Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie en prose
unpietrebabouin : Bribes de Turquie
 Publié le 23/04/10  -  10 commentaires  -  3818 caractères  -  61 lectures    Autres textes du même auteur

Enfant, j'ai vécu en Turquie. Voici quelques paragraphes sur la nostalgie que ce pays m'inspire.


Bribes de Turquie



Je compose des turqueries de toc, faux Byzance du plastique de la nostalgie... rêves et souvenirs, une odeur de montagne, de méditerranée, les Kurdes grondent à l'est, les Arméniens pleurent leurs morts par-delà les montagnes... les Grecs, éternels rivaux, peuple si différent dont le sang bouillonnant se marie si bien avec celui d'Anatolie, observe... Chypre, inquiète, déchirée entre les deux géants qui la regardent gourmande, garde son visage de cadeau marin... Les plages de sable du sud, le soleil de juillet sur la mer Noire, la neige éternelle de l'Est et les plaines de roche partout... carrefour immense... la Turquie est un pays de contradictions.

On allait dans les marchés, l'œil inquiet un peu perdu et un peu ivre dans ce festival de couleurs... partout les tapis, des tapis en nombre, comme les post-it ornent les bureaux, mais ici pas de carrés jaunes : des rectangles tout de rouge, vert, bleu, poilus ou touffus, en long et en large, des couleurs de soleil, le bordel des échoppes, le gros bordel. Le chemin était trop encombré pour prendre son temps; du coup on observait comme ça, à la dérobée. Si trop longtemps, le marchand arrivait avec sa moustache en sourire, il parle vite et je ne comprends rien, je suis un enfant. Un peu inquiet, je cherche ma mère: mais où est-elle ? ah la voilà. Ça sent le pied et sa terre, la sueur et l'encens: c'est bientôt le crépuscule sur le Bosphore. Il va changer de robe, mettre son bleu fumée de nuit, son collier de loupiotes... en rentrant à l'hôtel, je verrai un cahier d'écolier; il prendra place de ma chambre. L'hôtel, ma chambre affadie, toute pâle face à la persistance rétinienne de ce bordel en magie.

Quand venait le printemps, les collines d'Ankara pleuraient de drôles de larmes... on profitait du soleil nouveau, moi sur le balcon, face au relief tacheté de maisons; et puis soudain cet étrange miracle: la terre pleurait des larmes de sang... c'est les moutons qu'on égorge, m'explique ma mère. Alors régulièrement, dans les cases de l'autre côté de la route, le rouge coulait. Plus tard, à l'école, on m'apprit que les hirondelles annonçaient le printemps, mais je savais que la saison se parait d'une poésie bien plus haute : elle laissait les collines exprimer leur foi de sanglots. Ankara chiale ! Qui ne l'a jamais vue ne peut comprendre mon détachement face aux parures des autres villes. Ankara chiale : cette dame d'habitude vêtue de gris se laissait parfois aller à pure poésie.


Ma tête est un fleuve bleu Bosphore... irrigué par mon ventre de méditerranée, humeurs et courbes internes de pêcheurs, soleils et sable, les plages d'Antalya.... ma gorge ensuite, la mer Égée, bordée de junk-food et fumée de cigarette, elle sépare les deux pépites du cœur de l'Europe et de la presqu'Asie... mon crâne enfin, mer noire, remous et bancs de lumps, leurs œufs comme de la nacre, grands bateaux industriels... on y vient d'Odessa, Constanta, Bourgas, Sebastopol, Rostov ou Yalta; mon nez Marmara est comme l'espace entre deux baisers, Istanbul, Istanbul trône. J'ai les yeux pers: Istanbul trône, bleu Europe et vert Asie, Byzance ou Constantinople comme avant Azameddine on m'appelait Joseph ou on m'appelait Louis... Les rues turques, bazars de mon enfance, les maisons de fées sur le visage de la Cappadoce, ce diamant acnéique, les boutons sont des pépites d'argile... chaque pas est une promesse tenue. Les paysages de lunes, le ciel d'un bleu étonnamment proche, dans les rues d'Ankara se pressent les Aydin, Bedri, Azulan, Cahit, Cem, Dogan, Elif, Nair, Kaam, Kemal, Açelyi... La Mosquée Bleue et Sainte-Sophie dominent sa grande cousine, la belle à cheval; chantent les muezzin, chauffent les simits, tapis perses et ottomans, poussières, la poussière partout. Dans les rues, j'étais enfant...


