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Poésie contemporaine
zenobi : Fluviales
 Publié le 12/06/12  -  5 commentaires  -  2237 caractères  -  97 lectures    Autres textes du même auteur

Quelques petits poèmes gravitant autour du thème énoncé par le titre.


Fluviales



« … et les trois-mâts gracieux lèvent l’ancre, appareillent »…
M.B.

1

On s’en va tous et c’est pareil


Sur le fleuve du temps, d’une rive l’autre ballottés, nos bateaux, nos radeaux, nos coquilles de noix défilent en sens unique.
Le destin d’un Bombard, celui de La Méduse, pareillement, nous seront refusés. Et si nous évitons, parfois et l’expérience acquise, des rochers, des rapides, nous demeurons des passagers.
Le dernier rat vient juste de quitter le navire. Alors, on se jette à l’eau, que l’on soit mousse ou capitaine ; alors, on se jette à l’eau et puis l’eau se referme. S’effacent aussitôt les rides du passage, elle est lisse à nouveau, elle coule, elle glisse. Alors, qu’importe que l’on soit mousse ou capitaine, lorsqu’on se noie on s’en va tous – et c’est pareil.





2

Tout est flux tout est fleuve
tout est mue tout peaux neuves
tout affleure et puis reflue
ce qui est déjà n’est plus


Tout est flux tout est fleuve
tout est mû que n’émeuvent
ni le tu ni le su
Ce qui est déjà n’est plus


3

Pour B.F.


être cocher
ni rocher ni nocher
ricochet
celui qui laisse aller
l’être vers ce qu’il est


4

Flue l’heure après l’heure
fluide fluvial – leurre –
tandis qu’à la surface, défaut des flots, la fleur
(immobile et fugace) affleure.




5

Fluvial est notre dit dans la noise jeté
rus, rivières, torrents – marécage enlisant
mon flux, ma danse, mon rythme ressassés
denses galets, pierres polies – tout emporté !
enfoui ou gommé – au gré du lisant.






6

pareille à la bave insigne du limaçon
le lit du dit – ce fil – subsiste-t-il ?
de nos amours, un jour, qu’en reste-t-il ?







7

Que mes mots soient l’écueil
où la barque a buté
pauvre petit recueil
qui sied aux condamnés



 
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   Anonyme   
21/5/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Je suis dubitatif devant ce texte qui s'il a la fleuve comme unité, manque quand même de liant d'un paragraphe à l'autre.
Certes l'eau est présente sous des formes variées, amie ou ennemie, drôle ou sombre, mais je ne ressens aucun lien fort.

C'est aussi je pense en partie dû à l'inégale qualité entre les parties.

La 1 est banale, bourrée d'évidences et de clichés, ce qui d'ailleurs coupe l'envie de rentrer dans le texte.
La 2 est belle, rêveuse,. Les 3-4 et 5 sont correctes, sans reliefs vraiment, mais avec des jolies choses.

Les deux dernières sont fades, banales sans reliefs.

Bref, un ensemble trop inégal et sans assez d'unité pour moi.

   Anonyme   
29/5/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Le titre nous amène à penser que le voyage se fera au long d’un fleuve et la première partie nous entraîne au large ce qui m’a déconcertée.
« On s’en va tous et c’est pareil » séparée des autres paragraphes : on attendrait une suite, « pareil » que quoi ? Et ce mot « pareil » est assez disgracieux, à mon goût; s’il peut évoquer l’appareillage d’un navire, on le retrouve souvent et ça me gêne un peu.
Le mélange de la mer et du fleuve sont un peu disharmonieux à la lecture. Le parallèle entre ce fleuve de vie et l’écriture ainsi que les amours ne me semble pas très fluide et pourraient faire l’objet de deux, voire trois poèmes distincts.
Les différents paragraphes sont des bribes de vie, des éclairages sur ce fleuve du temps. Cependant le lien entre tous manque un peu.
Si le fond du poème repose sur de bonnes images, la forme est par moment un peu trop convenue.
La recherche des allitérations me semble une belle idée et les répétitions évoquent le mouvement de l’eau.

   Anonyme   
31/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai été vraiment séduit par ce texte qui m'a enchanté, embarqué sans répit. Barque des condamnés où tous les écueils sont possibles, le tout dans un flux et un reflux où la musique est toujours présente. Merci pour cette lecture.

   funambule   
12/6/2012
Une compil perso? Aphorismes mêlés à des choses plus visuelles? Forcément l'auteur est "lien" mais quelque chose de décousu tout de même demeure qui égare le lecteur entre les jolies choses à lire. Les "bribes" séparément m'attirent, me parlent... l'ensemble désamorce l'intérêt.

Quelques mots en passant et aucun jugement! Il est des lieux pour tout, certains pour les mélanges.

   brabant   
18/6/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Zénobi,


Pourquoi avoir choisi de laisser les initiales M.B. et B.F. réduites à leur simple expression, mystérieuses et laissant le lecteur dans l'ignorance ? Initiales de (d'un) écrivain, adresse à une connaissance. Le lecteur se sent intrus face à cette confidentialité.


Le thème, "Fluviales", renvoie aux cours d'eau, aux fleuves. Or le "1", Bombard (et son Zodiac) et le Radeau de la Méduse renvoient à la mer, ainsi que le rat, le navire, le mousse et le capitaine. Sans doute ne faut-il prendre le poème 1 que dans sa valeur symbolique qui est un thème qui vient chapeauter les autres poèmes qui ont cependant pour support l'eau douce... pas si douce en fait, dans la lignée du poème introducteur.

Bombard avait-il connu de réels succès dans le dessalage de l'eau de mer ?
Pourquoi si peu d'usines de désalinisation de nos jours ? Vaste problème... dirait ou ne dirait pas le grand Charles !


Poème 2 : l'eau et la peau ? Je ne vois pas. Mue et ressac ?

3 : j'aime le "nocher".

4 : image compliquée, le verbe 'fluer' n'est pas très beau.

5 : j'aime la "noise" et le "lisant", mais je trouve qu'on mélange les eaux courantes et les eaux stagnantes. Le message est brouillé, ce qui est bien entendu conforme à une noise fortement délictuelle.

6 : le limaçon avec sa bave ne me plaît pas trop ici. Bon, dans la lignée de la noise... Mais un limaçon c'est tout petit.

7 : c'est un peu le bilan de tout ce qui est dit avant. Un constat d'échec sur la vie, la mort, l'amour, la vanité des choses.


Mais l'eau, surtout celle des fleuves, qui a emporté tout cela - n'y a-t-il pas lavage et essorage, au gré du flux et de reflux, et du courant, sur les galets et les cailloux ? - n'a-t-elle pas accompli son travail de polissage ? Pourquoi rester sur l'amertume ?

J'avoue m'être quelque peu perdu au fil de ces "Fluviales" ?


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