Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie contemporaine
Zorino : Les cygnes du désespoir
 Publié le 02/07/19  -  16 commentaires  -  2124 caractères  -  227 lectures    Autres textes du même auteur

Élégie inspirée par un macabre fait divers qui m'a profondément touché, survenu à Vicence (Vicenza, Italie) le 3 mai 2019.


Les cygnes du désespoir



À l'orée du grand bois abritant quelques merles
Se dissimule un lac dépourvu de cloisons
Le silence y est maître et observe les perles
Scintiller dès l'aurore à l'ombre des saisons

Sous un ciel innocentles arbres qui bourgeonnent
Se reflètent sur l'eaugambillant dans la joie
Au rythme lent des flotset le vent qui bougonne
Effleure de son chant le vaste drap de soie

Deux cygnes inhérents à l'allure tranquille
Y coulent leurs vieux joursglissant sur le bonheur
Chaque soir dans mon litj'entends les volatiles
Se dire bonne nuit en de longs vers charmeurs

Qu'ils sont flambants et beaux dans leur pelisse blanche
On vient parfois de loin pour voir ces deux amants
Et les gamins flâneurs qui s'y ruent le dimanche
Leur jettent de bon cœur la mie de chez maman

Mais en muant l'enfant s'affranchit de sa grâce.
Ses loisirs sont ailleurs, quelquefois dans le mal.
Certains aiment flétrir et laisser une trace
De leur côté rétif bien souvent théâtral.

Les royaumes impurs deviennent un repère ;
Ils hurlent leurs tourments contre le monde entier ;
Se laissent infléchir par un soi-disant frère,
Commettant par défi, l'ignoble, sans pitié.

-----------------------

Par un matin de mai, au bord de la lagune,
De pourpre étaient souillées les ailes d'un géant.
L'autre cygne, éploré, le col en croissant-lune,
Piaulait son Amour, le bec et l’œil béants.

Depuis ce crime odieux, le paysage est triste.
Le pauvre oiseau restant ne mangeait plus de pain.
Il sillonnait les eaux comme un piteux artiste
En se laissant mourir, lové dans son chagrin.

À l'orée du grand bois, abandonné des merles,
Se dissimule un lac, noyé dans son cafard.
Chaque nuit, dans mon lit, les joues rongées de perles,
J'entends de lourds sanglots, ce sont ceux des canards...


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anje   
6/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Néo-classique.
L'absence de ponctuation au quatre premières strophes est étonnante et plutôt de catégorie contemporaine.
Qu'est-ce qu'un lac sans cloison ? J'imagine que le mot a été choisi pour la rime et le vrai mot devait être clôture. Au deuxième quatrain, l'écho long du son "an" (innocent, gambillant, lent, vent, chant) ainsi qu'au vers 17 (en muant l'enfant) embarrasse la prononciation. La recherche de rime assez poussée portant majoritairement sur des substantifs démontre un travail sérieux.
Le cygne n'est pas l'exemple parfait de la fidélité mais des couples peuvent se former à la vie à la mort. Et çà ajoute à sa majesté. On comprend alors l'agonie amoureuse de la "veuve", l'on sent l'émotion des canards et l'on voit bien "les joues rongées de perles".
Anje en EL

   Lebarde   
7/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Néo-classique

Evocation délicate d'un couple de cygnes évoluant majestueusement dans un décor bucolique paisible décrit avec sensibilité et talent.
Ils font partie du paysage à la satisfaction et pour le bonheur renouvelé des promeneurs et des gamins qui le dimanche viennent leur jeter "de bon coeur la mie de chez maman", jusqu'au jour ou ces enfants ( ou certains d'entr'eux ) devenus adolescents, grands dadais imbéciles, pour épater les copains, commettent l'irréparable et tuent l'un des gracieux volatiles!!
Cet acte ignoble et gratuit laisse le survivant éploré dans une nature devenue subitement orpheline et tous ceux qui avaient le plaisir de la contempler et de l'admirer, dans le désarroi et la tristesse.

