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Queribus
6/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Votre écriture très moderne m'a fait penser très curieusement à Rimbaud et à son Bateau ivre. J'y ai trouvé de très belles images poétiques: "la beauté est un champ immense", "il s'arrête quand commence la forêt", "on ramasse sagement des fleurs sous les étoiles", etc, etc.(en fait la totalité du texte). celui-ci mérite d'être relu plusieurs fois pour la beauté des mots et du texte. Une seule petite remarque: pourquoi cette absence de points après longtemps et champ du beau ? En résumé, une belle réussite et de la modernité bien assimilée dans un beau texte poétique. Bien à vous. |
Donaldo75
22/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour YvonneDesMoulin,
J’ai beaucoup aimé cette poésie en prose ; la phrase de début lance le sujet, comme une vérité première mais sans la prétention ou les fioritures d’un corps professoral. Elle est suivie de vers d’égale intensité jusqu’à la seconde vérité première. « Nous ne sommes pas égales devant le champ du beau. » Je n’ai rien contre les vérités premières mais il ne faut pas en abuser dans une poésie, sinon elle risque de virer au traité de philosophie ou au discours politique. Ici, heureusement, arrive une phase plus narrative qui décline cette vérité ; et puis le rythme et la tonalité changent. « J’ai couru de toutes mes forces. Des mains rugueuses et des ventres trop mous m’ont plaquée contre le sol. La poussière rentrait dans ma bouche. Elle devenait liquide, avec un goût de cendre. De la sueur imprégnait ma peau, de la salive se collait à mes cheveux. » C’est là que le poème décolle réellement ; cela n’enlève rien à ce qui a précédé car il fallait bien démarrer progressivement, ne pas plaquer le lecteur contre le mur et lui injecter derechef cette poésie dans les neurones. Quoique, j’aurais personnellement préféré mais peut-être ne suis-je qu’un masochiste déguisé en lecteur. Qui sait ? Bref, la suite confirme cette tonalité et la force de cette poésie, l’impact qu’en a sa lecture sur mon impression de lecteur, et tout le tralala. Bravo ! |
Corto
22/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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La beauté et l'horreur.
La vie et la mort. Cette dichotomie est annoncée dès les premiers vers sans qu'on s'en aperçoive vraiment: "La beauté est un champ immense. Il s’arrête quand commence la forêt. On n’y reste jamais très longtemps." La suite éclairera d'un jet acide aussi bien le jour que la nuit "Il y avait des corps dans la grande cathédrale." "Des mains rugueuses et des ventres trop mous m’ont plaquée contre le sol". L'auteur a su trouver les mots qui parlent, qui montrent le ressenti extrême "Dans la forêt, il faisait si sombre qu’on ne savait plus si c'était le ciel ou la terre qu'on verrait s'ouvrir." Jusqu'à la phrase finale, extrême, définitive, résultat d'un passage dans un violent cyclone physique et mental "Depuis ce temps-là, mon corps et mon âme ne se sont plus jamais retrouvés dans la même pièce". Le style est très précis, ajusté, ciblé sur l'essentiel. Grand bravo YvonneDesMoulin. |
Anonyme
22/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour,
Très beau poème aux allures de fable. Le réel y est sans cesse transfiguré par des phénomènes irréels : " il y avait le soleil dans une soupière" ou " sous le vacarme acerbe des dents rouges du soleil" ; le réel semble tellement insupportable que le "je" ne peut que le refuser comme le dit bien la dernière phrase où apparaît le phénomène de dissociation corps / âme familier des personnes traumatisées. C'est troublant et fort. L'écriture est musicale avec des rythmes ternaires . (J'ai associé ce poème à un épisode qui aurait pu se dérouler pendant la Shoah. C'est le fait de mon imagination. ) Merci pour le partage |
papipoete
22/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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bonjour YvonneDesMoulin
( j'aime beaucoup votre nom d'emprunt ) " la beauté est un champ immense " où l'on voudrait monter son campement, mais le bois qui le borde, tendant ses ramures vous attire irrésistiblement... NB le développement de votre poème, parlant du " sublime ", demande un minimum de bagage littéraire, que j'ai laissé traîner dans un couloir du lycée... il y a très longtemps ! C'est pourquoi j'aurai bien du mal à savourer vos images ? mais cela est si bien montré, " ça fout la trouille ! " la traversée de la cathédrale avec ses cadavres, qui bougent tendent leurs doigts crochus ! la musique de " The Wall " par Pink Floyd pourrait accompagner à merveille votre récit ! même si je n'ai pas tout décrypté, l'atmosphère m'a beaucoup plu ! |
Provencao
22/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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" Et un jour, le rideau des feuilles s’est percé."