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   David   
21/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Ça va beaucoup vers le carnet de voyage ou de souvenirs, ça n'exclu pas la poésie bien sûr, mais pour une "prose poétique" ce n'est pas ce que je préfère.

J'aime bien l'équilibre ou le lien entre "la Turquie est un pays de contradictions." et "J'ai les yeux pers: Istanbul trône, bleu Europe et vert Asie, Byzance ou Constantinople" mais j'aurais bien aimé trouvé un oeil "bleu" et un oeil "vert" successivement à l'oeuvre dans le texte, sans trop savoir comment les définir mais les inventer pour la montrer justement, cette contradiction.

Je ne sais pas s'il y a "l'enfant et le vieillard" dans ce texte, je n'ai pas sentis une nostalgie courante du "c'était mieux avant", la beauté, l'étrangeté, ont toujours l'air d'être là. Mais il y a un drôle de placement autour de ces deux groupes de mots : "... je suis un enfant." au milieu du second paragraphe et "j'étais enfant... " à la fin. Ça aurait pu servir de repères. Ça manque un peu, le récit se pose en trois endroits : Ankara au centre, Antalya au sud et Istanbul à l'ouest de la Turquie, mais ce n'est pas un trajet, les enchainements, les transitions, sont absents.

C'est dû aussi aux drôles de temps parfois je crois, mais ce n'est pas sans dimension poétique, par contre c'est un dosage délicat, j'ai adoré l'emploi du futur ici :

"en rentrant à l'hôtel, je verrais un cahier d'écolier; il prendra place de ma chambre."

C'est au milieu des souvenirs et ça leur donne une certaine couleur, mais le jeu présent/imparfait m'a un peu semé par endroit : entre les souvenirs et les pensées du moment.

Le dernier paragraphe a un narrateur moins présent que les autres, et ce passage ferait une jolie prose à mon goût ; avec les précédents, ça va plus vers le "récit poétique", une histoire avec de la poésie dedans, mais qui n'est pas "que" de la poésie.

En l'état, je le trouve un peu difficile à suivre et entre deux eaux.

   LeopoldPartisan   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Un bien beau texte sur ces confins d'Europe et d'Asie.
Le premier paragraphe synthétise ma fois fort bien ce peuple fier qui est souvent condamné à assumer ses contradictions.

Je regrette un peu quand même que l'auteur n'ai pas plus laissé l'enfant s'exprimer autrement que comme un guide touristique. J'aurai eu envie qu'il me raconte la vraie vie parmi ces sublîmes monuments de Byzance, Constantinople, Istanbull, Ankara et tant d'autres villes . Ainsi que celle qui gravite autour des marchés couverts, les marchés aux épices des route de la soie.

Une autre fois j'espère.

   Anonyme   
23/3/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"On allait dans les marchés, l'œil inquiet un peu perdu et un peu ivre dans ce festival de couleurs... partout les tapis, des tapis en nombre, comme les post-its ornent les bureaux, mais içi pas de carrés jaunes: des rectangles tout de rouge, vert, bleu, poilus ou touffus, en long et en large, des couleurs de soleil, le bordel des échoppes, le gros bordel."

"Ma tête est un fleuve bleu Bosphore... irrigué par mon ventre de méditerranée, humeurs et courbes internes de pêcheurs, soleils et sable, les plages d'Antalya...."

"Les paysages de lunes, le ciel d'un bleu étonnamment proche, dans les rues d'Ankara se pressent les Aydin, Bedri, Azulan, Cahit, Cem, Dogan, Elif, Nair, Kaam, Kemal, Açelyi... "

C'est jouissif, ça sent le sud, je vois le bleu et à l'angle d'une rue la perle d'Antalya, un chat blanc aux yeux pers et il porte bonheur.

Bravo, c'est très beau, infiniment poétique, ça donne envie de soleil et de sable, ça donne envie de l'histoire.

"chauffent les simits, tapis perses et ottomans, poussières, la poussière partout. Dans les rues, j'étais enfant..."

Comme ça sent bon l'enfance, aussi.

Merci, j'avais dit bravo, j'avais pas dit merci.

   ristretto   
24/3/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
une évocation qui hypnotise comme la flûte du charmeur de serpent.
une très bonne première impression à la lecture de ce texte

j'aime beaucoup la première phrase « Je compose des turqueries de toc, faux Byzance du plastique de la nostalgie... rêves et souvenirs » qui image bien le fait que nos souvenirs d'enfants ne sont ni vrais ni faux – juste un mélange de notre mémoire et de notre imagination.......

