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Poésie libre
willoudesmers : La nappe libre
 Publié le 04/04/22  -  8 commentaires  -  1255 caractères  -  101 lectures    Autres textes du même auteur

Monologue existentiel d'une nappe, un fer à repasser attaché à la patte.


La nappe libre



Être un linge seul, être un linge sale.
Prendre le vent, mettre les voiles.
Se repasser le passé, sécher les cours,
Les cycles de la machine à laver, le tambour.

Ne pas se plier aux règles, ne pas comprendre les règles du « je ».
Petite nappe n'est pas sage, aller au repassage !
Se faire tirer les angles, se réveiller, s'étirer, s'étendre.
S'assoupir lessivé, s'assouplir.
L'important c'est de sentir bon, pas de ressentir.

Oui papa, j'ai sali ton nom.
Mais s'il y a autant de taches sur le drap, c'est que je voulais laisser une trace de moi.
Je ne m'excuserai plus jamais d'être là,
Je ne m'excuserai plus jamais d'être moi, même si j'sais pas qui j'suis.

Faut qu'on arrête de s'planquer derrière des couvertures, faut accepter les déchirures.
Rabibocher les torchons et les serviettes.
Jouer un chiffon, une housse de couette.
S'en foutre de laver notre honneur, éclabousser de bonheur.
Saigner, transpirer. Ne pas vouloir se ranger. Faire des détours. Échouer à un concours.
Se prendre des portes, passer par la fenêtre.
Souiller les draps d'amour.

Alors linge seul, linge sale.
Mais linge libre, jusqu'au linceul.


 
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   Anonyme   
27/3/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
À mes yeux, votre poème a le mérite d'une bonne idée de départ, d'une spontanéité dans le ton, presque d'un cri, mais (toujours à mes yeux) il ne va pas au bout de son propos.
Je crois qu'il y a vraiment de quoi développer cette métaphore de l'humble linge de maison en élément rebelle de la famille ; cela vaudrait le coup, me dis-je, de creuser l'expression, chercher des correspondances, une cohésion, bref : un récit, comme vous y invite la catégorie dans laquelle vous présentez votre texte. Tel quel, il me laisse une impression d'inabouti et de manque de réflexion, de travail.

   Anonyme   
4/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour;

Pas mal du tout, j'aime bien l'idée et les sonorités sont bien trouvées. Linge sage, linge seul, linceul... Elle fait penser à une chanson française, l'Amour à la Machine.

Bravo

Anna

   Mintaka   
4/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Willoudesmers,
Une idée fort originale cette prosopopée d'un linge empreint de liberté. Une allégorie de la dictature?
On se prend tout au long de la lecture à trouver soi-même d' autres exemples qui pourraient compléter le catalogue, traduisant la richesse de l'idée première.
En tous les cas un texte très plaisant dans lequel je suis rentré rapidement.
Vais-je changer en celà mon attitude vis à vis de mon linge?
L'avenir me le dira.
Merci pour ce parfum de lavande

   papipoete   
4/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour wiloudesmers
En voici un chalenge de jouer sur les mots, leur donner leur véritable sens et son double ! Le linge dans tous se états au début, fait sourire quand la suite devient grave, prête à serrer le coeur...
NB chaque partie mérite une note propre ; la première strophe est ainsi fort cocasse alors que les lignes s'adressant au Papa, nous plongent dans l'absurdité des bonnes convenances.
Très originale composition que ces futilités du début, venant à se heurter à cette bienséance suivante.

   Corto   
4/4/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce "monologue existentiel" me régale.
L'image de la nappe utilisée pour construire une personnalité est une très bonne idée. J'attendais même que cette nappe s'envole, summum de l'incongruité et du désordre revendiqué.

Je vois du Claude Nougaro dans cette scène, le Nougaro de "Paris mai" où l'on entend:
"Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa"
"Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas".

Ici cela donne "Je ne m'excuserai plus jamais d'être là,
Je ne m'excuserai plus jamais d'être moi, même si j'sais pas qui j'suis."

Cette force développée pour qu'on reconnaisse qui je suis est très bien rendue.: ça part dans tous les sens même s'il faut "Se prendre des portes, passer par la fenêtre", mais surtout "Souiller les draps d'amour."
Elle a un sacré tempérament votre "nappe" au point d'aller jusqu'au bout:
"linge libre, jusqu'au linceul".

Grand bravo

   Miguel   
4/4/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je lis un peu ce texte comme une valorisation du "loser" : tout ce qu'il ne faut pas faire, tout ce qu'il ne faut pas être, on se console de l'être et de l'avoir fait en faisant semblant de s'en vanter. Mais l'idée de cette nappe métaphorique a son charme, et le poème offre quelques trouvailles.

   Cyrill   
5/4/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Il y a un bon rythme dans ce poème, martelant, ça secoue. Surtout le premier quatrain qui démarre fort, et le tambour de la machine n’est pas pour rien dans ce tempo.

Ça sent la contestation et l’affirmation de sa liberté, thèmes qui sont développés par la métaphore filée du linge, qui nous accompagne jusqu’au bout de la vie. J’ai beaucoup aimé ce parallèle. Fallait y penser.

Des formules qui font mouche aussi, comme «  Se faire tirer les angles, se réveiller, s’étendre » ou « Jouer un chiffon, une housse de couette »

Merci pour ce poème rageur et vindicatif.

   Eki   
18/4/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
C'est comme dans le tambour de la machine à laver, ça brasse beaucoup.

En vous lisant, je me disais qu'un type devrait inventer ça : un tambour intérieur qui laverait, essorerait, différerait nos regrets, nos émotions, notre temps...vidangerait même tout ce qui est un peu sale et nous entache.

On pourrait même y mettre de l'adoucissant...pour être plus doux avec soi-même, ce qui nous permettrait d'aplanir les angles...

J'aime bien l'idée de la nappe libre mais je n'ai pas trouvé de nappe poétique. Il y a de très bonnes idées mais mon ressenti reste l'énumération énergivore de ce texte.

Le message et la fin, j'aime bien.

Je vous laisse car j'ai du linge sur la planche.


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