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Poésie contemporaine
Vincendix : Je suis le chiendent
 Publié le 11/02/22  -  9 commentaires  -  824 caractères  -  163 lectures    Autres textes du même auteur

Quand le chiendent s’installe dans un massif, il est difficile de le déloger.


Je suis le chiendent



Vous pouvez vous brosser je suis impérissable,
Je m’infiltre sournois sous vos plus beaux massifs,
Je suce le meilleur, la sève délectable,
Privant vos belles fleurs de nutriments actifs.

Je sais, vous maudissez ma rampante racine,
Ça m’amuse toujours de vous voir en courroux,
Jamais vous ne m’aurez et si ça vous chagrine,
Vous pouvez m’implorer vous mettant à genoux.

Je résiste au soleil, au grand froid, à la pluie,
Aucun insecte n’ose en faire son dîner,
Je suis immunisé contre la maladie,
Même sorti du sol je peux me drageonner.

Quand revient le printemps je prends de l’importance,
Et avec mon ami le généreux pourpier,
Nous épuisons la terre en tirant sa substance,
Pour le plus grand malheur du pauvre jardinier !


 
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   Anonyme   
28/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Le plus souvent, quand je lis un poème célébrant une herbe dite mauvaise, celle-ci a le beau rôle : libre, vainquant vaillamment les embûches du jardinier, faisant la nique aux plantes trop sages. Le ton est bien différent ici, le chiendent est un vrai nuisible, épuisant le sol, ne laissant rien aux autres. Un accapareur.

Je n'ai pas d'avis particulier sur le propos du poème (je me fiche du chiendent et des dégâts qu'il peut occasionner), sa divergence avec la convention habituelle m'a amusée ; pour employer une expression triviale, « on sent le vécu ». Le chiendent est dépeint en insupportable chenapan, pas franchement sympathique, assassin arrogant des « belles fleurs » dans les « beaux » massifs (dommage, cette répétition de l'adjectif à deux vers d'intervalle). En tout cas j'ai trouvé la manière alerte et plaisante, mais je me dis qu'un peu plus de travail sur les vers n'aurait sans doute pas nui (la répétition belles/beaux dont je parle plus haut, un recours fréquent, que je ressens solution de facilité, au « je », m'évoquent une expression pas très réfléchie). Je crois que vous avez oublié un mot au dernier vers.

   Gemini   
2/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Texte intéressant au titre qu'il éveille la curiosité.
Pas jardinier pour un sou, une courte recherche m'a appris qu'au-delà de la mauvaise image donnée ici, le chiendent (une graminée adventice) possède des vertus médicinales et qu’il résiste au glyphosate (preuve de l’inutilité de ce désherbant).
Entre autres.

La personnification de la mauvaise herbe et le ton arrogant (et familier) employé, donnent l’image d’un bad boy sûr de ses capacités de nuisance.
Le lecteur est pris à partie par l’effronté qui étale ses prouesses tout en se moquant des efforts entrepris pour le déloger.

Peut-être un écart de niveau de langue entre "vous pouvez vous brosser" "Ça m'amuse" et "de vous voir en courroux", mais le propos-portrait coule bien, se lit sans heurt, sans trop de surprises non plus, mais, je le répète, permet aux ignares-curieux comme moi de découvrir une plante méconnue, car trop souvent cantonnée à l’image de la difficulté.

Bonne lecture.

   Miguel   
2/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Pour le plus grand malheur du pauvre jardinier". Cette jubilation de nuire ne manque pas d'élégance et rend le chiendent presque sympathique. Toutefois l'ironique "vous pouvez vous brosser" nous rappelle qu'on lui a trouvé une utilité. Les vers sont vivaces, comme la plante, pleins de vigueur, et cette espèce de sadisme se lit avec délectation.

