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Poésie contemporaine
Zefhyr : Sa main dans mon dos
 Publié le 06/07/16  -  10 commentaires  -  1275 caractères  -  177 lectures    Autres textes du même auteur

Un poème pudique.


Sa main dans mon dos



Sa main dans mon dos, souvenir impérissable,
Me poussait en avant, c'était un père aimable,
Sa main dans mon dos, quelle chaleur rassurante,
Me retenait, moi l'enfant, loin des pensées troublantes.

C'était mon père et je l'aimais tant, il me guidait sur le chemin,
Je ne le voyais rien qu'un peu chaque soir, quand sonnait l'étain.
C'était mon père, moi l'un de ces enfants, en mon âme je gémissais
Et je craignais, entre peur et espoir, de perdre ce père que j'aimais.

Sa main dans mon dos rassurait mes peurs,
Caressait ma colonne, jusqu'à toucher mon cœur.
Sa main dans mon dos me disait toujours : "Sois sage",
Et moi élève si bonne, je fermais les yeux à tous les orages.

C'était mon père lorsque j'étais petite, il m'a appris ce qu'est le bien
Et pour chasser le mal qui me menaçait, toujours plus profond en mon sein,
C'était mon père, plongeant fort et vite, dans mon âme frémissante,
Ses caresses, comme des étais, gardaient, cloîtraient mon âme hésitante.

Sa main dans mon dos, souvenir abominable,
Faisait couler la sueur, c'était un père intraitable,
Sa main dans mon dos, comme une marionnette,
Tint longtemps mon cœur et viola mon être.


 
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   papipoete   
14/6/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
contemporain
Dès le premier vers, je devine l'objet du récit, et tremble en lisant ces vers .
Cet amour que l'enfant porte à son père, qui ne peut que la chérir, l'entourer, la protéger du mal est plus fort que tout !
Pourtant, cette main de velours caressant le dos de la petite, devient monstrueuse, écrase un coeur pur, et viole à jamais le corps et l'âme d'un ange ...
Point de termes sauvages pour évoquer l'abomination, mais des lignes qui glacent, étreignent les sens .
papipoète

   Anonyme   
25/6/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte dur sur un sujet difficile.
Je trouve que l'auteur s'en sort vraiment bien. Effectivement tout est dit de manière pudique.
Chaque strophe laisse un indice du malaise malgré l'apparente innocence et naïveté des vers jusqu'à la strophe finale qui confirme les terribles faits.
Je pense ceci dit que le dernier vers malgré une bonne entame est affaibli par : "et viola mon être" et c'est dommage à mon sens d'utiliser le verbe - violer - car la dernière strophe était de toute façon assez explicite.
Mais dans l'ensemble le texte se tient bien.

   meryem05   
6/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour,
vous avez très bien mêlé deux thèmes opposés, celui de l'innocence et celui de la cruauté.
je n'avais pas prévu pendant ma première lecture du poème cette chute, je croyais que vous étiez en train de faire tout simplement l'éloge du père, mais la chute était très bien travaillée, elle crée l'effet de surprise chez le lecteur.
tout le long des quatre vers, c'était une antiphrase, vous avez dit le contraire de ce que vous pensez, mais c'était seulement pour "banaliser le père" enfin comme si vous étiez en train de vous moquer et blâmer; quoique douloureusement le père. (c'est ce que j'ai ressenti en le lisant une deuxième fois), puis dans la dernière strophe vous nous "balancez brusquement" l'élément de surprise.
en outre j'apprécie beaucoup les deux premiers vers de la première et la dernière strophes, il me semble comme un parallélisme antithétique:
souvenir impérissable/c'était un père aimable.
souvenir abominable/ c'était un père intraitable.
en plus le sujet traité, c'est vraiment très important d'en parler.
c'était bien traité et travaillé!
bon courage!

   Anonyme   
6/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tout au long de ma première lecture je pensais à l'amour d'une petite fille pour son père ; jusqu'à la gifle du dernier quatrain.
A la seconde lecture, on découvre, à chaque strophe, que l'innommable est évoqué avec finesse et pudeur.
" Sa main dans mon dos rassurait mes peurs,
Caressait ma colonne, jusqu'à toucher mon cœur.
Sa main dans mon dos me disait toujours : "Sois sage",
Et moi élève si bonne, je fermais les yeux à tous les orages. "

   MissNeko   
6/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle chute ... A la seconde lecture on ressent quelque chose de dérangeant dans chaque quatrain.
Une dure réalité évoquée avec pudeur : un poème entre perversion et innocence. Il est dérangeant mais comment un tel sujet ne pourrait pas l être ?