Cette histoire qui s'appuie sur un fait divers réel (incipit) est sobrement et délicatement décrite dans un superbe poème en alexandrins bien équilibrés, aux rimes alternées, régulièrement féminines et masculines rendant la lecture fluide et agréable, qui témoigne une grande maîtrise d'écriture.

Les amoureux de la nature et de la belle poésie classique y trouveront à coup sûr leur bonheur; pour ma part j'ai particulièrement apprécié.

Merci à l'auteur(e) pour ce moment de lecture.
EL
Merci

   papipoete   
8/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
néo-classique
Tel un couple inséparable, deux cygnes vivaient paisiblement sur leur lac, et enchantaient leurs admirateurs jusqu'à... ce jour maudit où l'on découvrit qu'on avait tué l'un de ces amants de plume...
NB un symbole de fidélité, comme la colombe l'est pour la paix et la pureté, qu'une main qui apportait peut-être la mie, est devenue l'ennemie...
Qui n'a pas côtoyé un couple de cygnes sur une onde paisible ? La 3e strophe est si touchante, devant ces 2 petits vieux coulant des jours heureux ! Et les larmes ne sont pas loin, à songer à ce survivant se laissant mourir de chagrin !
Très beau !
à mon avis, ce " néo-classique " ne souffre aucun reproche !
papipoète

   poldutor   
8/6/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

L'auteur(e) semble en effet très touché par ce drame inutile, la mort "pour le plaisir" d'un animal inoffensif et beau.

La première partie du poème dresse le portrait de deux gracieux oiseaux, les cygnes sont toujours décoratifs sur une pièce d'eau.
Cette poésie rappelle "deux pigeons s'aimaient d'amour tendre".
Mais hélas l'humain est ainsi fait que parfois le bonheur des autres dérange...

La deuxième partie nous apprend le drame, la mort cruelle de l'un des oiseaux laissant l'autre dans le peine infinie.

Les deux premiers quatrains sont très poétiques.
Poème agréable,facile à lire

   BlaseSaintLuc   
9/6/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
entre Vérone et Venise : Vicence est une ville du Nord de l'Italie, chef-lieu de la province du même nom en Vénétie. Elle est connue comme la città del Palladio — qui y a réalisé de nombreuses œuvres architecturales .

Est-ce donc ici le LAGO DI FIMONE , qu'importe ce fait divers hélas se reproduis à bien des endroits, ici, il est majestueusement campé dans des mots magnifiques , merci pour l'hommage aux flambants volatiles

mais quel est cet endroit appelé "elle et lui" ? un hommage sans doute aux cygnes meurtri ,à moins que l'on y servent en sauce subtiles !

   Corto   
10/6/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Voici un poème très visuel, ressenti, entendu. Autant dire de la poésie de belle qualité.

Les quatre premières strophes nous plongent dans un environnement bucolique, calme, enchanteur où l'on aimerait se faire complice d'une nature si accueillante.

Mais les événements qui suivent nous sortent de la rêverie pour nous confronter à la sottise, la méchanceté qui sont toutefois décrites avec une très belle plume, des images très parlantes. On participe au chagrin du narrateur comme à celui du cygne survivant.

Le final est lui aussi très visuel là où les merles ont fui et les cygnes sont remplacés par des canards.

Un très beau texte.
Bravo à l'auteur.

   Anonyme   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

C'est une belle poésie où les quatre premiers quatrains, très poétiques et imagés, me font penser à un tableau:
Deux cygnes, amoureux, coulent des jours heureux...

La seconde partie, plus dramatique, exprime la cruauté de certains ( ici un adolescent) envers ces animaux sans défense .
Un tableau malheureusement sombre, un cygne éploré qui se laisse mourir à petits feux.
J'ai beaucoup aimé.

   Davide   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Zorino,

Une élégie qui m'a d'abord fait penser au magnifique poème "Le cygne" de Sully Prud'homme.
La nature délicate offerte à la splendeur, un narrateur contemplatif, émerveillé...
Le moment du drame est tu, marqué par une ellipse, ce qui le rend d'autant plus prégnant et douloureux. Dommage que la réalité nous soit révélée si brutalement ("De pourpre étaient souillées les ailes d'un géant", "crime odieux"), là où la suggestion aurait été plus virulente. La solitude de ce cygne agonisant parle d'elle-même, n'est-ce pas ?

