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Chansons et Slams
wancyrs : M'en aller d'ici
 Publié le 24/10/18  -  13 commentaires  -  2791 caractères  -  165 lectures    Autres textes du même auteur

Du cauchemar d’ici, m’en sortir.


M'en aller d'ici



La moiteur des rues
Monte jusqu’aux nues
Les rigoles se gorgent
D’une eau usagée
Sortie des latrines
Une journée de pluie
Quartier inondé
Ville mal irriguée
Posée comme une crasse
Tout près des cités
Crachant ses enfants
D’étranges bouffons
Prostrés sous les ponts
À fumer des clopes
Accros au danger
Fomentent le crime

Je veux m’en aller d’ici, m’en aller d’ici, du cauchemar d’ici, en trouver l’exit
M’en aller d’ici, m’en aller d’ici, du cauchemar d’ici, m’en sortir

J’ai toujours vécu
Là, dans ce mouroir
Malheureux repu
De ses idées noires
Cultivant l’espoir
Et ses habits blancs
M’empêchant de choir
En faisant des plans

Plus dur les matins
Le cœur ravagé
D’angoisses refoulées
Sentiments malins
Monstres dévorant
De leurres épuisés
Faisant d’une bouchée
Les soleils levants

Je veux m’en aller là-bas, m’en aller là-bas, des mirages d’là-bas, en rêver ici
M’en aller là-bas, m’en aller là-bas, des mirages d’là-bas, m’enivrer

De belles catalanes
Au teint basané
Bustes de divas
Aux seins relevés
Portant un sourire
Aux dents éclatantes
Bouches maquillées
Au jus de grenade
Cueillies dans les champs
Vaste espace vert
Où soufflent les vents
Les beaux alizés
Caressant les cimes
D’imposants buildings
Où riche comme Crésus
J’irai habiter

Je veux m’en aller d’ici, m’en aller d’ici, du cauchemar d’ici, en trouver l’exit
M’en aller d’ici, m’en aller d’ici, du cauchemar d’ici, m’en sortir

Que font ces enfants
Flottant sur les eaux
Animaux de zoos
Qu’un toubab défend
De squatter chez lui
Son paradis noir
Éden dérisoire
Où sévit l’ennui
Grand château de verres
Miroir d’alouettes
Bâti sur les terres
De victimes muettes
Vils conquistadors
Cruels matadors
Monstres avalant
Les destins errants

Je veux m’en aller là-bas, m’en aller là-bas, des mirages d’là-bas, en rêver ici
M’en aller là-bas, m’en aller là-bas, des mirages d’là-bas, m’enivrer

Dites-moi où aller, donc
Si l’exil n’est pas, bon
S’en aller périr, non
Ce serait un peu, con
Mais rester ici, non
C’est vivre de morts

Je veux m’en aller d’ici, m’en aller d’ici, du cauchemar d’ici, en trouver l’exit
Je veux m’en aller là-bas, m’en aller là-bas, des mirages d’là-bas, en rêver ici
Je veux m’en aller d’ici, m’en aller d’ici, du cauchemar d’ici, en trouver l’exit
Je veux m’en aller là-bas, m’en aller là-bas, des mirages d’là-bas, en rêver ici


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Castelmore   
8/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quelques belles trouvailles

Ville mal irriguée
Posée comme une crasse

Cultivant l’espoir
Et ses habits blancs

Monstres dévorant
De leurres épuisés
Faisant d’une bouchée
Les soleils levant

Et une strophe très réussie sur des Catalognes belles à croquer...

Bref du sens, des mots clairs , directs, avec un rythme nerveux soutenu par des pentasyllabes.

Si vous partez pour Barcelone...continuez d'écrire ici

   LeopoldPartisan   
9/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
thème souvent usité et parfois trop ressassé. Pourtant ici après un début un peu laborieux et des images déjà entendues de cet ennui sur fond de la solitude des citées, il y a une vraie poésie qui se dessine dans les rêves du "slameur", l'on décolle avec lui et l'on veut nous aussi "s'en aller d'ici" pour échapper à ce cauchemar climatisé des grands ensembles où l'on vit parqué comme du gibier au rebut. Dés lors l'écriture se libère et s'émancipe loin des leitmotifs cent fois entendus dans ce genre d'exercice. Perso, j'ai finalement bien apprécié avec un coup de cœur pour les "catalognes" et pour cette mise à nu du "slameur" qui sans pathos nous confie ce qu'il a vraiment sur le cœur. Bonnes vibs...

   Anonyme   
24/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Rap et slam, exutoires à la vie terne et sans espoirs de la jeunesse des cités.
" La moiteur des rues
Monte jusqu’aux nues " une image bien pensée pour planter le décor.

Intéressant, l'antagonisme entre la réalité poisseuse et le rêve d'une belle vie.

Ces vers courts se prêtent bien à la diction rythmée du rap.

Une petite remarque : peut-être que l'écriture choisie ne correspond pas tout à fait à l'expression des cités ; mais nous sommes ici en poésie et ce texte s'acquitte fort bien de son double rôle.

