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Poésie libre
Vincente : Prunelles [Sélection GL]
 Publié le 23/08/19  -  12 commentaires  -  1335 caractères  -  272 lectures    Autres textes du même auteur

Par le kaléidoscope de leurs yeux, j'ai vu…


Prunelles [Sélection GL]



Dans le crépuscule festif de ce jour d'été
Sous l'œil bienveillant de la cathédrale
Calé devant ses jambes de colosse
Le spectacle de rue est déjà commencé

Mais pour l'instant l'expectative règne

Je m'adosse au premier dé de pierre offert

Croquevillés au creux de mon poitrail
Mes deux faons se fondent
Ne pointant de ma poche ventrale
Que leurs visages d'enfant

Leurs yeux grands ouverts écoutent

De leurs mignonnes prunelles
Point de parasite ni de langueur ne polluent
Leur curiosité sur le qui-vive qui oscille
Au gré des frasques des acteurs

Si le temps fonce à toute zibure
Le moment pour eux reste en suspens

Où nous mène cette allure
De voyage en contretemps ?

La musique et sa rythmique
L'histoire et son récit
Nos sourires et notre imagination
Ricochent en ribambelle
Par-delà les pitreries
Des saltimbanques rigolards

Nos trois cœurs battent le même rythme
D'une mesure fine qui dessine sens
Et que j'inspire
Moi l'ami le protecteur le compagnon de jeu
Je suis aux anges avec mes chérubins chéris
Moi le grand le père l'enfant
Qui se délecte du triptyque délicieux
Que nous formons dans l'infini !


 
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   Anonyme   
28/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un très beau poème tout en finesse et tendresse.

Un bel emploi de vocabulaire soutenu, riche (local zibure ?), je n'ai pas trouvé sur le net "Croquevillées". Si c'est un néologisme il est superbe, sinon, il est très beau.

J'ai beaucoup aimé l'évocation de ces deux "faons" et de leurs yeux, cette poche ventrale irréelle mais tellement bien vue.

Des allitérations, un soupçon de rimes, une mise en page judicieuse ajoutent au plaisir.

J'aurais cependant un seul bémol, si globalement le poème est tout en images, la fin plus explicative, plus directe, laissant peu de place à la figure de style, à partir de "Moi l'ami le protecteur..." est sans doute indispensable à ce narrateur, mais le lecteur aurait aimé qu'il soit de la même veine que les parties précédentes.

Bravo et merci du partage
Éclaircie

   Gabrielle   
31/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un spectacle d'acteurs saltimbanques avec des yeux d'enfants et tout le bonheur que génère ces moments délicieux où un père entoure de toute son affection ses chérubins chéris.

Ici, le spectacle est prétexte pour démonstration de désir de protection d'un père auprès de ses deux petits anges chéris.
Les deux enfants entourés par tant d'amour (au sens figuré comme au sens premier) suivent le spectacle au creux des bras de l'adulte qui redevient enfant le temps de cet intermède.

Bravo et merci à l'auteur(e) pour ce portrait touchant.

   Lebarde   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un spectacle de rue dans lequel les promeneurs sans but précis, hésitent à s'investir et prendre part.
Les comédiens font pourtant tout ce qu'ils peuvent pour intéresser, pour interpeller, pour séduire un public méfiant et sur ses gardes dont les membres les plus patients, adossés à un mur ou un réverbère finiront bien par sourire et chaleureusement applaudir.

C'est comme cela que ça se passe les soirs d'été dans les villes et les villages toujours à la recherche d'une animation ludique pour occuper les touristes nonchalants et souvent désabusés.

Me trompe-je? Sur ce point le début du texte pose bien la scène: c'est bien décrit, explicite, plaisant.

Et puis le sujet évolue et l'auteur zoome sur ces trois spectateurs: deux loupiots attentifs et curieux, accrochés à leur grand père, dont les prunelles s'illuminent aux pitreries musicales des saltimbanques.
Scène familiale intimiste pleine de complicité intergénérationnelle!!

Tout cela est délicatement traduit et très bien perçu par le lecteur attentionné que je suis.

Je relève pourtant quelques "gaucheries" pour ne pas dire lourdeurs,
dans le choix de mots et certaines expressions qui tempèrent un peu mon enthousiasme:
"Mes deux faons se fondent
Ne pointant de ma poche ventrale .." ( ce sont des faons pas des marsupiaux !!). critique facile je le concède!

ou inversion un peu forcée: "mignonnes prunelles",

ou la fin du poème un peu grandiloquente qui surprend après la simplicité du début.

Voilà une poésie libre ( catégorie pourtant que je n'apprécie guère) globalement originale et intéressante que j'ai pris plaisir à lire.