« si trop longtemps » formulation à revoir
« Ça sent le pied et sa terre, la sueur et l'encens » je comprends très bien le désir de nous « rendre » l'atmosphère olfactive du lieu. c'est une composante essentielle et souvent un souvenir prégnant , toutefois le « ça sent le pied » n'est pas très « joli » et pourrait être formulé autrement, mais surtout ne pas l'effacer


« J'ai les yeux pers: Istanbul trône, bleu Europe et vert Asie, » j'aime beaucoup,
une belle façon de dire la dualité d'une appartenance, une vision plurielle, belle par sa différence.

l'ensemble peu paraître un peu « brouillon » mais pour moi, ce téléscopage d'idées, de vues, ce tourbilllon de mots de noms transmet bien l'émotion du présent confronté aux souvenirs
et aussi colle bien à l'idée que l'on se fait – de loin et sans connaître du tout Istanbul,sans doute une image-bateau :-) - de ce fourmillement de souk .

quelques « fignolages » pourrait améliorer le texte
un déroulé un peu plus « chronologique » matin – soir ou début de ce « voyage » et fin ... permettrait de mieux appréhender l'ensemble et surtout d'aller sans heurt vers le final
mais il est déjà porteur de belles émotions ! merci !

   Anonyme   
27/3/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Pas compris le début "décalé", "ironique" et la suite "romantico-grandiloquente".
J'ai trouvé que cela "tranchait" de façon étrange.

Sinon la dernière strophe résonne un peu comme une énumération pour guides touristiques à mon avis.

Des répétitions et des emplois peu convaincants, à mon goût s'entend.

Quant à la "catégorie", je ne suis pas persuadé.
Plutôt une impression, une description.

Bonne continuation

   Leo   
4/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Joli texte, où je retrouve des images vues il y a longtemps, mais où surtout je retrouve aussi des impressions, des sentiments, des ressentis éprouvés dans les marchés.

Le début est posé, ressemble peut-être un peu trop à un carnet de voyages. Le dernier paragraphe est superbe, et emporte l'adhésion comme un feu d'artifice. J'y retrouve l'impression de foisonnement, de vie inextinguible qui s'échappe des maisons et se répand dans les rues, quand on descend à pied de Taksim vers la Corne d'Or en passant par Galatasaray.

Difficile de catégoriser un tel texte. La première partie n'est pas à proprement parler de la poésie en prose. Le dernier paragraphe, incontestablement, oui. Et ce dernier paragraphe – qui ne saurait cependant exister seul – vaut le détour à lui tout seul, pour qui sait le lire et le "sentir"

   Pluriels1   
24/4/2010
Un joili texte où je n'ai rien à redire sur sa valeur propre ...mais à publier dans la rubrique "Reportages" (genre "Géo") et que je trouve - c'est mon choix - ...sans poésie.

Désolé ! ...pour cette fois car le potentiel est là mais tu n'as pas su l'exprimer fort.

Au prochain.

   Flupke   
24/4/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Mon point de vue est très subjectif vu que j'adore le pays.
Je trouve les descriptions réussies, pas trop censurées, mais qu'importe vu que le style me semble correct : je me suis laissé bercé par une plume raisonnablement débridée.

Bienvenu sur Oniris et bonne continuation.
Amicalement,
Flupke

   Anonyme   
24/4/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Je regrette un peu le coté "National Geographic Tour" voire "Géo" de certains passages.

Des pertes de temps en descriptions un peu journalistiques de ce pays magnifique.

J'ai à peu près aimé la seconde strophe qui évoque "le bordel".
enfin moi c'est ce que j'ai ressenti là bas. Mais un bordel surprenant, un bordel vraiment enchanteur. Le chant des muezzins, la population dans les rues, les achalandages improvisés, et tout et tout...
Tout cela à l'air finalement assez secondaire dans ce texte.
C'est dommage. J'aurais autant aimé une description de la vie de la rue, plutôt qu'un brassage généraliste de la Turquie.

On ne sent pas vraiment le regard sincère de l'enfance vécue là bas, mais plutôt un regard tardif, avec peut-être documents à l'appui pour étayer un descriptif (encore une fois généraliste), d'un pays où le narrateur (ou auteur) n'est peut-être jamais retourné.

Donc je suis très mitigé après cette lecture.

   silene   
20/7/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Beaucoup de belles choses, un kaléidoscope d'images tournoyantes et de senteurs ; mais pour moi, c'est de la prose, parsemées d'éclats rutilants, certes, mais de la prose...


Oniris Copyright © 2007-2023