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Poésie libre
VinSpat : Salut la belle enfance !
 Publié le 23/02/24  -  10 commentaires  -  2034 caractères  -  122 lectures    Autres textes du même auteur

Je fais partie de ceux qui ont eu la chance de vivre une enfance heureuse, alors je l'écris…


Salut la belle enfance !



Petits chevaliers aux armures diaphanes,
on montait nos cabanes dans les hautes futaies.
Nos armes de papiers, nos fusils sarbacanes et nos épées de bois ne tuaient personne.
Dans nos forêts bretonnes,
tantôt gueux, tantôt rois, nous étions des guerriers sans victoires ni couronnes.
Ah, les gamins joyeux, ah, les fils du soleil !
Les richesses sans pareilles des jardins rocailleux aiguisaient nos vœux en Pays de Merveilles.
Nos jeunes jambes griffées défiaient des forêts vierges,
où de vieux chênes-cierges
faisaient tomber les murs des églises hantées.
Les rameaux d’osier cinglaient l’air de leurs verges.
Au bout du champ de blé le pont des bohémiens tenait ses vieilles pierres
où le temps avait gravé les rires des anciens.
Quand passait la caravane du cirque ambulant,
des grappes d’enfants dansaient une pavane,
criaient sous les platanes
et partaient en courant, suivre la ménagerie
des lamas fatigués,
des chèvres enrubannées
et des ânes en âneries
précédés de l’ours gris
qui voulait s’échapper.
La rivière abreuvait les belles hirondelles,
sur ses rives en dentelle où les marcheurs marchaient.
Les pièges qu’on leur tendait n’étaient jamais mortels.
Aux abords des margelles l’avenir faisait son tri.
Toi, tu es trop petit,
toi, tu es trop rebelle,
faut choisir son modèle avant de quitter le nid.
Nos pères, marins-pêcheurs, maçons ou paysans
n’ont jamais eu le temps d’être de doux rêveurs,
mais ils avaient au cœur la force des battants.
Les rouges coquelicots ont vite fait de pousser dans nos prés,
dans nos chants,
dans nos cœurs, et nos mots,
jouant sur nos pianos, même désaccordés.
Pauvres et les yeux ouverts, nous avons eu de la chance.
Nous avons pris de l’avance dans les pas de nos pères.
C’étaient là nos repères.
Salut la belle enfance !


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Miguel   
5/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Dans les forêts bretonnes ou sous les pinèdes occitanes, l'enfance fut la même pour d'innombrables générations. Ce texte me parle de moi, en quelque sorte. Les souvenirs traduits en images vivantes et colorées, les cabanes, la nature, la rivière, les oiseaux, les mollets griffés, auxquels d'ailleurs on ne prenait pas garde, trop occupé à s'amuser, tout cela est, je ne dirais pas intemporel, car notre jeunesse, rivée sur ses portables et anxieuse des lendemains, ne le connaît plus, mais ce fut longtemps universel. Merci pour cet hymne à l'heureuse enfance de jadis.

   Cristale   
7/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Beaucoup de poésie dans ce tableau de souvenirs d'une enfance heureuse.

"Les rouges coquelicots ont vite fait de pousser dans nos prés,
dans nos chants,
dans nos cœurs, et nos mots,
jouant sur nos pianos, mêmes désaccordés."

Une mise en page agréable pour une lecture sans lassitude, bien au contraire. La narration est simple, dynamique, colorée, le mouvement, les jeux des enfants sont presque sonores.

"Pauvres et les yeux ouverts, nous avons eu de la chance.
Nous avons pris de l’avance dans les pas de nos pères."

Une époque où un bout de bois et une coque de noix dans une flaque d'eau suffisaient aux enfants pour les faire rêver de vaisseaux partis à la conquête des océans.

Plaisir de lecture et d'images.

   Ornicar   
15/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai aimé ce poème en vers libres, simple, tendrement nostalgique mais tellement rafaîchissant. Pour avoir connu cette enfance turbulente à l'air libre, et pour ma part insouciante, je mesure aujourd'hui la chance qui fut la mienne par rapport aux générations actuelles dont l'horizon me paraît comparativement bien rétréci et d'une moindre saveur. Mais peut-être est-ce mon regard qui a changé à une époque et un âge de la vie où l'optimisme est moins de mise.

L'écriture est plaisante et légère avec ses jeux sur les sonorités. Je regrette ce qui me semble des facilités vers la fin : 5 fois le verbe "avoir" dans les 11 derniers vers ("n'ont jamais eu, mais ils avaient, ont vite fait, nous avoins eu, nous avons pris"). Ca fait un peu beaucoup, je trouve. Il y avait assurément moyen de faire autrement. Heureusement, mon plaisir à la lecture ne pâtit pas trop de cette légère baisse de régime.

   Eskisse   
23/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour VinSpat,

Ecrire sur le bonheur n'est pas toujours chose aisée. Vous relevez la gageure avec ce poème en succession d'instantanés.
Dans les plus:
- "Au bout du champ de blé le pont des bohémiens tenait ses vieilles pierres "
où le temps avait gravé les rires des anciens." J'aime bcp la pérennité suggérée...
- l'évocation de la ménagerie
- " Nos jeunes jambes griffées défiaient des forêts vierges" qui pointe l'audace des enfants et le côté fabuleux de leurs aventures
Dans les moins:
- "Ah, les gamins joyeux, ah, les fils du soleil !" J'aurais préféré que le mot "joyeux " n'apparaisse pas mais que la joie soit suggérée.
- "sans pareille" / Pays des Merveilles " J'aurais vu une admiration plus contenue moins démonstrative.
Ces réserves n'engagent que moi.
L'ensemble est très plaisant et visuel.
Merci

