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Chansons et Slams
Yannblev : L'îlienne
 Publié le 18/05/24  -  7 commentaires  -  3620 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur

« Tant que le cœur conserve des souvenirs, l’esprit garde des illusions » F.R. de Chateaubriand


L'îlienne



https://soundcloud.com/user-635068023-468361789/12-l_ilienne?si=f4b2a6e06d3d4e1182ed31ce5c148168&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing


Il est des chansons qui me viennent
Quand le soleil troue le matin
Ou que repliant les persiennes
D’un coup s’exhale le jardin,
Je me souviens d’un été louche
Qui n’était pas si bleu que ça,
L’herbe était verte dans les ouches,
Dame ! Il pleuvait deux jours sur trois !
La mer avait bien grise mine,
Portant le ciel comme un fardeau,
Sur la plage près des cabines
Se lamentaient les pédalos.

Des bernaches à tire-d’aile
Au vent se laissaient emporter,
Si j’avais pu fuir avec elles
Je ne m’en serais point privé.
J’avais le temps, la belle affaire
Que d’avoir du temps au crédit,
Surtout quand on n'a rien à faire
Que regarder tomber la pluie,
Tous les jours hormis le dimanche
Où l’on s’amuse en décomptant
Sous le clocher les coiffes blanches
De bigoudènes « brabotant ».

Je passais des soirées moroses
(Au sens théologien du terme)
Dans une taverne : « Chez Rose »,
Oh Rose qui jamais ne ferme.
Sous leur casquette bleu marine
Après quinze jours de mer pleins
Les pêcheurs y vidaient chopine
Sur chopine jusqu’à demain
En se racontant des histoires
De femmes, bien évidemment,
Mieux valait avoir l’air d’y croire,
D’ailleurs on y croyait vraiment.

Et peu à peu avec l’ivresse
Et ces racontars de fripons
On imaginait des caresses,
On voyait voler des jupons,
Bref ! on chiffonnait la routine
De trente longs jours de noroit,
Le cidre vaut bien l’aspirine
Quand on a la gueule de bois,
Au petit jour – la nuit ne dure –
Quand les marins rentraient chez eux,
On voyait tanguer les rayures
De leur vareuse blanche et bleue.

Un soir peu après les huit heures
Chez Rose elle entra à l’abri,
Dans sa petite robe à fleurs
Elle avait manqué le ferry,
C’était une fille des îles
Qui pour la nuit cherchait un toit
Et qui me demandait asile…
À moi ! Allez savoir pourquoi ?
Elle avait la voix claire et douce,
L’accent qui traîne du Léon,
La peau éclaboussée des rousses,
Blanche avec des taches de son.

Trois ou quatre bateaux passèrent,
Quand on s’aime on ne compte pas,
Les îliennes ont des manières
Que le continent ne sait pas,
Combien de nuits, combien de jours
Le beau temps a-t-on attendu,
Ai-je prié sainte Anne pour
Qu’il ne revienne jamais plus,
Pour que la pluie sur les ardoises
Jamais ne cesse de tomber,
Pour que dans le vent les armoises
Ne cessent jamais de plier.

Mais un matin par les persiennes
Le soleil rentra sur un trait,
Vite elle enfila ses futaines
Et se dirigea vers le quai.
Des yeux j’ai suivi le navire,
Vers les îles à l’horizon
Il disparut. C’est drôle à dire,
Elle ne m’a pas dit son nom,
Elle passa… Passez muscade
Et le rêve d’adolescent
Avec le temps on s’en persuade
Pourtant fut-il réellement ?

Il me reste une odeur de pommes,
Celle qu’exhalaient ses baisers
Et quand il pleut je la sens comme
Si elle dormait au verger.


 
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   Robot   
30/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une chanson poétique qui me paraît digne de la tradition des chanteurs à texte. Ils nous manquent tellement aujourd'hui ces troubadours auteurs-compositeurs dont la musique servait de soutien à de paroles émouvantes.
La chanson proposée est dans cette veine de la poésie chantée qui sait prendre au coeur.

   Polza   
2/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J’ai vraiment apprécié cette chanson, pour la version écrite en tout cas, pour être tout à fait honnête avec vous, je ne suis pas fan de la version chantée, les goûts et les couleurs !
Il y a un côté comédie dans la première partie qui ne se transforme peut-être pas en tragique à la fin, mais au moins en nostalgique, ce n’est pas pour me déplaire.
La versification en octosyllabes s’accorde bien avec la catégorie chansons et slams je trouve.

« J’avais le temps, la belle affaire
Que d’avoir du temps au crédit,
Surtout quand on n'a rien à faire » peut-être un peu trop de fois l’auxiliaire avoir sur tros vers consécutifs.

