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Poésie libre
troupi : Mai en tristesse
 Publié le 22/10/13  -  13 commentaires  -  1601 caractères  -  221 lectures    Autres textes du même auteur

C'est tout ce que j'ai pu écrire après ton départ qui nous laisse amputés.


Mai en tristesse



Aujourd’hui il faut bien effacer ces dix chiffres…
Ton téléphone hélas devenu inutile.
Il ne disparaît pas mais entre dans l’histoire,
Celle de nos souvenirs qui n’ont plus d’avenir…
Nos tiroirs de mémoire qui auraient dû s’emplir
Avec toi près de nous vont faire machine arrière.
Comme de vases fissurés dont les gouttes s’écoulent les images fuiront…
Leurs couleurs vont changer…
D’abord un peu pastel et puis, plus tard, sépia.
Et le temps qui nous use aussi nous guérira, à coups de touches infimes.
Un jour on s’aperçoit que la blessure ouverte s’est refermée sans heurt.
La couture des jours a rapproché les bords.
Du feu qui nous rongeait ne restent que des braises.
Seul un vent de mémoire peut encore les rougir,
Mais la douleur n’est plus qu’une vague cicatrice
Qui nous rappelle qu’un jour un enfer brûlait là.
On ne peut pas savoir où ton âme est partie
Mais une chose est sûre, il restera longtemps au plus profond de nous des petits bouts de toi.
Un renard, un printemps, un lever de soleil,
Ne pourront plus jamais traverser notre vie
Sans que ce soit pour nous un clin d’œil malicieux qui nous vienne de toi, de là-bas où tu es.
Nos futurs mois de mai porteront la brûlure qu’il nous aura léguée en éteignant tes yeux.
Mais je sais ton courage, ta générosité,
Ce sont eux j’en suis sûr qui t’ont permis d’aller
Vers cet étrange ailleurs sans trop nous dévaster.
Et j’ai envie de croire que si tu es partie c’est pour rendre plus belle la mémoire des étoiles…


 
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   Robot   
7/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Que dire, il y a tant de belles pensées. Je ne saurais choisir au sein de cette tristesse intime remplie de pudeur. Ici la mémoire éteint peu à peu le feu de la douleur en conservant ce qu'il reste de meilleur dans le souvenir.

   Anonyme   
22/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis ému par ce texte. Il est empreint de retenue et de pudeur pour exprimer la peine et le vide laissés par la disparition d'un être aimé.
Des images superbes qui se succèdent pour dire ce cheminement de la douleur " Du feu qui nous rongeait ne restent que des braises. "
" Un jour on s’aperçoit que la blessure ouverte s’est refermée sans heurt ".
J'aime beaucoup cette analyse de l'action du temps : " Mais la douleur n’est plus qu’une vague cicatrice
Qui nous rappelle qu’un jour un enfer brûlait là."

Et bien d'autres tout au long de ce poème.

Seul vers qui m'a un peu gêné dans ce bel hommage : " Ton téléphone hélas devenu inutile."

   leni   
22/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Troupi
La peine exprimée avec une belle sobriété Et le temps qui va l'atténuer Le styleest choisi il est imagé..ET le temps qui nous use...
La couture des jours:"Superbe" Un vent de mémoire....un renard un printemps un lever de soleil ET j'ai envie de croire....OUI un bel écrit
d'une grande simplicité Et surtout...un peu d'apaisement Bravo Ami Troupi Leni

   Anonyme   
22/10/2013
Bonjour Troupi,

S'il faut juger ce que votre émotion ou votre peine vous font dire, alors je n'ai rien à commenter.
Je les entend, même si vos mots traduisent une tristesse qui pourrait être commune à bien des gens. Vous nous prévenez du contexte et donc pardonnez-moi d'avance si mes réflexions sont très loin de vos préoccupations.

Ce qui me gêne d'emblée, c'est que je ne connais pas le lien entre le narrateur et la disparue. Pour moi c'est important, parce que toutes les morts ne sont pas identiques. On ne pense pas à la même chose quand on perd sa mère qui a cent ans ou quand on perd sa fille de 18 ans dans un accident de la circulation. Dans le doute, j'opte pour un parent (mère ou grand-mère) ou une amie, plutôt que pour un enfant, à cause de certains mots ou formules. Mais j'avoue que les deux premiers vers me laissent un peu désemparés :

" Aujourd’hui il faut bien effacer ces dix chiffres…
Ton téléphone hélas devenu inutile."