   Robot   
6/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a de l'ambigüité morale et subtile dans ce texte, jusqu'au choc de la dernière strophe.
Pudeur pour désigner le crime, pudeur pour exprimer l'indicible de la douleur "abominable" du souvenir.
La force de ce texte est dans la retenue, dans ce langage qui désigne la dérive de la tendresse paternelle vers l'acte inqualifiable.

   Vincente   
6/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonsoir Zefhyr,

Votre première strophe m'a inquiété, votre plume semblait si tendre, attendrissante. Mais avec sa fin dite "troublante", m'est réapparut le "pudique" de l'incipit. J'ai alors gardé jusqu'au bout cette peur qui m'a paru longue, signifiant l'éternité du temps ressenti de vos douleurs enfantines. Vous nous délivrez à la toute fin de votre poème par le mot sans appel qui n'a pas su parler dans vos jeunes années, ce mot sans ambiguïté qui vous libère aujourd'hui des ambivalences abusives de votre marionnettiste.

L'écriture est hésitante, l'on sent votre gorge nouée, puisse cette évocation vous aider !
Soyez sûr que nous serons avec vous à l'écoute pour vous lire !

   VDV   
6/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte qui m'étreignit le coeur !

À la lecture des quatre premiers quatrains, je ressentais avec douceur cet amour gratuit et pourtant tellement riche qu'un enfant peut éprouver envers un père protecteur et rassurant.
Ensuite vint le retournement de situation au dernier quatrain qui me fit, non pas un effet de surprise, mais un véritable choc, même si je ne compris pas tout de suite de quoi il retournait, en rapport à la "cohérence narrative", si je puis m'exprimer ainsi. (Peut-être que le déclic aurait été immédiat et plus bouleversant encore si le dernier quatrain avait été écrit au passé simple ?)

Une lecture intéressante, qui me touche et me donne de bons sentiments envers l'auteur et tout autre être humain en épreuve difficile.

Je te félicite Zefhyr pour un partage aussi dur exprimé avec tant de douceur.

   Solstitium   
7/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Zefhyr,

Ton poème m'a donné des palpitations dans une troisième lecture assez saisissante.

Tout d'abord pour les sentiments, de cette fille envers son père, qui se confondent entre l'amour et la haine :

"C'était mon père et je l'aimais tant, il me guidait sur le chemin,
Je ne le voyais rien qu'un peu chaque soir, quand sonnait l'étain.
C'était mon père, moi l'un de ces enfants, en mon âme je gémissais
Et je craignais, entre peur et espoir, de perdre ce père que j'aimais."

Puis quand je me suis aperçu qu'il pouvait convaincre sa fille qu'en pleine tempête, les nuages dévoilent l'Amour du ciel et de plus, que tu ne la subis pas lorsqu'elle fait rage :

"Sa main dans mon dos rassurait mes peurs,
Caressait ma colonne, jusqu'à toucher mon cœur.
Sa main dans mon dos me disait toujours : "Sois sage",
Et moi élève si bonne, je fermais les yeux à tous les orages."

Après par une prise de conscience où la fille se dit que ce que son père lui fait n'est pas forcément bien :

"C'était mon père lorsque j'étais petite, il m'a appris ce qu'est le bien
Et pour chasser le mal qui me menaçait, toujours plus profond en mon sein,
C'était mon père, plongeant fort et vite, dans mon âme frémissante,
Ses caresses, comme des étais, gardaient, cloîtraient mon âme hésitante."

Et alors le dernier quatrain certifiant une fille amoureuse de son bourreau qui s'est aperçu plus tard de l'atrocité d'une telle relation.
C'est terrifiant!

Ce poème me trouble d'autant plus que j'aime à le lire.

Solstitium

   Anonyme   
9/7/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Cruelle déception, je trouvais tellement attendrissant cet éloge au père, ce type de père que je n'ai jamais connu. Et puis patatras, le final amène le sordide, brise violemment les apparences. L'effet de surprise est donc réussi.
Au niveau de la forme c'est assez inégal, avec des quatrains plus harmonieux que d'autres. Assurément une poésie qui frappe plus par son contenu que par sa prosodie hésitante.


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