Sublime poésie, qui ne peut nous laisser indifférent.... Il y a une poésie de la beauté et de l’horreur comme il y a de la beauté et de l’horreur en la poésie. La conscience poétique se décline comme une conscience de la constance. La poésie de la constance évoque avec un écrit retenu, dans l’apaisement de la pensée, le plus approprié d’où naît l’embellie de vos mots. J’ai aimé cette conscience comme une conscience intérieure. une conscience presque discrète. Votre mouvement poétique adapté se laisse déconcerter par l’essence infinie qui se voile avec aménité. Avec le regard de la beauté et de l’horreur perdue, vous nous invitez, très bien, à découvrir l’éclat du réel et de l'irréel . Au plaisir de vous lire Cordialement |
Zeste
22/4/2020
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Bonjour,
Le sublime, ou l'ambivalence de l'être dans ce magnifique poème! Le thème semblant être la lutte de l'être à surmonter l'ambivalence dans la quête du beau. J'ai beaucoup d'humilité à commenter car j'ai conscience que l'accessibilité à ce texte n'est pas si évidente de prime abord. J'y vois en fond, la ""lutte" permanente, inconsciente, et qui fait notre vision intime du monde qui nous entoure, où pulsion et ambivalence du sentiment sont mises en exergue dans ce poème, et ce, de manière subliminale. |
Castelmore
22/4/2020
a aimé ce texte
Passionnément ↓
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Expérience personnelle -Passage de l’adolescence à l’âge adulte, viols répétés subis pendant de longues années - où drames collectifs, -guerres, massacres, extermination- ?
Peu importe... Le vécu personnel tend à l’universel et le collectif emporte le privé ... L’expérience de la narratrice nous est contée au travers d’images prenantes qui bien que déjà utilisées par d’autres auteurs sont terriblement efficaces: première expérience du mal au sortir du beau ... fausse sortie ( le banquet du sublime) qui n’est que l’acmé de la souffrance ( une trahison peut-être) « délivrance » au bout du chemin mais marquée par la souffrance pour toujours corps et âme « plus jamais dans la même pièce »... Le fond est émouvant, la langue riche, les images convoquées puissantes dans leur mise en mots, le titre magnifique... et quelques passages d’un lyrisme envoûtant malgré les situations décrites. Voilà ma lecture et mon ressenti. Un très beau texte ! Merci pour le partage. |
Anonyme
22/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour YvonneDesMoulin,
votre récit a un goût sucré-salé comme s'il y avait une petite sauce Anderseno-Lovercraftienne.Elle pourrait être Carollienne aussi bien, mais avec un titre comme 'Alice au pays des horreurs'. Bref, j'ai aimé la large focale de votre écriture, ce qu'elle exhume, ce qu'elle enterre, ce qu'elle invente et ce qu'elle laisse librement à imaginer. Merci. |
Raoul
23/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Un beau texte, assurément, au ton de fable, dans lequel le passage du temps, une violence subie - ou perçue comme tel -, se termine par des errements... Très forte cette idée de la tête et du corps jamais dans la même pièce. La mise en place puis le déroulement sont fluides, de la clairière métaphorique, on ne saura presque rien, aucun détail et artifice pour la magnifier, de la forêt non plus, mais par les mots on les ressent. On n'est pas dans le dit, on est au delà. La composition est précise, et les images très maîtrisées, très "justes" - pluie d'yeux (concupiscence) hostiles ou ce "soleil dans la soupière" à la fois régénérateur et menaçant lui aussi...- ne deviennent pas lyriques, elles restes des notation justes et équilibrées. Je lis un texte violent, sur l'épuisement, c'est comme cela que je l'ai perçu en tous cas... Au delà de la lecture psychologisante, le texte est d'une poésie organique et sensuelle. Un commentateur me précédant développe un parallèle avec Rimbaud et je suis assez de son avis. (juste un bémol sur le titre...) Merci pour cette lecture, elle résonne depuis un moment. |
jfmoods
23/4/2020
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Le texte dessine un parcours initiatique où l'histoire personnelle d'une femme ("je") rejoint l'histoire de toutes les femmes ("on", "nous").
