Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie en prose
unpietrebabouin : Minuit
 Publié le 11/08/11  -  9 commentaires  -  3429 caractères  -  134 lectures    Autres textes du même auteur

Poème en prose et en vers.


Minuit



Je marche dans une rue où la nuit penche
Où des femmes flânent le corps chargé d'étreintes
Leurs robes accrochent un bout de ciel, à la manière d'un soupir
Il est des troubles comme on passe une main dans ses cheveux

Mon corps est mille chambres dans une belle maison
Je regarde, c'est beau en moi.

La vie sur un banc bat de ses paupières. Je m'approche, elle propose une cigarette, me demande pourquoi je loge dans cette chambre étroite, n'écoute pas ma réponse, rigole, je la regarde qui fait respirer mon cœur, en faire le portrait sur la peau d'un arbre. Longue forêt amoureuse, une branche est une saveur.

Le sentiment fait son baluchon, il chausse une rose à sa botte de voyage. Il flâne. Je l’entends qui se promène en moi, visiter mon corps, ma nuit.
Tes lèvres, un dédale.

La nuit tient dans un battement de tes cils
Je ne ferme jamais les yeux
Le ciel de ta bouche

Mon corps dans tes cheveux
Le reste partagé à la grâce

Si j'invente des balcons, c'est pour y lancer des fleurs.
J'espère que des jeunes filles y danseront un de ces soirs où il sera permis de disposer librement de sa chair. J'aime visiter celle des autres, ce sont de belles maisons. L'on m'accueille, je prends mes aises, demande à boire.

J'ai ployé le réel à mon exigence amoureuse. Ton corps est une belle maison que je désire. Je loge dans ces demeures de miracle. Dieu est rarement dans ma bouche. Je m'appuie contre lui, il tremble, c'est un monde à la renverse. Je dessine des drames à la fumée d'un cigare. Le corps près de moi ne dit rien, il dort. C'est un champ labouré de fleuves aux sanguinités hasardeuses. Les haleurs sur les rives guident le sang jusqu'au cœur. Mon cœur, dans le ciel, est cette étoile participant au tracé imaginaire d'une constellation offerte à une divinité plus large.
Je mâche les idoles la nuit durant.

C'est une idée, juste une idée.

La galanterie du monde est un geste inépuisable. Je me tiens à son soupir suspendu, dans le creux de ses rimes, pour venir froisser la pluie contre mon corps de garçon.

J'ai des rires plein les poches
Le visage taillé de nuit
Personne n'articule la tension du monde

Un rocher se baigne dans l'eau
Le soleil écrase midi.

On ne dit rien, on flâne
Le cœur pétri de songes

Tu me rends réel, égal, enfant.
Je suis plein, en tous mes creux. La pensée comblée par le roulis d'une vague.
Il n'y a pas plus beau présent qu'un nouveau langage.
J'offre de nouvelles perceptions à mon corps : c'est un lent travail.
Une main, la nuit, sur le drap des promesses
Je ne sais pas, je t'aime.
Les oiseaux bordent le monde

Le monde qui attend sur le balcon de ta bouche
En une galanterie suspendue.


**

J'ai le vocabulaire trop étroit pour exprimer ce que je voudrais dire.
Je ne veux rien signifier, seulement déployer un sentiment, un paysage.
Quelque chose d'assez large pour que je puisse y étendre mes quatre membres.
M'y allonger, flâner. Ne rien dire, goûter l'ennui.
Sur un lac de peau. Le temps qui passe.
Ma maisonnée, tes yeux au foyer équivoque. Vert, bleu
Le printemps est entré dans le monde.
Je m'y cogne les lèvres.



 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
15/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Un travail intéressant, je crois, une volonté de dire qui n'évite pas toujours l'écueil du cliché, mais quelque chose à fleur de peau pas loin de toucher pile ; voilà ce que je ressens face à ce poème, j'ai l'impression de potentialités pas entièrement réalisées, qui pèchent parfois par excès de candeur. Oui, cela manque de roublardise quelque part, d'une capacité à embobiner le chaland. Parce que, vu le sujet archi-rebattu, je me dis que la sincérité à poil ne suffit pas.

"disposer librement de sa chair. J'aime visiter celle des autres, ce sont de belles maisons." : joli !
"La pensée comblée par le roulis d'une vague." : idem
"Les oiseaux bordent le monde" : pareil
"J'ai des rires plein les poches" : convenu, pour moi
"le soleil écrase midi" : ça aussi
"le cœur pétri de songes" : et de trois

   Leo   
23/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne saurai dire si ce poème parle de l'amour ou de la solitude, de l'égoïsme ou du don de soi. Les thèmes s'y trouvent étroitement mêlés. Mais peu importe : il respire une certaine joie de vivre, il décrit des instants de grâce, et ça fait mouche.

"Si j'invente des balcons, c'est pour y lancer des fleurs" : tout poète se retrouve dans cette formule.

   Lunar-K   
28/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce poème, sa douceur, sa langueur... La dialectique amoureuse qui s'y déploie au travers de la métaphore centrale de la "maison-corps" est fort intéressante : pénétrer et être pénétré, ouvrir et s'ouvrir. Ouverture qui s'applique également en dehors du champ amoureux, dans la contemplation poétique : "La pensée comblée par le roulis d'une vague" et dans l'acte poétique : "Si j'invente des balcons, c'est pour y lancer des fleurs"... Une comparaison amour/poésie qui n'est pas nouvelle mais qui est ici fort joliment mise en scène.

