J'ai le sentiment que dans votre poème se côtoient du bon et du mauvais, du point de vue de l'expression.

Le bon : une sensibilité intéressante (je veux dire, qui me touche) qui se révèle dans certains vers et images harmonieux à mon ouïe et mon imagination tels que ceux du deuxième quatrain, mon préféré, et
sa clarté gifle
Le rameur qui s’endort doucement au berceau
où le verbe gifler apporte selon moi du sel sans pour autant briser l'ambiance paisible.

Le mauvais : des vers au rythme boiteux (dans le sens où je ne parviens pas à les scander en alexandrins, ce qui m'apparaît en complet désaccord avec le sujet) comme
L’arpège argentin des laudes d’un jour nouveau
Et l’étang se berce tant qu’au long du jour sifflent
et la figure pour moi incongrue du poète qui ramène sa fraise à la fin. Quand je lis un poème contemplatif, voir au milieu du tableau le poète en train de s'y mirer me donne le sentiment qu'on m'a entraînée dans un piège, que sous prétexte d'admirer un paysage on me convie à une célébration à la gloire du poète ; ce n'est pas ce que je recherchais.

Je crois percevoir dans vos vers une force d'expression qui ne va pas au bout de ses possibilités, ce que je regrette.

Beaucoup de poésie dans ce texte bucolique qui véhicule, quiétude, douceur, sérénité, paix, avec élégance.

« Un étang » placé à l’entame des strophes, belle idée pour que le lecteur s’imprègne bien du lieu, de la beauté, du calme reposant et de l’atmosphère apaisante qu’il dégage.

Assieds-toi lecteur et regardes et réfléchis et penses pour te vider l’esprit.
De belles images qui font de beaux vers et un poème séduisant.

J’oublie les quelques fautes de prosodie ( rimes, hiatus, répétitions voulues ou pas…) d’ailleurs tolérées en contemporain, que je ne cherche pas et … j’apprécie.

Merci
En EL
Lebarde

Bonjour,

J’ai bien aimé ce poème ; je lui ai trouvé un air de chanson, avec les mots de début de vers « un étang » qui sonnent comme un refrain et permettent de lancer des images. Ces images apportent du lyrisme aux quatrains et donnent à la lecture une image presque documentaire au sens cinématographique du terme ; de ce fait, il est aisé pour le lecteur d’imaginer le tableau, de le percevoir animé tout en conservant la force de la poésie, l’impact des mots sur la lecture, le tout dans un format respectant la métrique et la rime. Je trouve que ce poème a de la tenue, du cachet.

Bravo !

Bonjour Yannblev,

Un poème où les mots sont agencés avec art, où les allitérations en "b" abondent et donnent corps à ce bercement évoqué.

J'ai aimé l'image du "lin de mariée" et les personnifications. Et l'entrecroisement des thèmes de l'eau et de la poésie.

C'est plein de douceur.

Un beau poème contemplatif qui évite de rester uniquement dans la description grâce aux images et aux métaphores qui parlent à mon goût de lecteur. Je me suis régalé des quatrains deux et trois. Je regrette seulement que le quatrième soit plus malaisé à déclamer.

Que de poésie ! Que de belles images et expressions ! On est sous le charme de cette nature, non idéalisée, mais vue dans sa réalité positive. L'étang, tel que je le connais, c'est tout à fait cela. Du charme à toute heure, une paix qu'on ne trouve que là. Dommage que quelques arythmies viennent altérer cette fluidité. Mais je craque pour le vers 8 (entre autres).

bonjour Yannblev
Quand tombe la nuit sur l'étang, ce décor au Soleil illuminé, prend la pose sous un éclairage nouveau, tout s'endort sur cette onde tranquille ; quelques rides où boit d'un dernier trait, le saule courbé jusqu'à embrasser le miroir. Mais le vent couché tout le jour, attendait le soir pour se lever... voilà que se herse sous la Lune, ce champ à Eole fiancé...
NB Ici, un pinceau en guise de plume qui va et vient sur l'étang, comme une chanson douce dans la nuit, où chante des laudes le friselis des vaguelettes contre la berge.
Un poème berceuse à chantonner piano, à qui sait écouter, à qui sait regarder et s'endormir émerveillé...
Tout est beau dans cette aquarelle, où chaque vers surenchère, semblant dire " attends, vois cet arpège, écoute mon aria "
Des dodécasyllabes enluminés, où l'absence de ponctuation ne manque point, tant la musicalité des vers coule de source...