En EL

Lebarde

En Ed:

Tout compte fait à la relecture, il est très très beau ce poème et je remets une pièce de plus dans la soucoupe des troubadours!

   papipoete   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Vincente
Assis face à la cathédrale nous regardons, mes enfants tout contre moi, comme dans ma poche de kangourou, les saltimbanques faire leur numéro... alors plus rien n'existe que notre plaisir commun, le bien-être de ne faire qu'un " dans le crépuscule festif de ce jour d'été ".
NB un jour ordinaire de la vie de papa et ses enfants, quand des étoiles brillent dans ces regards, ces " prunelles " qu'évoque l'auteur avec une infinie tendresse.
Les 3 premières strophes aux 4 vers sont mes préférées, et je me rappelle quand enfant, papa d'un côté maman de l'autre me tenant la main, nous écoutions la musique jouant au kiosque municipal !
( Mes frères et soeur étaient à côté, mais j'étais le chouchou... et avaient leur tour de menotte après )
Un conte vrai qui rafraîchit de bon matin, fait tant de bien !
( j'imagine que maman n'est pas loin, les épaules épousant celles de papa ? )

   Annick   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai très peu de temps à moi pour commenter tous ces jours-ci pourtant j'ai été happée par ce grand petit bonheur de poème où le plaisir du spectacle passe par le plaisir de la complicité, d'être heureux ensemble, en même temps et pour les mêmes raisons. Comme trois coeurs qui battent à l'unisson. Ce grand-père est heureux parce qu'avant tout ses petits le sont aussi.
Le thème du regard est joliment développé pour mettre en valeur ce bonheur décuplé.

J'ai tout aimé dans cette belle poésie libre en particulier le spectacle "calé dans les jambes du colosse comme "les faons croquevillés au creux de son poitrail", l'image de la poche ventrale...

Merci pour toute cette sensibilité que je fais mienne.

   hersen   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Vincente,

Je pense, en fin de lecture, que le père ne s'est pas vraiment embarqué dans le spectacle avec des yeux d'enfants. Il garde trop les pieds sur terre et ne remet pas assez en cause sa "fonction". Il reste le papa qui prend soin de ses enfants (hé, ho, je ne dis pas que c'est pas bien hein !) et cela met un frein à la poésie.
Je pense qu'il fallait, plus que rester suspendu au kaléidoscope, être, avec les enfants, ce kaléidoscope.

Je ne dis pas que l'histoire n'est pas touchante, mais si je parle de poésie, tu pouvais l'exacerber.

le mot "expectative". Tu es sûr ? il me semble en dehors du champ lexical. tu pouvais donner à ce vers plus de poésie, je crois.

Ceci dit, regarder un spectacle de rue en été avec ses enfants est forcément un bon moment, et on le ressent très bien dans ce poème.
J'aime aussi beaucoup l'idée des prunelles kaléidoscope :))

à te relire.

ps : je connais "vibrures"

   leni   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
salut ami Vincent
Les saltimbanques sont dans la rue tu les regardes avec les yeux du coeur et tu leur donne une âme

ET voila la tendresse

Croquevillés au creux de mon poitrail
Mes deux faons se fondent
Ne pointant de ma poche ventrale
Que leurs visages d'enfant

Si le temps fonce à toute zibure

C'est pour tenir le rythme

Ils sont heureux les deux enfants dans la poche kangourou
de grand père

Et ca doit danser à tout berzingue j'imagine

et un fait divers banal devient tendresse par un coup de magie
du poète BRAVO AMI VINCENT LENI

   senglar   
23/8/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Vincente,


Un trio religieux devant un spectacle profane où des saltimbanques font les pitres là où jadis on jouait les récits édifiants de la Vie des Saints et des Saintes, Saint Martin, Sainte Eulalie et Compagnie.
Ô cathédrales colossales qui se voulaient des élans de prière et de foi vers le ciel ! Supertankers où l'on vous croyait caravelles ! Mastodontes que l'on visite comme se promène un médecin légiste dissécateur de viscères (Sur ce point Beaubourg est plus commode :) ) !... eussiez-vous cru être au XXIè S le refuge d'un grand-père zèbre autant que kangourou se fondant dans le rôle de jeune fille au pair autant que de Grand-Papy Cadeau, une sorte de Victor Hugo des confitures et du placard et de maman Cosette que l'on aurait mixés.
La cathédrale, ces trois chérubins semblent n'en avoir que faire où ils se cantonnent au parvis, s'arrêtent devant le portail probablement fermé et pourtant il y a de l'immémorial là-dedans puisqu'ils ont remonté le temps jusqu'à produire du religieux profane puisque (bis repetita...) à eux trois ils forment un triptyque qui est la preuve que la foi est toujours là, elle n'a fait que se déplacer de l'intérieur à l'extérieur des pierres et des voûtes et elle a retrouvé sa vraie place qui est d'un spectacle pèlerin dont le triptyque vivant, incarné, innocent, est l'émanation retrouvée.
Le temps n'existait pas pour l'Eglise, étant de Dieu il était figé à jamais, ni avant ni après, ni rebours ni progrès, je gage que ce trio aimant, ce trio amour se duplique en Constellation quelque part dans l'infini du ciel.

Serai à mon télescope cette nuit Vincente pour observer vos prunelles émerveillées et vos sourires ravis. Continuez de profiter du paradis terrestre au pied d'un grand bateau de pierre tout en sachant que le ciel déjà dans l'infini vous a immortalisés.
J'aime quand le paganisme au religieux se marie.

