Nous étions là, immobiles...

Surtout ne pas parler.

Les libellules narguaient nos tempes où le sang affluait en fleuve étrange, presque violent, fulgurant...

Battements de cœur à l'unisson,

Regards croisés,

Silence.

Au bout du fil,

C'était comme un geste, un mouvement,

Imperceptible espoir pour qui sait attendre...

Puis, le "ça",

la chose, multicolore,

artificielle,

plongeait soudain dans l'onde de cet instant d'avril...

Regards, sourires,

Ne plus bouger,

Attendre, le temps qu'il prenne...

Puis il saisissait mon poignet,

De sa main forte, virile,

Car "ça" plongeait encore plus fort,

De plus belle...

Puis il prenait mon bras, et puis

C'était l'emboîtement des corps,

J'étais heureuse, j'étais sa reine,

Le temps qu'il prenne.

Même les roseaux autour de nous frissonnaient.

Regards croisés,

sourires au long des gaules,

c'était gagné !

Épuisette,

vin frais,

Nous tenions le premier poisson de la matinée.

Le premier gardon de mes cinq ans.