Images, musique, eau, couleurs, ciel, arbres, barque, oiseaux, vent, poète...
et la magie de la poésie est présente à chaque vers, dans chaque quatrains.
Une jolie plume qui étire ses déliés sur le moiré d'un étang qui se berce.
Efficace et ravissant.
En contemporain je ne m'attarde pas à la versification, je serais obligée de tenir compte des règles officielles et cela casserait mon ressenti de la poésie de l'ensemble. Ici, cela a fonctionné positivement.

Je craque pour "l'arpège argentin des laudes d'un jour nouveau" !

Qu'il est bon d'être au bord de cet étang ! Et finalement, est-ce important d'essayer de voir miroiter son image dans ses eaux calmes ?
Que l'étang existe, voilà où est la poésie chantée par un beau poème.
merci de la lecture !

J'aime beaucoup cette image de « l'étang qui se berce où les saules vont boire » et toute la musique de ce troisième quatrain, tant elle est en parfaite harmonie avec le tableau bucolique peint par le poète dans sa contemplation où il m'entraîne en douce. Même si pour moi, un étang est plus vert que bleu...

J'aime, parce qu'il ne s'agit pas d'un poème béat devant le ciel, l'eau et les petits oiseaux, mais parce qu'il y a « la nuit qui replie ses sombres oripeaux » ; « le poème qu'écrit une hirondelle noire » et que cela met du sang sur la palette des couleurs.

Merci pour le partage, Yannblev.


Cat

Au fil des mots j'ai construit sans effort et avec ravissement ma représentation de cet étang, mon tableau intime s'enrichissant vers après vers de tous les éléments que vous nous livrez, et je me suis retrouvé quasiment physiquement immergé dans l'atmosphère de ce lieu. Une belle réussite que ce poème!
Voilà pour le ressenti. Question forme, j'emettrais une petite réserve concernant le rythme des vers 4,13, 19 et 20 qui dénotent un peu dans la belle harmonie de l'ensemble. A mon humble avis, et peu m'importe que ce poème soit présenté en catégorie "contemporain" il mériterait d'être bonifié par la correction de ces 4 vers.
Bravo et merci pour le partage

J'aurais, comme Socque dont je partage complètement l'analyse, une vision partagée du poème

J'aime beaucoup la musicalité, le choix lexical qui apportent vraiment ce que j'apprécie le plus en poésie à savoir une autre interprétation de la réalité. Le poète voit, interprète et décrit les choses différemment. Sur le fond c'est plus que réussi. J'apprécie l'anaphore et les métaphores, la personnalisation de la nature.

Mais je reste frustré par des vers boiteux qui nuisent grandement à la musicalité. L'absence d'hémistiche claire aux vers 4 et 19, l'hémistiche du 13eme vers qui se termine par un e muet. Enfin, effectivement, j'ai l'impression que le poète n'est pas à sa place en fin de poème. La description de l'étang était suffisante en elle même, et l'irruption du poète jette un voile sur l'authenticité du ressenti. En tout cas, c'est mon interprétation.

Il n'aurait pas fallu grand chose pour que je sois autant enthousiasmé que lors de votre dernière proposition

Bien à vous

Bonjour Yannblev,

De très belles images comme les 2 premiers vers et le 3e quatrain que je trouve le plus réussi.

Par contre, je m'interroge sur d'autres choix sémantiques.
Que veut dire : " murmure à la bonde" ( la bonde étant pour moi le trou d'un évier)
" le rameau qui s'endort doucement au berceau" ???
" Un vent léger souffle et brouille avec une herse" est aussi une image peu réussie à mes yeux.

Je ne suis pas très fan non plus de la répétition " d'un étang qui se berce "

Mon appréciation reste donc mitigée.

Merci du partage