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Anonyme
5/7/2020
a aimé ce texte
Pas ↑
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Bonjour,
Un récit poétique "engagé", pour dénoncer l'exploitation de l'humain par l'humain, mais aussi les différentes conquêtes de terres lointaines, sans aucun souci des autochtones. J'ai été un peu gênée par le passage suivant : "Cet accord plein d'harmonie ne vit pas venir l'intrus, dont quelques rustres meurtrirent l'équilibre innocent." : "L'intrus" au singulier fait place aux "rustres" au pluriel. La suite de même, évoque par les pronoms personnels "il, ils" un individu et/ou un groupe, sans que je parvienne toujours à déterminer de qui il s'agit. Hormis cette constatation qui me parait bien gênante, l'ensemble répond, pour moi, aux critères du récit poétique. La partie en vers ainsi présentée est-elle une citation d'un autre texte ? (les parenthèses et points de suspension m'apportent cette question). Merci du partage, Éclaircie Édit, "un autre texte écrit dans une autre circonstance, que le récit poétique, lui-même" |
Anonyme
5/7/2020
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Vincente,
Ça débute comme un conte avec ce 'il était une fois', puis l'effrayant arrive. Oui l'âge d'or, puis ce que l'on sait de la suite ; extension, guerre, religion etc... L'écriture est rigoureuse mais je trouve que le récit, le raccourci, colle trop au chaotique chemin sur lequel nous sommes au final et que l'humanité a pris. Alors récit poétique ? Oui pour le récit, une grande réserve pour la poésie. Merci. |
Anonyme
5/7/2020
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Beaucoup ↑
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Vincente, bonjour !
C’est sans esbroufe, ni faux-semblant, ni complaisance aucune, que l’auteur, dans un style efficace et criant de vérité s’attache à reconnaître que le destin de chacun dépend tellement des petits – et grands- actes de tous. Car de l’humain actuel, vidé de plus en plus de moralité, il ne restera de lui qu’un corps inerte, chacun campé dans une position inconfortable où il faut davantage paraître que laisser transparaître, un monde enfin basé sur la compétition et l'envie, et guidé surtout par l’intérêt et l’appât du gain, un univers de plus en plus brutal qui arrive inlassablement dans ce cercle vicieux où nul ne sortira indemne. Car comment échapper à cette existence qui se resserre de plus en plus, tel un étau ? Car il faut bien s’accorder à reconnaître que ce récit effrayant et bouleversant à la fois, décrit un monde qui va, ou même qui touche déjà, à sa perte. Un monde si perturbé que seul un homme providentiel pourrait le reconstruire. Mais l’amertume demeure… Alors, cyniques, individualistes et « modeux », continuez à faire semblant d’être heureux, mais passez votre chemin, ce texte d’une lucidité cruelle et désespérée pour une implacable course à l’abîme n’est pas pour vous… Un grand CLAP ! CLAP ! à l’auteur. Dream. |
papipoete
5/7/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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bonjour Vincente
L'on vécut de ce que la terre offrait ; il y en avait assez pour tout le monde, et aucun ne jalousait l'autre, à part d'éternels grincheux ( mais cela, ne changerait jamais ! ) Puis, vint l'assoiffé de pouvoir, d'importance... le petit ne serait jamais un " grand "... NB une réflexion sur la vie, que certains ne conçoivent que sous l'aspect de la richesse d'or et d'apparat, alors que dans leur tête n'est qu'un erg et leur coeur une réserve aux lingots ! Les incas avec Pissaro Les sioux avec l'homme blanc... Que voici sous votre plume, un éloge à la modestie contre la soif d'écraser... |
Vincente
6/7/2020
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Pouet
6/7/2020
a aimé ce texte
Passionnément
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Slt,
je reste vierge de tout a priori n'ayant lu ni commentaires ni forum explicatif. Eh bien, franchement, je suis convaincu. Convaincu par cette perspective de chant si j'ose dire. Je ne vois pas bien ce qu'on pourrait ajouter d'intellectuellement honnête à ce qui est dit. Ce passage en italique est d'une rare concision, d'une rare "portée de vérité". D'habitude j'aime à disserter, extrapoler, rêver, torsader... sur les textes de l'auteur; là je me contente d'acquiescer en compagnie du silence. Grand Bravo. |