En parlant de qui suis-je capable de dire ça après sa mort ? Certainement pas d'un membre de ma famille, et je ne parle même pas de ma mère... Pour moi, ça ne pourrait être qu'un numéro utilitaire, celui de mon plombier, d'une relation d'affaire ou de bringue. Mais bon, ces choses-là sont tellement personnelles... et puis, le contexte est peut-être particulier... Mais, disons que même si ce numéro était le principal lien avec le parent ou l'ami décédé, je ne vois pas l'intérêt de vouloir le détruire, vis à vis du lecteur. Ça me crée un malaise plus qu'autre chose.

Pour le reste, ce texte me semble trop commun pour me toucher vraiment sans connaître la personne. Il y a une sorte de dépersonnalisation qui me gêne. Je n'ai rien à mettre en face, et les mots choisis, à eux-seuls, ne m'inspirent pas autre chose qu'une douleur universelle. Pour moi, ce texte s'adresse à un auditoire, pas à un lecteur isolé qui vient chercher de la poésie.

Quelques réflexions sur la forme :

" Comme de vases fissurés dont les gouttes s’écoulent les images fuiront…" dévoile un peu scolairement la comparaison, et donc réduit sa force. Il me semble suffisant de dire :

" De vases fissurés les images fuiront…"

qui transforme la comparaison en métaphore (par la suppression du terme de comparaison "comme"), figure de style plus poétique lorsqu'elle est possible, comme ici. Je regrette d'ailleurs que les métaphores partent un peu dans tous les sens :

" Nos tiroirs de mémoire qui auraient dû s’emplir
Avec toi près de nous vont faire machine arrière.
Comme de vases fissurés dont les gouttes s’écoulent les images fuiront…"

Des tiroirs qui font machine arrière...? Puis qui se transforment en vases...
Il faut choisir une métaphore et la filer... sinon, l'idée s'émiette et il n'en reste plus rien.

Désolé, troupi, d'être un peu sévère sur un texte qui est peut-être important pour vous.

Cordialement
Ludi

   senglar   
22/10/2013
Bonjour Troupi,


Oui, c'est curieux ! Une douleur, mais pas trop ! Et pourtant il y a le mot "enfer" quelque part. Une douleur dont on sait qu'on lui survivra, "pastel" qui deviendra "sépia" avec le temps. On devine que l'auteur a déjà vécu, qu'il doit avoir un bon tas de douleurs derrière lui ; et qu'il s'est forgé une philosophie.

J'avais d'abord pensé à l'épouse, mais le numéro de téléphone vient dire le contraire ; et puis on fait bloc contre la douleur, l'auteur (ou son héros) semble ne pas être seul. Alors qui est cette personne, suffisamment distante et cependant intégrée. Plus qu'une petite amie, sans doute une concubine que son travail éloigne, mais qui semble à la fois une amante, et peut-être mère de substitution pour des adolescents.
Ou encore une mère qui s'en est allée, dignement, en mai ? Décidément le message est brouillé car on trouve à chaque fois des contre-indications.

Ces vers longs ci et là donnent à mon avis un aspect trop mastoc au poème déjà massif, un aspect disharmonieux. Il doit être possible de remédier à cela. En l'état je n'évalue pas.

Bien à vous Troupi :)

Senglar-Brabant

   Anonyme   
22/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour troupi... Un cri de douleur, un être cher, une maman (?) qui s'en va pour toujours et ce poème qui lui rend hommage...
Un poème avec quelques lourdeurs, c'est indéniable, mais pour moi un texte écrit avec le coeur efface les imperfections... comme ces vers parfois trop longs... Restent les futurs mois de Mai qui viendront raviver cette blessure mais le temps qui passe, peu à peu, la rendra moins vive... Pas toujours facile d'évoquer ce sujet mais ici la pudeur l'emporte sur le tragique !

   Anonyme   
22/10/2013
Ce texte est touchant sensible, émouvant, mais il peine à prendre sa place dans un corpus poétique, exception faite de quelques passages comme

« il restera longtemps au plus profond de nous des petits bouts de toi.
Un renard, un printemps, un lever de soleil, » 

Une oraison, un discours funèbre au bord d'une tombe peut-être, , une consolation, mais un poème, difficilement. Ce disant je ne formule aucune critique sur le texte en lui même qui indéniablement fait naître une émotion chez le lecteur et c'est là une vraie réussite. Peut-être alors manque-t-il une rubrique dans les catégories proposées par Oniris, celle de l'oraison. Faudra y penser !