   Myndie   
23/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour VinSpat,
je dois dire que j'ai été profondément touchée par votre poème, voyage sentimental à travers les souvenirs de l'enfance qui rend un bel hommage à ce qui n'est plus.
Pour autant, malgré la nostalgie qui se dégage de vos vers, je ne décèle aucune mélancolie, encore moins de tristesse dans ce un regard attendri sur les années de bonheur passé.
Magnifique évocation de votre jeunesse, chargée de mythes (« Les richesses sans pareilles des jardins rocailleux aiguisaient nos vœux en Pays de Merveilles. », de rêves et d'images colorées, il dépeint l'innocence et la joie de la jeunesse autant qu'il raconte la prise de conscience douce-amère du passage du temps et de l'impossibilité de ne pas grandir (« Salut la belle enfance ! »).
Je vous ai suivi avec délectation dans cette émotion mémorielle car votre style coule, naturel, mélodieux , porté par subtiles images qui saisissent des instants précieux, comme ici :
« Au bout du champ de blé le pont des bohémiens tenait ses vieilles pierres
où le temps avait gravé les rires des anciens. »
« sur ses rives en dentelle où les marcheurs marchaient. »
Je suis sous le charme de cette puissance d'enchantement doublée de tendresse que j'ai trouvée dans l'évocation de vos souvenirs.
Et le plus pour moi : autre contrée mais même démarche et même émotion ; en passant de vos « forêts bretonnes » aux massifs du Jura, votre poème m'a remis en mémoire cette magnifique chanson que l'on doit à Hubert Félix Thiéfaine « La ruelle des morts » .

Merci infiniment de nous rappeler s'il en était besoin que l'enfance à jamais disparue continue de survivre grâce à la poésie.
Je regrette l'ancien système d'évaluation qui m'aurait permis d'associer un « Passionnément » à mon commentaire.

Myndie, quand même bien passéiste^^

   papipoete   
23/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour VinSpat
Nous étions enfants, de riches ou de pauvres et jouions sur tous les terrains, où semblaient résonner les cris, les chants d'autres gamins... devenus riches de savoir, pleins aux as de ces moments que l'on raconterait à nos petits, la tête telle bobine de cinéma, avec ses kilomètres de forêts, de ruisseaux, des bandes-on étoilées de chansons, de " aïe ouille " vite oubliés les genoux écorchés les jambes erraflées même pas mal, nos jeux à faire peur bien innocents comme les pièges tendus aux marcheurs , et passait la caravane du circus, sa ménagerie, nous nous goinfrions de bonheur, nos parents n'en eurent pas le loisir, c'était la belle enfance !
NB j'ai volontairement ignoré la ponctuation, comme si j'avais tant à dire de communs souvenirs avec l'auteur...
Tout sonne vrai, j'y suis, nous y sommes à travers vos lignes où toute image me renvoie loin, tout là-bas.
" les rouges coquelicots ont vite fait de pousser dans nos prés... " j'aime cette phrase qui montre une jachère, que ni ortie ni ronces n'ont ensevelie.
et bien d'autres vers qui me fondent les yeux...

   poldutor   
23/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour VinSpat
Ah la jeunesse à la campagne, le rêve de tout enfant, pour ma part, citadin, au sortir de la guerre, nous n'avions que la rue pour nous débattre, à l'époque, les rues étaient moins dangereuses que maintenant, nous pouvions organiser des parties de "gendarmes et voleurs" et de "ballon prisonnier", nous avions aussi le patronage, où
l'on pouvait donner libre cours à l'exubérance de nos dix ans...
J'ai aimé votre façon simple de raconter une jeunesse heureuse, mais nous-mêmes n'étions pas malheureux.
Cordialement.
poldutor.

   Marite   
23/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Séduite par cette prolifération de souvenirs d'une enfance où pouvait se faire l'apprentissage de la liberté au contact d'une nature généreuse et d'évènements ponctuels qui attisaient notre curiosité et notre imaginaire. L'ensemble se lit d'un trait, sans heurt en dépit de l'irrégularité de longueur des vers et de leurs rimes. Les images se succèdent et les mots les dessinent sans hésitation, un réel plaisir ! Seul petit bémol pour moi : " ... les marcheurs marchaient" ... peut-être serait-il préférable de remplacer le verbe marcher par un synonyme ?

   Lebarde   
23/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour VinSpat
Moi aussi j’ai eu la chance, puisque j’en garde de bons souvenirs, de passer mon enfance à la campagne, à courir les chemins, grimper aux arbres, à découvrir la nature, à jouer avec un rien, participant avec plus ou moins d’entrain aux petits travaux auxquels nous trouvions normal ( avait on le choix?) d’être associé.
Et puis ce petit cirque de passage et sa ménagerie qui investissaient le petit carré d’herbes folles derrière la mairie ou l’église sous nos yeux gourmands et curieux. Que du vécu…

Nos seuls « larcins » étaient de piquer des guignes sauvages dans les haies, une pomme souvent verte ici ou là, de glaner une noix… selon des règles et des tolérances immuables, transmises de génération en génération, qu’un simple coup de casquette du père ou du grand père venait tempérer et canaliser.
A cette époque on fumait des branches de viorne pour jouer aux grands.
Nostalgie nostalgie.
Merci d’avoir su joliment parler de cette époque où nous étions ni malheureux ni envieux et apprenions la vie à notre façon, sans l’aide de cellules psychologiques!
« Nous avons pris de l’avance dans les pas de nos pères », belle formule et tellement vraie.

Lebarde

   Cornelius   
23/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Que de belles journées, que de belles années, que de beaux souvenirs d'enfance passée à la campagne pour moi aussi !

Merci pour ce poème qui a fait resurgir une kyrielle d'images de ces temps heureux pour toute une génération.
Allez, je le relis encore une fois pour le plaisir !


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