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Ornicar
26/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
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Genre : carnet de notes d'un Mexique imaginaire et fantasmé.
Je trouve à ce texte quelques charmes. Le décor est bien planté et croqué. Avec son découpage en trois séquences, l'écriture se fait cinématographique dans un mouvement de "travelling-zoom avant" : plan général (la frontière), plan large (la ville), gros plan (la rue). L'économie de verbes (trois seulement) renforce cette impression d'un canevas, de l'ébauche d'un synopsis. Repérages : la première strophe avec ses "barbelés", ses "sentinelles" et ses instruments modernes de la surveillance policière et généralisée ("objectif de caméra sur une membrane de caoutchouc") nous plonge dans la réalité de notre époque contemporaine tout en nous projetant avec quelque inquiétude à la fin de cette année 2024 qui verra de nouvelles élections américaines. Le vocabulaire est recherché ("chitine, notonectes") et nourrit quelques images ou formules assez réussies ("berlingots de ciment rayé" - "rubans nappés de traffic"). J'aime moins la mention "hauts mais pas trop". La troisième strophe avec ses "moustachus en jeans", ses "beignets" et ses "tacos" trahit une imagerie plus conventionnelle un peu "folkhorique" comme si ce voyage à la frontière mexicaine, de dépaysant et saisissant qu'il était au départ, devenait sur la fin, le réceptacle des "projections" mentales et des images d'Epinal de son auteur. Retour donc à l'univers du cinéma avec ce terme de "projections". Au final, mon ressenti, très personnel et relatif, est mitigé. Pas le grand enthousiasme pour ce texte ou cette séance. Mais pas si mal non plus par certains cotés. |
papipoete
5/3/2024
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
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bonjour Ziyadoux
El Paso/stop/sable brûlant/barbelés piquants/maisons blocs de béton/habitants moustachus/mines patibulaires/caméras épiant/... même les fourmis bizarres semblent louches El Paso...Mexique NB j'aime toute forme poétique, avec une préférence pour le Classique, et l'octosyllabe particulièrement ; j'aime la prose qu'à l'occasion je propose ; le vers libre qui cherche au fond de moi cette fibre. Mais ci-dessus, lit-on un exercice poétique ? Je reste dubitatif et songe qu'en Morse, ce texte fut peut-être attrayant ? Songeur je suis... |
Miguel
6/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Je me doutais que je n'échapperais pas à la facilité de la victimisation, de l'accusation, etc; mais ce n'est pas trop mal fait, je dois dire. Il y a quelques trouvailles, la patte de fourmi, la métaphore des notonectes, les visages-caméras (du coup on ne sait pas si l'objet est humanisé ou si l'humain est réifié, mais ça ne fait rien, ça fonctionne), et les peintures de la ville qui rendent bien ces lieux tels qu'on des les imagine. Il y a de la couleur, de la vie et du mouvement.
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EtienneNorvins
7/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Point positif : ce texte réclame du temps. Depuis que je l'ai croisé en EL, il me force à revenir à lui. Il m'intrigue. Il n'est pas sans m'évoquer William Cliff...
Il y a ce style, comme d'un stylo sismographe, qui essaie de s'en tenir à un enregistrement brut. Les métaphores cinglent (1ère strophe) puis semblent devenir liquides (2ème strophe - où sinue pour moi la plus réussie : v.12) puis disparaissent (3ème strophe) quand la frontière est passée et qu'on n'est donc plus à El Paso, mais à Ciudad Juarez. Ce qui m'évoque une structure 'géopoétique' à la Kenneth White ? 1ère strophe : El Paso, les Etats Unis et l'obsession sécuritaire 2ème strophe : le Rio Grande, avec ces 'notonectes' qui sont des insectes aquatiques 3ème strophe : c'est explicite au dernier vers, le Mexique. On va donc à rebours des migrations clandestines de 'l'actualité' médiatique ; mais placé "du côté" des USA ? Ce qui est renforcé par cette impression d'enregistrement 'froid', comme cinématographique, d'une caméra telle que celles mentionnées au vers 5, et qui est la source d'une gêne dans ma lecture. Peut être est-elle voulue ? Car elle est contrebalancée par l'impression d'une libération après le passage du Rio Grande : à rebours là encore, le Mexique est comme une terre promise, 'acceptable' (v.15), où apparaissent enfin des visages humains (v.16) au lieu des moloch, ciment, serpent, insectes des deux premières strophes - puis enfin un nom (v.20) dont l'origine germanique signifierait (merci Wikipedia...) : 'frith', protection, sécurité, et 'nanth', audace, témérité... Il faut donc oser le passage pour trouver cette sérénité ? Ou, comme suggéré plus haut par Ornicar, ne fait-on que tomber dans l'illusion d'un ailleurs folklorisé ? Reste enfin que l'incipit souligne que tout cela est 'imagination', 'onirique'... On peut y lire donc d'autres 'passages initiatiques' - je note l'apparition des livres au v. 17 - puis d'une nourriture roborative (v.18), qui accompagne cette sensation de liberté... De l'écriture ? de la lecture ? Décidément richement intrigant :) |