Merci à toi !
Merci à vous !
Merci à Dieu !
Merci au Grand Architecte de l'univers !

Mais non... Suis pas franc-maçon !


"Je m'adosse au premier dé de pierre offert" (joli ça :) )
Un jet de dé qui ne doit sans doute rien au hasard. Ah l'Eglise et les dés, toute une histoire !


Senglar

   Robot   
24/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voir à travers des yeux d'enfants c'est retourner à la simplicité du regard et à la candeur complice. C'est une faculté rare qui permet la vision innocente. .

Le récit rend bien cette idée de prendre ce qui est présenté sans analyse mais par absorption de ce qui est offert au regard.

Savoir retrouver le sens immédiat du merveilleux.

L'image des saltimbanques devant la cathédrale a fait renaître certaines visions ressenties sur l'esplanade de ND de Paris ou sur celle de Beaubourg en regardant les enfants captivés par le spectacle. Ils ont le même regard, le même sourire que devant les marionettes du Guignol de Lyon.

   Davide   
26/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Vincente,

Il y a une savoureuse mise en scène dans ce poème, le spectacle que nous contemplons, nous lecteurs, n'est pas celui des saltimbanques, mais celui du narrateur et de ses enfants.

Très visuel, le titre oblige, de belles images pour dessiner chaque détail : "jambes de colosse" (de la cathédrale), "dé de pierre offert", puis la strophe suivante qui joue avec les sonorités : "CRoquevillés" (joli !)/"CReux", "faons"/"fondent"/"enfants", "POintent"/"POche".
On se croirait dans un conte pour enfants...

On sait combien les enfants s'émerveillent facilement, aussi j'ai beaucoup aimé le vers "Leurs yeux grands ouverts écoutent", comme en suspens, et traduisant habilement cette fusion des sens, quelque chose qui, à ce moment-là, commence à s'unifier entre le spectacle et les enfants.

Si "le moment pour [les enfants] reste en suspens" jusqu'alors, la dernière strophe est la convergence de tous les regards, dont celui du narrateur, ce moment où les cœurs, enfin, "battent le même rythme".
Le narrateur disparaît dans le regard de ses enfants, dans la magie qui vibrionne : "Moi le grand le père l'enfant / Je suis aux anges avec mes chérubins chéris".
Toujours ces jeux de mots très... mignons : "anges"/"chérubins" et ces échos de sonorités ("CHérubins CHéris") amusants à la lecture.

Je parlais de peinture tout à l'heure, et l'emploi du mot "tryptique" dans les derniers vers me ravit tant je le trouve à propos.
On pourrait voir dans cette scène des références religieuses : la cathédrale, le chiffre trois / la trinité, l'évocation de la grandeur divine (notamment en dernier vers), le symbolisme des yeux dans la Bible etc. mais je ne crois pas que ce soit ici l'intention de l'auteur.

Il n'y a rien que je n'ai pas aimé dans ce poème, tout est joliment exprimé, suggéré ; la trame narrative, avec ces vers isolés, s'effile sans accroc, harmonieusement. On sent tout le travail derrière.

Merci Vincente,

Davide

   Anonyme   
27/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Vincente,

Et moi, par le kaléidoscope de tes mots, j'ai assisté au spectacle d'un poète, protecteur autant que doux et aimant, fondant de bonheur à partager d'inoubliables moments avec ses (petits) enfants.

La force du bouclier est là ''croquevillés au creux de mon poitrail'' (quel beau ''croquevillés'' !), ''ma poche ventrale''...

Et ''ce voyage à contretemps'' nous entraîne au pays de la tendresse où se forme ''le triptyque délicieux (que nous formons) dans l'infini''.

Peu importe que ce soit au pied de la cathédrale, par tes mots partagés je devine que dans les ''frasques des acteurs'', quels que soient les lieux, nombreux seront prétextes à ''voyage(r) à contretemps'' dans les sourires et les étoiles des prunelles partagés.

Merci à toi d'avoir partagé avec nous cette belle complicité et tes émotions délicieuses.


Cat

   Pouet   
30/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

j'ai été attiré par le titre: en effet "prunelles" est un mot que j'apprécie beaucoup, que je trouve très "poétique" et que j'aime utiliser, je ne sais pas, comme deux petites prunes bleu ardoise tournées vers le toit d'or d'un soleil opaque - ou quelque chose dans ce style... :)

J'ai trouvé beaucoup de charme et de tendresse à ce petit instant familial, à cette complicité dans l'émerveillement, à ce partage sans partage...

J'en ai apprécié la simplicité et le côté "visuel" très réussi.

L'auteur-cerf ( si j'en crois ses deux faons) brame à la lisière du merveilleux tournant ses andouillers vers des acteurs faisant l'andouille, serf de l'amour croisant les bois de la candeur et non le fer de la rancœur, il rend son cœur mais non les armes, cajole gros ses angelots et nous distille sans erreur une belle icône du bonheur.

Comme à contre-courant:

"La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu quand on était enfant."

(une de mes préférées de Nietzsche)


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