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Poésie libre
Vasistas : Les paires
 Publié le 09/09/19  -  7 commentaires  -  625 caractères  -  176 lectures    Autres textes du même auteur

« Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants. »
Jean Cocteau


Les paires



Je suis sans pareil
il me manque tant
amour vermeil
frère de sang

Nous étions d’eux
seul à seul
du vent dans les yeux
une cape en linceul

dévastant les citadelles
de notre héritage
effrayant les sentinelles
de nos chants sauvages

profanant la terre
naïvement brûlée
piétinant les prières
de notre danse avinée

les matins sans espoir
nous hurlions comme des chiens
brisant les miroirs
ne ressemblant à rien

absent à présent
égal à soi-même
au-delà j’entends
les amours sèment


 
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   cherbiacuespe   
18/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tacite est un des rares à avoir écrit sur la Germanie qu'il considérait comme un danger pour Rome. Étant ma seule référence pour apprécier ce poème, j'imagine qu'il s'agit là d'un guerrier barbare qui regrette l'absence de son égal avec lequel il prenait part à des raids sanglants.

Que voilà donc un couple qu'il valait mieux éviter. Si je ne me fourvoie pas, ce texte exprime, et il le fait très bien, la sauvagerie et la nostalgie de se retrouver seul ("je suis sans pareil"). Tristesse donc, et douleur de l'absence de l'autre("il ma manque tant"). Regrets d'exploits passé enfin ("dévastant les citadelles", "profanant la terre", "piétinant les prières").

Poésie à la fois expressive et occulte, un style d'écriture difficile à suivre. J'ai mis du temps à l'interpréter à cause de la citation dont j'ai appris qu'elle était de Tacite. Merci de me permettre ainsi d'avoir lu et appris...

   Purana   
18/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est un beau poème en vers courts, ce que je trouve toujours très agréable.

Les pauses sont parfaitement placées pour inciter le lecteur à reprendre son souffle au début de chaque vers.
Les images sont belles sans être exagérées. En revanche, je ne comprends pas ce que veut dire "Nous étions d’eux" dans le contexte de la deuxième strophe.

J'aurais préféré voir tous les verbes au présent, le temps de la langue de l'amour selon moi. Par ailleurs, l'emploi fréquent du participe présent dans les poèmes libres me gêne un petit peu. Mais, ce n'est que mon avis personnel.
Après tout, à l'exception des Haïkus, le participe présent n'est pas tabou.

Merci pour cette contribution !

   rosebud   
9/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce poème évoque évidemment le formidable poème de Totor: "Les Tuileries" et je serais bien surpris que Vasistas ne le connaisse pas. Il y a trop de similitude pour que ce soit un heureux hasard:

Nous sommes deux drôles,
Aux larges épaules,
De joyeux bandits,
Sachant rire et battre,
Mangeant comme quatre,
Buvant comme dix.
[…]
Nous avons l’ivresse,
L’amour, la jeunesse,
L’éclair dans les yeux,
Des poings effroyables ;
Nous sommes des diables,
Nous sommes des dieux !

Mais je ne blâme pas Vasistas. Et d'abord l'histoire de cette paire n'est pas celle des deux drôles d'Hugo. Ici, il n'en reste qu'un et il semble inconsolable.

   senglar   
9/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Vasistas,


1) Tout à fait d'accord avec Jeannot. Et qu'ils sont beaux ces tombeaux palpitants ! Mais une fois de plus il y aura disparité, inégalité, discrimination. Imaginez la tête de ceux qui auront pour tombeau un coeur de pierre. Cela vaut le coup de se faire de vrais amis et une vraie famille pour ceux qui n'y ont pas pensé, d'être enfin altruiste.

2) Il y a du Dracul là-dedans.

"amour vermeil
frère de sang/
nous étions d'eux/
une cape de linceul/
piétinant les prières/
les matins sans espoir/
brisant les miroirs/
au-delà j'entends"

C'était un grand amoureux Dracula.
Et il a besoin du sang des amants pour survivre, semer lui-même ses petits.
Ô légions sanguinaires comme vous êtes incomprises !
J'aime les profanateurs... Dracula et Carmilla qui ne pouvaient pas mourir où Thanatos se prend au jeu d'Eros.
Semailles...


Senglar

   Davide   
9/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Vasistas,

Il y a la douleur d'un deuil qui étreint ces quelques vers un peu boiteux et pleins d'une sincérité désarmante.
Peut-être deux amis (frères jumeaux ?), la vingtaine, noceurs, insoumis, "dévastant les citadelles de [leur] héritage" familial et social...

L'intimité de ces deux êtres livrés à eux-mêmes trouve une belle expression dans certaines images : "sans pareil", "amour vermeil", "frère de sang" (de sans ?) ou encore "les matins sans espoir / nous hurlions comme des chiens".

Une violence contenue transpire dans ces mots, celle d'un deuil "injuste" auquel se mêle celle d'une vie difficile, sans doute. Le langage, pourtant, ne manque pas de pudeur et de retenue.

La dernière strophe, comme un écho à la première, scelle l'indéfectibilité de ce lien. J'ai, par ailleurs, bien aimé ce "absent à présent". Le jeu de mots "sèment"/"s'aiment" (amour) en dernier vers résonne comme une lueur d'espoir, mais le constat peut être vécu bien amèrement par le narrateur, encore endeuillé.

Je me suis demandé le pourquoi du titre, froid, généralisant, aux antipodes de l'émotion à transmettre. Dommage !

J'ai également grimacé sur le jeu de mots "Nous étions d’eux", dont je ne comprends pas la portée poétique.

La forme est anarchique, à l'image du narrateur (?), mais le poème réussit à m'émouvoir. La palette des émotions (amour, joie, colère, désespoir...), prégnante, au vif du cœur, le nuance d'une sincérité déconcertante. C'est vraiment beau !

Merci du partage,

Davide

   Pouet   
10/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

j'ai trouvé beaucoup de "style" à ce texte. Une vraie ambiance, quelque chose de percutant, de fort.

C'est assez "tranchant" dans la découpe et l'expression, ce qui semble bien coller au thème.

Fraternité dans la dévastation et la désolation, partage dans le saccage.

"les matins sans espoir
nous hurlions comme des chiens"

Voici deux vers particulièrement évocateurs, simples mais donnant presque la chair de poule.

Au final j'ai beaucoup aimé.

   hersen   
11/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quand l'un manque, c'est pour la vie.
Je vois ici la perte d'un jumeau, et le retracement de leurs jeux : enfantins, puis adolescents, mais avec un double sens, une révolte toujours partagée.

Un "égal à soi-même" qui fait mal à lire, qui fait mal de solitude.

Moi qui ne suis pas fan des rimes en libre, ici, elles coulent formidablement bien et concourent à une musique qui ne quitte plus le lecteur.

Un poème que j'aime parce qu'à la fois il n'y a pas de fioriture , mais en même temps une belle recherche.

merci de la lecture !

Ps : par contre, je trouve le titre moyen. ce n'est pas très beau. D'un autre côté, il met sur la voie


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