|
|
Anonyme
26/6/2021
a aimé ce texte
Passionnément
|
Pour tout dire j'aurais pu ne même pas lire ce poème célébrant un "Poète", avec majuscule s'il vous plaît, tant j'ai tendance à trouver superflu de créer un poème sur la création poétique. Et puis dès le coquelicot j'ai été happée. Quelle magnifique image ! (Pour moi.)
un coquelicot Défleuri s’imagine en pourpre le vent teindre Et la plaine au-delà, et l’Orient qu’on voit poindre Rouge chaque matin. Ensuite je suis allée d'enchantement en enchantement. Je trouve que votre poème foisonne de trouvailles tout en respirant la simplicité ; qu'il foisonne comme la vie, déconstruit le dodécasyllabe pour établir un rythme bien à lui, erratique tel le vol d'un papillon qui sait très bien où il va. J'ai été charmée de bout en bout. Deux bémols toutefois, en ce qui me concerne : 1) L'avant-dernière strophe qui me fait retomber brutalement de cet univers idéal, tout en mots rieurs s'ébattant à poil en plein Éden conceptuel. 2) La note sur « le Mai » ; je n'avais vraiment pas envie d'un instant didactique ! Oh, et puis ceci : la plainte des départs Dans le cri d’agonie d’un linge qu’on déchire. Vain diou, j'adore ! |
Ligs
8/7/2021
a aimé ce texte
Passionnément ↑
|
Bonjour Yannblev,
Quel tourbillon de mots... je me suis fait happer. L'anaphore est très bien choisie, le titre aussi. Beaucoup de jeu sur les sonorités, qui mettent les mots en vis-à-vis, ça j'adore. Par exemple : Lavis de pluies, lavis de pleurs les yeux dans l’eau, La vie à repeindre chaque jour de sa vie. Les deux dernières strophes montent en intensité, et apportent une conclusion belle et juste, ce n'était pas évident sur un poème d'une telle longueur... Bravo. |
hersen
8/7/2021
|
Un poème dans la lignée de tous ceux traitant de l'état d'âme du poète, du pourquoi, du comment, du quand, est-on poète.
Sans tous ces mots qui viennent la nuit en dormant, fugaces, que l'esprit attrape dans le vent des songes, que resterait-il du poète, de son âme , Un écrit que j'ai vraiment apprécié, qui, pour tout dire, dit "bien"; et bien des choses. merci de la lecture ! |
papipoete
8/7/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
|
bonjour Yannblev
Un poème à ne pas mettre sous les yeux, tant la richesse du vocabulaire pût sembler rébarbative ! Moi-même, avec mon Larousse et Littré me font mettre à la queue, de tous ceux qui attendent leur tour de savourer ces douceurs. Je suis " bonnet d'âne " devant tant de citations, à partir de mots dont l'auteur jongle à nul autre pareil ! même la nuit, dans ses rêves comme si le jour ne suffisait pas, il rêve en langue étrangère... NB ce texte est comme un numéro de music-hall, quand on croit avoir tout vu, l'artiste en rajoute une couche ! sous les oh ! les ah ! on reste pantois ! " pour tout dire, il n'avait que les mots " ; que fut-ce s'il eut des phrases... techniquement, je suis gêné par les enjambements multiples, que je ne prise guère en tout style d'écriture. je noterai pour le tableau dans son ensemble, même si souvent mon esprit au détour d'une ligne, perdit le nord... Les 5 premiers vers ont ma préférence ! Dans le final, souvent des mots me passent en tête, m'empêchant de m'endormir tant que je n'ai pas mis en place un tout-début de poème... |
jfmoods
8/7/2021
|
Le texte déploie, avec un certain bonheur, sous l'apparence première du dénuement (locution restrictive des vers 1, 5-6, 11, 18 : "il n'avait que..."), l'immense richesse de l'acte de création poétique.