   Anonyme   
24/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Très réussi pour moi, c’est un clair obscur, l’obscur est ténébre et le clair est lumière éclatante...comme chantait Brel...J’allumerai ma guitare, on se croira espagnols...

   papipoete   
24/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
bonsoir wancyrs
je veux m'en aller d'ici où tout est sale, corrompu telle la rouille sur la ferraille !
Je veux m'en aller là-bas, où des mirages parlent de meilleur, où les filles sont belles, mais je n'approcherai ni conquistadors, ni matadors !
mais je veux aller là-bas !
Il ne me reste qu'à trouver la sortie de mon labyrinthe ...
Honduras, Syrie ... je veux partir de là !

   Robot   
25/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un slam qui posément nous présente cette soif d'ailleurs, cette aspiration à une autre existence souvent déçue des aspirants à l'exil obligé. Le texte n'en fait pas trop, juste ce qu'il faut de mot dessiné en toute simplicité pour nous dire cette envie de partir sous d'autres cieux. Quitter son pays ou quitter sa cité, c'est le même besoin d'une vie meilleure qui s'exprime je crois dans ce texte avec les mêmes regrets de ne pas obtenir ce qui était espéré.

   Pouet   
25/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

j'aime bien le thème qui lie l'envie, le besoin, de quitter un quartier déshérité et un pays, de mêler les fameux "migrants" et les jeunes des cités, enfin c'est ce que j'ai cru comprendre, mes excuses si ce n'est pas le cas.

Je trouve que le texte prend peu à peu son envol comme on dit.

J'avoue ne pas avoir été particulièrement emporté par la première strophe mais par la suite je me suis laissé prendre par le texte et ses images et j'ai vraiment apprécié.

Du rythme, du cœur: de la percussion quoi.

   solo974   
26/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour wancyrs,
J'aime énormément votre poème.
L'évocation - réaliste et crue - de l'univers que le narrateur veut quitter m'a personnellement beaucoup touchée, sinon émue aux larmes !
J'ai aussi particulièrement apprécié le leitmotiv et la façon dont vous l'avez modulé dans un premier temps ("Je veux m'en aller d'ici...", "Je veux m'en aller là-bas..."), puis "jouxté" dans la dernière strophe.
Un cri, une écriture très personnelle et parfaitement maîtrisée : une poésie en forme de coup de poing...
BRAVO À VOUS ET EXCELLENTE CONTINUATION !

   Lariviere   
28/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Wan,

Même si à la première lecture je suis resté sceptique sur la première strophe, j'ai apprécié ce slam bien rythmé, qui fonctionne bien en terme de tempo et de musicalité...

J'aime bien le contraste de forme entre les strophes au rythme binaire justement et leur effet "culbuto" par ailleurs très entraînant et la "liberté" apparente des refrains, très plaisant et très réussi dans leurs constructions et leurs rendu de rythme.

Sur le fond, c'est bien évocateur, un "face à la mer" de Passi version l'auteur ; le décor est posé avec malice et le choix des mots semble aisé : les images sont particulièrement réussi dans l'impact et la singularité dans le travail est récompensé à la lecture, car même si le thème est assez courant (et c'est tant mieux car il parle de choses fortes), j'ai aimé l'originalité et le rendu en terme de réalisation sur l'ensemble.

La catégorie slams/chanson n'est pas d'emblée ma tasse de thé poétique, mais quand c'est réussi, j'apprécie d'autant plus.

Mon éval. n'exprime ni le travail probable ni la qualité profonde de ce texte et de son écriture, mais plus la subjectivité entre mes goûts personnels et ma lecture.

Je remercie l'auteur de partager ses textes en lignes et je lui souhaite un bon travail dans sa démarche (toujours intéressante!) d'écriture.

   Queribus   
27/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un sujet archi-rebattu mais traité ici de façon très originale et musicale avec des pentasyllabes parsemés ça et là de vers de six syllabes et un très long refrain qui revient comme une litanie.
Je pense qu'il fallait beaucoup de courage (et de travail) pour traiter un tel sujet tellement galvaudé par d'autres en y mettant sa touche personnelle.: pari réussi à mon avis; poésie et slams se rejoignent habilement. Un petit bémol quand même: le texte m'apparait trop long mais c'est votre choix et il est tout à fait respectable.

En résumé de la belle ouvrage; une bonne musique d'accompagnement pourrait compléter le tout.

Bien à vous.

   JcJaZz   
28/10/2018
Quand j'ai lu ce poème, j'ai pensé au poème "Les Djinns" de Victor Hugo
Oui j'aime ce poème original et bien construit, aux très belles images poétiques
Tous les clichés sont là et pourtant tout coule, "'s'emboite" et s’harmonise totalement grâce à une écriture fluide, subtile qui n'en fait ni trop ni pas assez
Petit bémol : le refrain est un chouia long à mon goût bien qu'il ait toute sa place
Merci

   wancyrs   
28/10/2018
Un Topic de remerciement est ouvert sur le texte

   Quidonc   
30/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Wan,

Un peu tard peut-être, mais il n'est jamais trop tard pour ce qu'on veut faire.
Thème archi-rabattu ? Peut-être, mais il est décliné ici de façon vivante, avec un réalisme cru et c'est ce qui fait son charme. J'ai bien aimé l’ambiguïté des "idées noires".
J'ai également aimé le mot "toubab", l'homme blanc, qui renforce le coté vivant de ce texte. Et puis il y a le rêve de partir mais aussi le réalisme du narrateur. Il sait que son eldorado est un miroir aux alouettes mais il veut partir à tout à prix, quitte à être déçu.
Une belle lecture, pas facile,
Merci pour ce partage


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