Davide
6/7/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Vincente,
Ce récit poétique nous décrit la lente et impitoyable mutation d’une société égalitaire vivant en harmonie avec la nature à une société duale (telle notre société occidentale, aujourd’hui). J’ai été touché par la justesse du point de vue, de bout en bout, par cette écriture sans arabesques, dépouillée, qui, voulant nous amener à réfléchir sur la "complexion" de notre société contemporaine, nous livre l’horreur sans ménagement aucun. Qu'y a-t-il de plus abominable que l'esclavage et l'objétisation des êtres humains ? Quelques passages ont retenu mon attention ; les voici en vrac : - Le début d’abord, superbe, "Il était une fois, une fois d’infinies fois…", tel un conte de fées (un conte de faits ?) à valeur d'universalité (en écho à l’exergue). - "Je suis « un » dans cette entité multiséculaire" : le narrateur, à la première personne du singulier, c’est ici tout le peuple qui s’exprime ; chaque membre ne se perçoit, ni ne se définit, indépendamment de l’autre, tant et si bien que tout est "unité". C'est bien amené. Je cite encore : "L'entendement semblait abouti tant s'étendait à l'infini sa primauté sur le règne du vivant pour lequel il faisait foi et force de loi." - "L'on crut ainsi que mourir deviendrait petite chose, un passage expurgeant, indéniable purgatoire (...) pour les plus chanceux…" Que dire lorsque que l’on touche au paroxysme de l’horreur : le prix d'une vie humaine ? - Le passage en italique, tel un cri du cœur, condense admirablement la réflexion et la rend si… palpable. Bouleversant. J'ai beaucoup aimé, entre autres, ces "Frères de rancœur". - L’énonciation finale ("Homme d’aujourd’hui…"), je l’aurais mieux vue en exergue, simplifiée et exempte de jeux de mots. Ces questionnements sont implicites dans le récit ; avaient-ils besoin d’être précisés ? Je n’en suis pas certain. - Pour finir, commençons par le début : le titre. Il a quelque chose de beau (si je puis dire) dans son fatalisme. De plus, le mot "seconde" désigne aussi le deuxième rang dans une hiérarchie (parfois derrière la première classe dans certains transports en commun). Bien trouvé. Bref, un vrai beau texte. PS : Je précise, j’ai rédigé mon commentaire avant de prendre connaissance des explications en forum. |
Louis
9/7/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Le texte évoque, dans un récit poétique, l’histoire du rapport entre les hommes et les arbres.
Il commence comme un conte : « il était une fois ». Il ne s’agira pas pourtant de conter d'uniques et singuliers événements, qui jamais ne se sont reproduits, mais au contraire, une action archétypique qui s’est renouvelée, et se répète encore, toujours, « une fois d’infinies fois », une action originelle donc, distincte du « commencement », et qui rapproche ainsi le récit du mythe. Conte ou mythe, l’histoire relatée ne se veut pas purement imaginaire et fantaisiste ; si elle emprunte les ressources de l’imaginaire, c’est pour approcher une réalité et tenter de saisir une vérité historique, de façon allégorique et symbolique. Le récit évoque un « peuple des bois ». Ce peuple n’est pas composé d’humains, comme on pourrait le croire de prime abord, mais d’arbres ; il ne s’agit pas d’hommes des bois, de « sauvages » au sens étymologique de ce mot, originaire du latin ‘’silva’’ ou ‘’sylva’’, qui signifie ‘’de la forêt, des bois’’, mais d’une population d’arbres, d’un peuple sylvestre. Parce que les arbres sont considérés de façon anthropomorphique, la confusion reste possible. Le peuple des arbres a précédé celui des hommes. Avant l’apparition de l’humain, les arbres ont connu une sorte d’Âge d’or. Ils vivaient de coopération et de solidarité : « Chaque membre de chaque contrée collaborait ». Chacun œuvrait pour le bien commun, dans une sorte de « communisme primitif ». On pratiquait l’entraide, les « grands» et forts n’écrasaient pas les plus faibles. La ‘’loi de la jungle’’ ne s’appliquait pas à la jungle, pas avant l’ère zoologique. Pas de concurrence effrénée, non plus ; pas de guerre de tous contre tous, qui caractériserait "l’état de nature", selon des philosophes politiques, comme Thomas Hobbes ; pas de rapports conflictuels entre les membres de la communauté des arbres, mais une cohabitation pacifique. Les différences étaient respectées, les minorités ne subissaient pas d’ostracisme, mais une place était réservée pour chacun : « laissant de-ci de-là quelques clairières, où, parcimonieux, les assoiffés de soleil s’établissaient à volonté .» « Chez eux, pas de soucis alimentaires ou domiciliaires, pas d’entre-dévoration » : comme écrit Francis Ponge dans Faune et flore. Ils n’exploitaient pas d’autres êtres vivants : « peuple des bois vivant d’air et de terre, d’amour et d’eau fraîche ». Ils réalisaient cet idéal, rêvé plus tard par les hommes, hors d’atteinte pour eux : «vivre d’amour et d’eau fraîche ». Les arbres avaient su réaliser un monde d’ « équilibre » et d’ « harmonie », témoignage d’une ‘’sagesse’’ de ce peuple. Le récit poétique fait écho à la poésie de Ponge ou encore à celle de Prévert : « Jadis les arbres étaient des gens comme nous Mais plus solides plus heureux plus amoureux peut-être plus sages c’est tout. » L’âge d’or, le paradis originel des mythes humains semble ainsi être déplacé : il est situé dans un passé antérieur à l’homme ; le paradis originel, c’étaient les arbres sans les hommes. Mais la belle harmonie originelle se brise avec l’arrivée d’un « intrus», d'un nouveau venu, non sylvestre : l’homme. D’emblée, il est apparu comme une menace : « un péril en la matière se profilait» et comme un « ennemi ». Tout au long de cette première partie du récit, le narrateur s’est montré discret, il a laissé parler, en quelque sorte, ce qui lui semble être une vérité historique, mais désormais il éprouve le besoin d’intervenir personnellement : « Je suis ‘’un’’ dans cette entité multiséculaire » : déclare-t-il. Cette intervention surprend. La forme du conte ou du mythe s’interrompt, en effet, brusquement, puisque le sujet personnel est généralement absent de ce type de narration. Il s’interrompt, quand se rompt l’équilibre originel de la civilisation sylvestre dans le récit. Ce sujet personnel fait irruption, de plus, dans le cours de la narration au moment même où celle-ci relate l’intervention de l’homme dans l’histoire, si bien que l’on pourrait croire que c’est un sujet humain qui désormais s’exprime. Or, il n’en est rien. C’est un arbre qui prend la parole et la revendique personnellement. Une subjectivité veut s’exprimer-là. Non pas une subjectivité singulière, celle d’un arbre particulier, mais celle d’un arbre parmi tant d’autres, qui parle pour les siens, au nom des siens, et s’exprimera par un « nous » collectif dans les lignes suivantes. Il fallait signifier, sans doute, par cette irruption du « je » dans la narration, que le récit du rapport entre les arbres et les hommes se fait du point de vue des arbres et non des hommes ; qu’il n’y a pas de neutralité objective en jeu ici. Mais on le sait, si des thèses récentes affirment une communication entre les végétaux, et même une « intelligence » des arbres, le peuple sylvestre ne possède pas le langage des signes dans lequel peut s’exprimer la parole humaine. ( Bien qu’une communication soit admise dans le récit entre les deux « peuples », dont on peut supposer alors qu’elle ne se ferait pas par le langage des signes linguistiques). C’est donc l’auteur qui éprouve le besoin d’intervenir personnellement dans son récit, pour laisser la parole aux arbres ; pour laisser entendre que l’auteur n’est pas le narrateur ; que l’auteur véritable, c’est un arbre représentant tous les arbres à travers la sensibilité et le regard du poète-auteur ; qu’à travers lui qui s’efface, l’arbre a pris toute la subjectivité qui s’exprime. L’arbre-auteur-narrateur, parlant à partir du présent, jette un regard rétrospectif sur le devenir d’une histoire qui a mené à la situation d’aujourd’hui : « Regardant