I) Exprimer Être en poésie, c'est donner à voir au lecteur un monde intérieur, un large spectre de pensées, d'émotions, de sensations. C'est couvrir, par une multitude d'images, le vaste territoire des affects du coeur humain (vers 12-13 : "Arc-en-ciel sur sa peur / Bleue du vide sidéral", énumération des vers 13 à 15 : "Étrange palette / D’oiseaux, de forêts, de fruits, de fleurs, de tempêtes / Grises et noires sur des azurs abyssaux", assimilation par jeu de mots aux vers 16-17 : "Lavis de pluies, lavis de pleurs les yeux dans l’eau, / La vie à repeindre chaque jour de sa vie"). II) Célébrer Être en poésie, c'est dire la beauté du monde qui nous entoure, en particulier la beauté de la nature (comparaison des vers 2 à 5 : "comme un coquelicot / Défleuri s’imagine en pourpre le vent teindre / Et la plaine au-delà, et l’orient qu’on voit poindre / Rouge chaque matin"). C'est afficher sa foi dans l'avenir (comparaison des vers 6-7 : "comme le Mai* / Planté devant la porte avec des espérances", chiasme du vers 8 : "D’autres enfants demain, demain d’autres naissances") et dans la prospérité (lexique de la récolte aux vers 9 et 10 : "D’autres moissons", "nouveaux faucheurs", "de nouveaux blés"). III) Dénoncer Être en poésie, c'est encore brandir le drapeau de l'indignation. C'est combattre par la plume l'arbitraire, l'intolérance, la barbarie qui gangrènent notre relation au monde, sapant notre exigence de liberté (expression de la nécessité aux vers 27 à 29 : "Quand parfois il fallait appeler chiens les chiens, / Les salauds par leur nom, sans pitié ni chagrin", antéposition significative du complément du verbe au vers 29 : "D’opprobre rhabiller les dogmes et les cultes", lexique de l'emportement verbal aux vers 30 à 33 : "insulte", "crachat de l'aspic", "soufflet de forge", "colère ignée"). IV) Révéler Être en poésie, c'est aussi, sous la férule d'un style au ressort complexe (image de l'extrême désordre auditif aux vers 18 à 20 : "les charivaris / Sonores et confus de ses mots de musique / Dévalant en tintant", phrase nominale des vers 20-21 : "Cascade diatonique / En lui"), donner à voir la profusion apparemment indéchiffrable du monde (énumération des vers 20 à 22 : "Ruisseaux bavards, bruits de coeur sous le sein, / D’ailes au pigeonnier, froissements de satin", complément de but des vers 23 à 25 : "Pour décrypter le petit jour, rires, fanfares / Pour faire la fête et la plainte des départs / Dans le cri d’agonie d’un linge qu’on déchire"). V) Inventer Être en poésie, c'est, enfin, devenir le réceptacle, la caisse de résonance du monde extérieur (image du flux obsessionnel des vers 34-35 : "des mots revenant chaque nuit / Dans ses rêves"). En quête de beauté formelle, le poète, artisan du verbe, s'alimente de vocables (vers 35-36 : "Des mots de langues étrangères / Ou d’idiome inconnu"). Il les forge pour leur donner sens et force (vers 38-39 : "suaves poèmes / Que lui seul comprenait"). C'est un alchimiste du langage qui invente et renouvelle les images. Il peut ainsi transformer la laideur du monde en beauté. Merci pour ce partage ! |
Anonyme
14/7/2021
a aimé ce texte
Passionnément
|
Je ne suis pas très loquace dans mes commentaires .. mais je dois avouer que ce Poète endormi m'a charmée du début à la fin .. j'y ai vu passer des images et des émotions sensibles .. des états d'âme à fleur de peau ..
|
Raoul
19/7/2021
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonjour,
Superbe poème où tout coule de source, où la richesse et la précision du vocabulaire évite moult adjectifs. La ref. à Queneau est tout à fait justifiée par le traitement du langage et du mot à l'œuvre dans ce poème. Un flot de pensées/conscience expressif, parfois même lyrique, tout à fait maîtrisé en tous cas. J'adore "ruisseau bavard, bruit de son cœur sous le sien", "Arc-en-ciel sur sa peur Bleu du vide sidéral. Étrange palette" "Le crachat de l'aspic..." Mais je citerais presque tout... Merci beaucoup, vraiment, pour cette lecture. |
Anonyme
23/7/2021
|
Je n'aime pas particulièrement gâcher cette fête, surtout que je sens un sang fraternel dans ces vers, que le ton m'y est juste et que l'on sent la réflexion, mais musicalement ces dodécasyllabes ne provoquent rien en moi. C'est peut-être trop prendre au sérieux la citation en exergue qu'imaginer que l'alexandrin est né de l'amour, que le verbe ne se doit pas torturer par un travail despotique et cruel, et que Verlaine est mort.
Je ne me veux pas offensant par ce message et espère qu'il sera entendu pour ce qu'il est : une demi-teinte du regard par écho de Nuance. |
Yannblev
27/7/2021
|
|