que pour ses proches, m’avait parue tellement désespérante, violente et triste, que votre traitement du sujet me paraît un peu palote, et ne pas rendre compte assez de cette violence, et de ce désespoir.

Si vous aviez pris pour sujet un enfant muet qui retrouve l’usage de la parole, je pense que cela aurait plus été à portée, car un muet peut maudire le silence, je suppose, mais un autiste on n'en sait rien, si ce silence est son refuge...
Mais de toute façon il est très difficile de parler justement de ce que l'on a pas vécu. Je respecte toutefois votre initiative motivée par la lecture d'un roman.

Cordialement.


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