Le champ figure la force d'un idéal porté par l'enfance et le début de l'adolescence. La forêt, elle, est inquiétante. Elle symbolise le monde des adultes, c'est-à-dire le monde des hommes. M'en approcher, c'est m'offrir à des prédateurs ("Des mains rugueuses et des ventres trop mous m’ont plaquée contre le sol", "De la sueur imprégnait ma peau, de la salive se collait à mes cheveux"). Et même si je me relève de ce traumatisme-là, à quoi puis-je prétendre ? Y a-t-il une place pour moi au festin de la vie ? Non. ("Quand j’ai voulu boire du soleil, des mains sombres m’ont retenue."). Dès lors, le titre du poème ("Le banquet du sublime") ne peut plus résonner que comme une métaphore grinçante de l'enfer psychique, de l'idéal souillé à jamais. Merci pour ce partage ! |
David
23/4/2020
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Yvonne,
C'est un poème étrange, onirique, il ressemble à un souvenir de rêve endormi, un cauchemar même. Il y a cette distinction entre la plaine et la forêt, l'une symbolise la beauté et l'autre, des ténèbres, des angoisses. Je pense à eux aussi comme des symboles du rêve et de la réalité, de l'enfance et de l'âge adulte, d'un monde imaginaire et merveilleux de petites filles face à un autre unanime et implacable. Il y a quelque chose d'épique dans les propos, je pense à une histoire de chevalier qui descendrait aux enfers. Comme pour une pièce de théâtre, j'ai trouvé deux moments forts, l'un qui débute avec "j'ai couru... " et qui m'évoque une sorte de viol, et l'autre, celui qui reprend le titre, et qui m'évoquerait presque un mariage. Je pense à une histoire de prise de conscience, même paradoxalement de liberté, malgré les "oreilles tombées", comme celle de Van Gogh dont le poème a un peu le même flou que ses tableaux, et malgré le vers final, sépulcral et très beau. Je tente de cadrer et de quadriller mais je ne comprends rien de définitif, il y a la beauté, le sublime, le banquet, des tortures, c'est complètement extravagant ! |
Anonyme
24/4/2020
a aimé ce texte
Un peu ↑
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Je serai partagé. La sensibilité est indéniable, vous sentez ce que vous évoquez. Ce n'est pas rien, c'est beaucoup pour ici, il faut persévérer. L'ensemble néanmoins n'est pas mûr et l'écriture vagit, inconsciemment ou consciemment, dans les langes rimbaldiennes.
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emilia
24/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Une poésie en prose à remarquer car les propositions se font plutôt rares dans cette catégorie et dont le titre attirant « Le banquet du sublime », ainsi que la citation d’Anna Akhmatova (symbole de la résistance à l’horreur) ne peut que susciter l’intérêt. Face au « champ immense de la beauté », l’horreur de la forêt où règnent la peur, des corps gisants, des violences, où les « arbres sont morts / la terre tachetée de sang », où la narratrice doit courir pour se cacher, consciente de l’inégalité à affronter pour « certaines d’entre nous », jusqu’au jour où, tel un rideau de théâtre se lève, « le rideau des feuilles s’est percé », en quête du « sublime banquet » (peut-être une allusion au banquet de Platon où la beauté nait de l’amour et du mystère initiatique…)
Une seconde rupture intervient avec l’expression « je me suis retournée… » décrivant une vision extravagante et surréaliste : « des yeux noirs et grands qui remplaçaient la pluie/le soleil dans une soupière… qui riait si fort/ mes oreilles sont tombées… » ; un retournement évoquant un peu le mythe d’Orphée et Eurydice (qui, suite au fait de s’être retourné a perdu son amour, en a été séparé…), comme « ce corps » et « cette âme » qui ne se sont plus jamais retrouvés dans la même pièce » ; une écriture qui surprend, interroge, résonne des mythes fondateurs et laisse une trace forte… |
tundrol
15/5/2020
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour
Grande tristesse, je pense, en particulier avec ce sentiment à la fin: 'Depuis ce temps-là, mon corps et mon âme ne se sont plus jamais retrouvés dans la même pièce.' Le parcours est difficile et difficile à suivre, très personelle, mais plein d'images intéressantes, parfois bizarres, surréales, contradictoires d'une manière à présenter des confusions de classement: 'des yeux noirs et grands qui remplaçaient la pluie', 'le soleil dans une soupière','mes oreilles sont tombées'. C'est une réalité bien fracturée, et parfois très violente. Personellement, j'adore l'idée que l'homme / la femme se ballade dans un paysage simple: le champ, la forêt, le bois, le village, la cathédrale, la soupière, éléments mythiques et juteux, pleins de significations que nous ressentons tous. J'aime aussi le fait que vous observez tout sans apitoiement. Start again! Merci d'avoir partager ce poème. |