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Poésie contemporaine
VinSpat : Brocéliande mon amour
 Publié le 14/03/24  -  6 commentaires  -  1543 caractères  -  96 lectures    Autres textes du même auteur

Texte inspiré d'une promenade en forêt de Brocéliande, où tout est calme, luxe et volupté…


Brocéliande mon amour



Dans le ventre mystérieux de l’antique forêt,
l’Arbre d'or incendié par un soleil fiévreux éclaire de son feu des grimoires sacrés.
Le Jardin des délices s’ouvre sur une danse.
Les oiseaux ensemencent les fleurs en calice.
Les arbres grandissent comme des mâts à potence.
Dans les vapeurs d’eau pure, Songe d’une pluie d’été.
C’est la ronde des fées que maître Merlin augure et pose la signature d’une fête exaltée.
Sur le sentier mouillé, élastique et mousseux, brille le sol glaiseux que la pluie a trempé d’argentiques beautés et de reflets fougueux.
Un vent doux de malice a attrapé des branches dans la chevelure blanche d’un jeune cormier complice.
L’arbre frotte sa peau lisse aux courbes de tes hanches.
Tu caresses ses feuilles par les nervures neuves.
Le damoiseau fait preuve d’un sensuel accueil, tant pétri d’orgueil que les oiseaux s’en émeuvent.
Il offre à ton oreille sa verticale pensée.
Tes bras l’ont enserré et tes lèvres vermeilles sont le dard de l’abeille sur l’écorce percée.
Athéna sans armure, Ève du premier jour.
Belle comme l’amour quand lâchent ses amures.
Tout est dans le murmure et le compte à rebours.
Langoureux baptême, écorce contre sein.
Corps d’arbre sous tes mains, tendu à l’extrême, comme un autre toi-même jusqu’au creux de tes reins.
C’est une fête galante.
La lumière contre joue.
Dans ce corps-à-corps fou de caresses insolentes, j’entends vos sèves qui chantent un heureux rendez-vous.


 
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   Gemini   
28/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Il faut toujours faire attention en déclarant sa flamme à une forêt (manque une virgule dans le titre).

Le texte se présente comme une liste de phrases qui se suivent une à une comme des pensées accumulées, parfois sans verbe, mais où abondent les adjectifs (V8 par exemple). Il faut dire que Brocéliande n'est pas une forêt ordinaire. L'emphase est permise. De plus, l'exergue baudelairien le rappelle, et la déclaration d'amour, douce (calme) dans ses débuts, se pare bien de luxure (luxe et volupté) sur la fin.
Je n'ai pas très bien compris la présence en Bretagne du "cormier", arbre qui aime le soleil...

Les rimes internes sont difficiles à débusquer, mais elles sont bien là. L'exercice de style se rajoute à la poésie. Mais la sublime-t-il ?

Je trouve enfin qu'à part deux trois références locales (et encore, au début !), le texte ne décrit pas explicitement Brocéliande. Un peu comme si la réputation avait aidé l’argument.

   Ornicar   
7/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Pas mal du tout cette broderie autour de Brocéliande
C'est à la fois visuel et sensuel grâce à la personnification des éléments naturels et quelques jolis détournement d'expression en forme de clins d'oeil ("Songe d'une pluie d'été" en lieu et place du "Songe d'une nuit d'été" ; "La lumière contre joue" pour contre-jour je présume). J'ai particulièrement aimé cette image : "Le damoiseau fait preuve d’un sensuel accueil, tant pétri d’orgueil que les oiseaux s’en émeuvent. / Il offre à ton oreille sa verticale pensée.
L'ensemble sonne bien à l'oreille et s'avère musical par un jeu de discrètes assonnances ("élastique-argentique ; mousseux-glaiseux ; malice-complice"). Je ne les relève pas toutes tant elles sont nombreuses. Pour la catégorie, c'est plus un "libre" qu'un "contemporain" il me semble.
Juste une chose me chagrine au vers 7 : "et pose la signature d'une fête exaltée". Je vois mal comment s'articule cette partie de la phrase avec celle qui précède.

   papipoete   
14/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour VinSpat
mine de rien, sous ces lignes innocentes, je crois apercevoir sous ces frondaisons, un couple en pleins préliminaires amoureux, bientôt entrer en éruption et la sève jaillir...
NB peut-être me trompé-je, mais la " chose " est amenée sans heurt, jusqu'à l'extase finale ; tout est fort imagé, mais ( je suis bien placé pour le dire ) je trouve ce texte on ne peut plus Narratif !
si cela n'était point un reproche que l'on m'oppose, je ne trouverais rien à redire mais... vous narrez, joliment mais vous narrez.

   Damy   
14/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Très agréable à lire, très musical, mais je ne vois pas bien pourquoi ne pas aller à la ligne à la fin de chaque rime.
Sur le fond, je ne sais trop quoi en penser. La forêt de Brocéliande me paraît très sensuelle mais l'utilisation de trop d'images (très belles chacune par ailleurs) m'éloigne un peu de mes propres sens. Je n'ai pas trop accroché. Des mots me sont inconnus et donc ne m'évoquent rien : "maître Merlin" (moi, vous savez, à part Leroy…), "cornier", "amures", mais je n'ai qu'à enrichir mon vocabulaire en cherchant sur google.

Je ne vois pas pourquoi Songe prend une majuscule et je n'ai rien compris à la métaphore : "sa verticale pensée" (à moins que…) ; de plus l'inversion me semble être une fausse note.

Mitigé, donc, je suis.

   Provencao   
15/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour VinSpat,

"Dans le ventre mystérieux de l’antique forêt,
l’Arbre d'or incendié par un soleil fiévreux éclaire de son feu des grimoires sacrés.
Le Jardin des délices s’ouvre sur une danse.
Les oiseaux ensemencent les fleurs en calice.
Les arbres grandissent comme des mâts à potence"

J'ai bien aimé cette sensualité implicite et â mon sens incarnée.
Et c'est cette incarnation qui m'a aidée de mieux recevoir et accueillir votre poésie.

Belle jouissance de soi-même.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Myndie   
15/3/2024
Bonjour VinSpat,

votre poème est d'abord un univers sonore à lui tout seul.
C’est un plaisir de se laisser porter par le pouvoir suggestif des allitérations : les sifflantes, telles des incantations en sourdine, font le rythme des vers en les chargeant de sensualité ;
les assonances se répondent, évoquant la chaleur de l'effervescence :
« fiévreux, mousseux, fougueux »
« pensée, enserrée, percée »

Cependant, je perçois moins votre texte comme un délicieux libertinage, la licence parée d'un voile transparent ou la crudité lascive et paiënne de turpitudes poétiques que comme une rêverie de voyeur, le désir fantasmé de voir l'autre (la personne aimée?) établir une relation plus sexuelle que sensuelle avec une forêt curieusement personnifiée.
Certes, la rencontre sexuelle est évoquée en termes suggestifs et en images habilement allusives mais je dois avouer que, pourtant férue de poésie érotique, je n'accroche pas trop au sujet ; pour moi, le fantasme relève de la symbolisation ; son rôle devrait être de traduire des émotions profondes et incontrôlées. Ce que j'ai beaucoup de mal à percevoir ici. Le narrateur décrit mais ne partage pas ce qu'il ressent.
C'est pourquoi mon avis est très partagé sur votre poème. Parce que c'est la musique des vers qui m'intéresse et me charme plus que le fond.


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