« Je passais des soirées moroses
(Au sens théologien du terme)
Dans une taverne : « Chez Rose » » je ne sais pas si c’est voulu, mais j’ai trouvé ça intéressant de parler de sens théologien du terme et d’évoquer le prénom Rose, j’ai fait un rapprochement avec la Rose-Croix.

« Quand les marins rentraient chez eux,
On voyait tanguer les rayures
De leur vareuse blanche et bleue. » j’ai eu un doute sur l’accord des couleurs. Après vérification sur le site « Projet Voltaire », voilà ce que j’ai trouvé : « « Si l’on parle de robes blanc et noir, c’est que chacune des robes contient à la fois du blanc et du noir.
En revanche, si l’on parle de robes blanches et noires, c’est que certaines sont blanches et d’autres noires, ce qui était aussi le cas des pièces du jeu de dames évoquées plus haut. »

« Elle passa... Passez muscade 
Et le rêve d’adolescent » je ne connaissais pas l’expression « passez muscade ». Peut-être pour éviter la répétition « passa/passez » aurais-je préféré quelque chose du genre « Elle est partie…Passez muscade »
« Il me reste une odeur de pommes,
Celle qu’exhalaient ses baisers
Et quand il pleut je la sens comme
Si elle dormait au verger. » j’ai adoré ces quelques vers qui concluent ce texte de bien belle manière, l’image est poétique à souhait.

   papipoete   
18/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Yannblev
Il est des souvenirs qui remontent, et viennent attendrir le coeur ; comme celui de cette fille qui débarqua chez Rose, cette taverne qui jamais ne ferme ; à se demander si la clef tourna un jour dans la serrure, pour en barrer le passage ?
Et les marins après une campagne, s'en viennent chez Rose, dégoiser sur les femmes qu'on voudrait, pour des nuits sans lune comme compagne.
Après quelques " bateaux " se délassant dans les bras de cette fille, l'îlienne plia bagage, et le héros en peine s'en souvient... cette odeur de pommes, qu'exhalaient ses baisers.
NB un récit sur un air qui va bien à ce texte, où bonheur et nostalgie se croisent, maniant tant d'images dans ce port aux bigoudènes...
comme celle-ci
- quand les marins rentraient chez eux, on voyait tanguer les rayures, de leur vareuse blanche et bleue -
j'ai apprécié dans la chanson, la parfaite diction du poète

   Corto   
19/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Vous nous faites passer un superbe moment. Que diable la pluie, il y a tellement de choses à vivre et pour une fois c'est le soleil qu'on a envie de maudire.
Et désormais je ne regarderai plus mon verre de cidre comme avant.

Texte bien écrit, tableaux vivants très réussis, mélodie entraînante avec en prime une belle voix.
Bravo.

   Roxanne   
21/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Yannblev,

J’ai bien aimé votre histoire au cours de laquelle des situations a priori négatives (un temps maussade, des longues soirées à tuer le temps dans une taverne, la solitude des hommes) sont les conditions nécessaires à une amourette de vacances si je puis dire.
Le passage sur le retour du soleil qui marque la fin de la relation m’a fait penser à la chanson de Brassens l’Orage. Chanson magnifique à mon goût.
La vôtre n’est pas en reste car beaucoup d’images sont très plaisantes.

Si je salue la performance vocale dont je suis bien incapable, je trouve que la longueur de votre texte mis en musique perd en vivacité. L’atmosphère de port breton dans laquelle baigne cette histoire pourrait coller avec un arrangement dans un esprit de musique irlandaise.

C’est juste mon ressenti car je ne sais pas si la version chantée est simplement là pour illustrer le texte ou représente la version finale.

Quoi qu'il en soit merci pour cette ballade au grès de vos souvenirs

Roxanne

   Graoully   
24/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J'ai pour habitude, étant un musicien médiocre et un chanteur lamentable, de ne jamais écouter l'enregistrement d'une chanson avant de poser mon commentaire, et de me concentrer uniquement sur le texte.

Quelques références - peut-être involontaires ? - à M. Delpech (Le chasseur) dans la deuxième strophe, Brassens (Le parapluie, L'orage) dans la strophe 6, et même Antoine Pol (Les passantes) à l'avant-dernière strophe.

Une bien belle chanson, où l'on ne s'ennuie pas, que les Bretons trouveront peut-être un peu stéréotypée par endroits (mais enfin : cela pose bien le décor) ponctuée d'un humour discret et qui se conclue par une délicate image.

Je reviendrai chez vous.

G.

   Yannblev   
14/6/2024


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