notre passé » La marche de cette histoire lui paraît « irréversible », aucun retour en arrière vers une « pure nature », vers « un état de nature » ne lui semble possible. La civilisation des arbres a pris fin, pour laisser place à la civilisation humaine, technologique et urbaine ; pour laisser place à l’envahisseur ( « l’envahissement inédit » ) qui domine désormais toute la planète. Cette histoire est celle d’une absence de résistance à l’envahisseur humain. Le peuple des arbres ne s’est pas assez méfié : «l’assentiment fit parmi nous progressivement consensus ». Son peuple a été trompé, dupé, exploité. Les arbres, malgré leur antique sagesse, firent preuve d’une part de naïveté, de suffisance, de trop grande confiance en soi : « nos plus forts, sûrs d’eux-mêmes, curieux et animés de peu de discernement… » Ils crurent « l’association » avec les hommes profitable pour les deux peuples. Sans grande prudence, ils ont accueilli les hommes dans l’espace sylvestre : « L’espace de l’espèce offrirait la place à la nouvelle peuplade.» Déception ! les hommes ont abattu les arbres, les ont brûlés, les ont transformés. « Il tua… tua » et « …vaincu par la cognée, mordu par la scie et le rabot » ( Geo Norge dans son poème « Le bois sacré »), il ne lui reste plus qu’à verser ses « larmes de résine » (Théophile Gautier dans « Le pin des Landes ») Les hommes ont fait « de notre mort une vie » : dit l’arbre. Une matière première pour une seconde vie. Du bois au service de l’homme. Du bois mis « en œuvre » pour des charpentes, des meubles, des maisons, des livres et les bibliothèques où l’on range les livres… Il ne manquait rien, au peuple sylvestre, dans sa civilisation harmonieuse, mais l’homme, rêvant d’éternité, rêvant d’immortalité individuelle, crut que les arbres partageaient aussi ce rêve, mortels qu’ils sont comme tout être vivant, ainsi se sont-ils donnés pour «prétexte », pour excuse, en guise de bonne conscience, le don d’éternité dans leurs œuvres : « prétextant leur offrir… nouvelle existence, stable et gratifiante, leur offrant l’éternité ». Ils se sont persuadés qu’ils agissaient dans l’intérêt même de l’arbre, et ne visaient en réalité que le seul intérêt humain. L’arbre, auteur-narrateur appelle pour finir, quand notre époque est celle d’une déforestation intensive, à un chant de douleur et de révolte, s’adressant à tous les opprimés, humains et non humains : « chevaux… / indiens… nègres…, libres- penseurs… et tant d’autres outragés. » Il ne nous reste, à nous aussi, qu’à chanter avec Brassens : « J’ai plaqué mon chêne Comme un saligaud Mon copain le chêne Mon alter ego » Et à répondre très vite à l’appel des arbres, qui doivent le « savoir» aussi que toute vie sur terre est en danger, que nous sommes désormais à l’ère de l’anthropocène, à l’époque d’une nouvelle «extinction de masse ». On les a tant décimés, tant massacrés, alors que nos « copains » les arbres pourraient être nos sauveurs, pourraient contribuer à donner une seconde vie, sans mort en échange, à notre civilisation ( tant les arbres sont en mesure d’absorber une part du carbone en excès) , si seulement celle-ci pouvait changer, si seulement elle pouvait devenir plus juste, moins oppressive. Mais nous sommes peut-être parvenus à un point crucial de notre histoire : ou nous changeons, ou nous mourrons. Merci Vincente |
ferrandeix
12/2/2021
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Heureusement que j'ai lu, avant de rédiger cette critique, les commentaires. L'un des commentateurs voit dans ce texte le récit des rapports entre les hommes et les arbres. Pour ma part, je n'ai rien vu. Je ne suis sans doute pas très perspicace, c'est possible. A posteriori, l'idée est possible, en tous cas elle est géniale, mais gagnerait, me semble-t-il, à être mieux mise en lumière, au moins dans la résolution finale du récit.
L'écriture est brute de décoffrage, est-ce volontaire pour ajouter un côté sibyllin? ou est-ce l'écriture normale de l'auteur (?). Il y a peut-être / probablement / sûrement des allusions que je suis incapable de voir (?) Dans le doute, je m'abstiens de fournir une appréciation. |