De très belles images et une écriture maîtrisée, notamment dans les répétitions qui tombent souvent justes : "Les oiseaux bordent le monde / . / Le monde qui attend sur le balcon de ta bouche". J'en ai cependant noté une qui me dérange davantage : "J'aime visiter celle des autres, ce sont de belles maisons. " et, un peu plus loin : "Ton corps est une belle maison que je désire.". Mais c'est la seule à m'avoir ainsi posé problème.

Un autre léger souci se posé au tout début du texte avec : "Il est des troubles comme on passe une main dans ses cheveux". A qui renvoie ce "ses" ? A cet endroit, on attendrait plutôt "leurs" puisque vous parlez alors "des femmes". Faut-il dès lors le raccrocher à "La vie" du paragraphe suivant ? Ce n'est pas très clair...

Mais, sinon, c'est un très bon texte, plein de bonnes idées et d'images magnifiques. Un texte qui flâne un peu et qui passe d'une idée à une autre assez rapidement mais toujours en conservant une cohérence de fond. J'aime beaucoup !

   Anonyme   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Pas
je n'aime pas la répétition en 3 fois de l'image "belle maison":

"Mon corps est mille chambres dans une belle maison"
"J'aime visiter celle des autres, ce sont de belles maisons."
"Ton corps est une belle maison que je désire"
suivi de ses synonymes: "demeure", "foyer" "Ma maisonnée"

ce poème est bourré de répétition!: "corps", "cheveux", "coeur", "je" etc, etc, à force je n'entends que ça.

"Il est des troubles comme on passe une main dans ses cheveux".
ce n'est pas dans "leurs cheveux" plutôt?

je ne suis pas touchée par ce poème, il y a tellement de répétition dit de différente manière que je n'arrive pas à trouver les images belles mais plutôt fatigante.

   bulle   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime beaucoup l'atmosphère de ce texte.

Entre sensations et dérives, il s'ouvre sur un "laisser-aller" émotionnel et "curatif".

Le narrateur semble être à la fois acteur et spectateur, en éternelle découverte, de l'autre, de lui-même, de tout ce qui l'entoure.

C'est un flot d'images, qui pour certaines sont très marquantes :
"Le monde qui attend sur le balcon de ta bouche
En une galanterie suspendue."

   Cyrielle   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Première lecture et l’impression immédiate d’un texte qui se scinde en deux parties.

La première partie développe (si j'ai bien compris) le thème des amours de la nuit avec beaucoup de brio et de magnifiques images : « les robes accrochent un bout de ciel », « tes lèvres, un dédale », « la nuit tient dans un battement de cil », etc. L’auteur m’invite à me perdre dans ce qui m’a semblé être le hasard d’un amour nocturne et si je m’y perds avec délectation, c’est parce qu’il maîtrise son sujet (tant dans la forme que dans le fond). J’ai apprécié l’évocation de cette rencontre amoureuse (3ème paragraphe) avec ses moments juxtaposés, comme autant de plans successifs qui déroulent l’instant un peu comme dans un film. L’évocation du partage des corps, dans la suite du poème, est rendue avec une sensualité qui s’exprime tout en finesse…

Tout glisse jusqu’à cette deuxième partie qui commence à « c’est une idée, juste une idée » jusqu’à la fin du poème. Cette deuxième partie me semble en décalage avec ce qui précède. J’ai eu du mal à retrouver le thème initial ce qui m’a donné l’impression que cette deuxième partie vient se greffer sur la première comme un cheveu sur la soupe. Elle est parasitée par des constats très prosaïques : « c’est une idée, juste une idée », « j’ai le vocabulaire trop étroit pour exprimer ce que je voudrais dire […] je m’y cogne les lèvres » qui concernent la réalité de l’auteur et cassent la magie de l’évocation poétique. C’est comme si l’auteur me sortait de force de son texte, (brisant ainsi le charme de l’évocation), pour me mettre en face de son travail de poète. Du coup, cette superposition des deux réalités (d’un côté, l’évocation poétique du texte ; de l’autre, le monde concret de l’auteur) a perturbé ma lecture, m’empêchant d’apprécier pleinement ce poème.

   wancyrs   
11/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pourquoi minuit ? alors que le seul moment où on parle d'activité nocturne c'est juste au début ? peut-être est-ce que le délire qui suit est la ballade spirituelle d'un homme couché auprès d'une prostitué ? Elle est bien riche cette ballade, et j'aime bien cette façon d'introduire des maximes dans un poème sans faire office de donneur de leçon. En fait il est bon de se laisser aller au rêve juste en lisant le texte, et dire à la fin avec l'auteur :

J'ai le vocabulaire trop étroit pour exprimer ce que je voudrais dire.
Je ne veux rien signifier, seulement déployer un sentiment, un paysage.

Merci pour ce moment d'évasion.

Wan

   Anonyme   
26/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est tout simplement de la poésie avec du rêve accroché aux nuages et des formules belles.

C'est musical, languissant, coloré, heureux, le ton est balancé, sans emphase, sans lyrisme, sans guimauve. (Je n'aime pas les textes trop sucrés ou l'esprit bonbon rose).

"Le printemps est entré dans le monde.
Je m'y cogne les lèvres."

Merveilleusement enchanteur.

   Perle-Hingaud   
26/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je viens rarement en poésie, mais en lisant certains auteurs l'émotion vient à bout de mes réticences. C'est magnifique; l'allant, l'enthousiasme, la jeunesse et l'espoir de ce texte, sa musicalité et son rythme.

Une phrase qui marque: "Si j'invente des balcons, c'est pour y lancer des fleurs."

Ce que je regrette, ce sont les passages plus explicatifs, par exemple: "J'ai le vocabulaire trop étroit pour exprimer ce que je voudrais dire.
Je ne veux rien signifier, seulement déployer un sentiment, un paysage."

Au grand plaisir de vous lire.


Oniris Copyright © 2007-2023