En fait, vois-tu, Troupie, ton texte suscite une vraie réflexion qui pourrait succinctement s 'énoncer ainsi : Qu'est-ce qui caractérise un poème et le distingue d'un autre genre ? Certes pas l'émotion, car ce texte en regorge et on le lecteur que je suis la partage volontiers. Alors quoi d'autre, la forme peut-être , on rencontre ici comme ailleurs nombre de textes versifiées qui n'ont pas cette ambition. L'usage de métaphores ? Il est vrai qu'un poème sans métaphore a du mal à le demeurer, mais on voit chez Prévert pas mal de texte sans métaphore qui offrent une vrai texture poétique. A l'inverse, un usage immodéré de la métaphore n'est pas un gage de réussite.Alors quoi ? A vrai dire, je suis bien en peine de répondre, si ce n'est qu'en donnant des indices personnels :
- un certain rapport entre le dit et le non dit, en faveur du non-dit...
- un léger d calage entre le signifiant et le signifié, tant au plan des expressions qu'à celui de l'ensemble. C'est dans ce décalage que se loge le sentiment de liberté du lecteur.
-une distorsion symbolique du langage, qui fait qu'un mot par son contexte et les associations dont il est l'objet dit plus qu'il ne dit habituellement et si possible un peu autre chose.

Je vois bien que tout cela demeure imprécis, et je te le livre en vrac mais il s'agit là de deux, trois petites convictions qui appelleraient la discussion si nous étions sur un fil de cette nature. J'espère surtout que ce propos ne te paraîtra pas trop éloigné ni trop ingrat au regard de la thématique que tu nous propose ici.

Un dernier mot : j'ai partagé, quant à moi, ce désarroi devant les dix chiffres du numéro de téléphone d'un ami disparu, un ami très cher, et je n'ai pas pu supprimer ce numéro de mon répertoire bien qu'il soit parti, voici maintenant trois ans. C'est comme si je le faisais à nouveau mourir et puis... un jour, j’appellerai et je te fous mon billet qu'il répondra, ce connard.

   emilia   
23/10/2013
Une sensibilité et une émotion qui ne peuvent être contenues, malgré le temps qui passe, d'où la longueur de certains vers, comme un flot de larmes versées pour épancher sa douleur, dans une vaine tentative de la raisonner, mais avec un besoin impérieux de rendre hommage à l'être cher disparu dont l'empreinte profonde ne pourra jamais s'effacer, en formulant le souhait d'une présence toujours bienveillante dans "l'au-delà", pour garder un lien malgré tout...; face à l'inacceptable disparition, un témoignage émouvant du long cheminement du deuil, particulièrement difficile et qui prime encore dans de telles circonstances sur la mise en forme poétique...

   CharlesJosephin   
24/10/2013
c'est un texte simple, assez juste, de ceux qu'on voudrait dire à celui qui s'en va et dont le départ peut entrer dans "l'ordre des choses". Il y a qlq chose de définitif pour tous qui évoque la mort mais certains passages peuvent se murmurer pensif, avec cette douce tristesse qui rappelle les douleurs de ces multiples deuils que la vie nous impose: celles où "la couture des jours a rapproché les bords"; "qu'un enfer brûlait là". Juste aussi dans la pensée que ce qui a été vécu avec amour permet le deuil, la paix et la mémoire...
bien dit et justement dit.

   motscoeur   
26/10/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Troupi,

Ce texte, je le trouve bien... Il dit! ( à froid plus qu'à chaud) Est ce un choix d'avoir traité le sujet avec aussi peu d'images, un peu comme si la poésie, elle aussi , t'avait quitté? Je crois que la situation décrite est encore pleine de ressources...poétiques!

   Anonyme   
28/10/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très beau !! Seule, une triste réalité peut permettre de trouver les mots justes et sincères qui semblent sortir tout droit de votre sensibité et que votre plume a su transmettre sur le papier. Je pense que les personnes qui ont perdu un être cher s'y sont reconnus, Je suis de ceux-là.
Cordialement Youenn

   Pimpette   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est un texte rare! sur un sujet que nous vivons tous un jour ou l'autre...
Mais ici, tout est dit avec retenue, et le texte est d'autant plus bouleversant... comme si, et c'est ce que j'admire, il appartenait plus à la vie qu'à la poésie...quand on souffre, ce ne sont pas de beaux alexandrins que nous écrivons, mais des mots simples que les autres pourront comprendre et partager....

Et puis un jour:
"Un renard, un printemps, un lever de soleil,"....nous parlerons de toi et ce vers là est mon préféré...Il me fait frissonner...

Vraie poésie...

   Anonyme   
9/4/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Vécu cela. Bouleversé à n'en savoir qu'en dire. Sinon ne me modérez pas, cela se peut quand même face à ce texte inestimable.
D'une simple modernité qui rejoint l'essentiel de notre ...


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