   papipoete   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
néo-classique
Vous versifiez sur un thème que j'approchai, parlant d'un ami du chiendent, le Convolvulus alias liseron !
Celui-là n'a pas bonne presse de quiconque, n'ayant même pas une corolle à montrer, pour se faire pardonner son invasion !
Ce chiendent qui peut soulever tel cric organique, un béton ou du goudron, on le hait d'un rosier jusqu'à la haie...
NB le sujet est fort bien tourné, et l'envahisseur ( qui parle comme mes animaux, mes créatures non dotées de la parole ) nous défie d'arriver à nous défaire de lui ; c'est peine perdue !
le dernier quatrain " en remet une couche ", avec ce pourpier qui pourtant tient un avantage ; en cas de disette, on peut le manger !
Hormis le premier vers avec son " vous pouvez vous brosser ", un peu prosaïque, l'ensemble se lit avec plaisir !
Je vois des dodécasyllabes parfaitement " néo-classique " mais ne suis pas sûr que " pluie " rime avec " maladie "
Au final, ce chiendent est parfaitement détestable !
papipoète

   Pouet   
11/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Salut,

j'ai bien aimé la "légèreté" du ton de ce texte, son côté ironie douce, je trouve que cela fonctionne bien.

Après des vers tout de même très "prosaïques" comme "Je suis immunisé contre la maladie", limite tautologique pour le coup. Mais pourquoi pas et qui n'en écrit pas parfois?

Agréable moment de lecture.

   Ioledane   
13/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,
Des alexandrins pourvus d'humour mais sans prétention, voilà qui est plaisant à lire. J'ai bien aimé le titre, déterminé, et le premier vers qui ne l'est pas moins, annonçant la couleur. Pauvre jardinier, en effet !
J'avoue qu'il ne m'aurait pas déplu de trouver ici une métaphore faisant allusion à quelque autre forme de nuisible ; s'il y en a une, elle est tellement dissimulée derrière les termes botaniques que je n'y ai vu que du vert, pardon, que du feu.
J'ai été un peu gênée par le vers "Aucun insecte n'ose en faire son dîner" : il me semble que, le récit étant à la première personne, il aurait fallu dire pour être juste "Aucun insecte n'ose faire de moi son dîner" ? "En" renvoie plutôt à une troisième personne, me semble-t-il. Bon évidemment, les pieds n'y seraient plus (le chiendent, si).
Enfin il me semble que "drageonner" n'est pas un verbe pronominal.
Mais je chipote, je chipote. Ne boudons pas notre plaisir à la lecture de ces vers bien sympathiques.

   Anonyme   
14/2/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
On m'a dit que je devais commenter. J'ai choisi au hasard, à vrai dire, j'ai pris le texte qui était tout en haut de ma page. Je suis tombée sur de la poésie, ce qui n'est pas du tout mon rayon même si j'aime en lire de temps à autre. C'est l'apologie du parasitisme. Why not ? Je dois avouer que la lecture est agréable, le rythme est là même si ces "e" non-muets comme prononcés en-dessous de la Loire ont tendance à désorganiser le peu de neurones que possède une fille du Nord comme moi. Passons et intéressons-nous au fond. Vous vous faites le chantre de la mauvaise herbe, ce qui vous rend sympathique à mes yeux, mais là où je reste sur le quai, c'est qu'il n'y a pas de "twist", si j'ose dire, à cette poésie agricole. Je suis néfaste et je résiste à tout. That's all folks. J'aurais aimé que ce chiendent nous donne une raison d'être, qu'on s'attache à lui, au-delà de la simple constatation. Un peu plus de dualité. Je n'ai rien d'autre à dire. Ah si, ça m'agace légèrement, chez les rimeurs, cette manie compulsive de mettre les adjectifs avant le substantif : "la rampante racine".

En espérant ne pas avoir eu la dureté du chiendent, bien à vous.

Anna

   Cristale   
14/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Vincendix,

Aujourd'hui temps de pluie le chiendent pousse dès qu'il y a une éclaircie.

J'aime bien cette pugnacité décrite au fil des vers et puis cette herbe est naturelle. D'ailleurs, bien tondue, elle fait la part belle à tous ces gazons artificiels et fragiles nourris d'engrais. On peut la piétiner sans crainte de l'abimer en plus elle se laisse envahir par les petites fleurs telles les pâquerettes, les primevères, les violettes, les boutons d'or et autres charmantes.

Un texte souriant : il a du chien sous la dent.
On ne voit plus guère notre sympathique auteur, j'espère qu'il va bien.

Bravo et merci Vincendix.
Cristale

   Anonyme   
14/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Vincendix,

J'aime beaucoup le premier quatrain et surtout le premier vers qui annonce la couleur sans y mettre les gants.
Un ton ironique, moqueur qui fait sourire.
Bref, une lecture agréable .


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