La paysage devient le miroir des émotions du narrateur avec cette magnifique mise en parallèle des première et dernière strophes.
L'eau du lac se transforme en larmes, la présence en absence... Très beau !

En revanche, le passage entre la 4e et la 5e strophe m'a beaucoup gêné, avec cette entame :
"Mais en muant l'enfant s'affranchit de sa grâce."
Ce présent de vérité générale (se substituant au contemplatif) sur deux strophes marque une rupture bien indélicate, le ton quasi-polémique n'est plus guère poétique.
Les termes utilisés - comme la syntaxe - me paraissent bien lourdauds : "s'affranchit de sa grâce" (?), "Certains aiment flétrir" (?), "laisser une trace / De leur côté rétif bien souvent théâtral." (?)

Puis le ton de l'élégie reprend de plus belle, augurant un dénouement tragique mais ô combien poétique.
Plein de belles images vaguent sur ce décor endimanché, entre autres :
"Effleure de son chant le vaste drap de soie "
ou
"Chaque nuit, dans mon lit, les joues rongées de perles,
J'entends de lourds sanglots, ce sont ceux des canards..."

Cependant, quelques expressions m'ont semblé quelque peu maladroites : "dépourvu de cloisons", "cygnes inhérents" et "noyé dans son cafard."

Un bien joli poème à l'esthétique romantique, un regard empli de tendresse et de compassion. Une écriture délicate.

Qu'il fait bon relire les derniers vers du poème "Le cygne" dont je parlais tout à l'heure :
"L'oiseau, dans le lac sombre où sous lui se reflète
La splendeur d'une nuit lactée et violette,
Comme un vase d'argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments."

Et, accordons-nous le plaisir de réécouter ce chef-d'œuvre de Camille Saint-Saëns en relisant votre poème, Zorino :
https://www.youtube.com/watch?v=b44-5M4e9nI

Merci du partage,

Davide

Edit : et l'arrangement pour orchestre avec l'excellentissime violoncelliste Hauser (Oh là là, que c'est beau !) :
https://www.youtube.com/watch?v=-OjCEwhtSuU

   Anonyme   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

La morale de cette histoire peut être : qu'est-ce qu'on est con
quand on est jeune. Lorsque l'on brandit de pauvres moineaux tués
au lance-pierre comme trophée.
C'est un joli récit dans son ensemble malgré quelques trucs par-ci,
par-là comme ces lacs dépourvus de cloisons vite rattrapé par les
2 vers suivants.
Je n'aime pas trop la double séparation à l'hémistiche du début
du poème. L'adjectif inhérents même s'il veut dire indissociable
ici n'est pas du meilleur cru dans le contexte.
J'aime bien le glissant sur leur bonheur.

Il faut lire le magnifique poème : Le cygne de Sully Prudhomme.

Un bon texte dans son ensemble malgré la mort du cygne.

   leni   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut Zori
Cette histoire vraie est d'une tristesse infinie C'est le bonheur tué à bout portant C'est troublant C'est comme si on assassinait un symbole
L'écriture est superbe C'est délicat et sobre
Je cite quelques passages

Au rythme lent des flotset le vent qui bougonne
Effleure de son chant le vaste drap de soie

glissant sur le bonheur
Chaque soir dans mon litj'entends les volatiles

Et les gamins flâneurs qui s'y ruent le dimanche
Leur jettent de bon cœur la mie de chez maman



Par un matin de mai, au bord de la lagune,
De pourpre étaient souillées les ailes d'un géant.
L'autre cygne, éploré, le col en croissant-lune,
Piaulait son Amour, le bec et l’œil béants.

Ces quatre vers ont ma préférence

Bravissimo Mon salut amical Leni

   Anonyme   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Les quatre premiers quatrains nous installent dans une atmosphère paisible à contempler ce " lac dépourvu de cloisons À l'orée du grand bois " et ce couple de cygnes " glissant sur le bonheur ".

Le deuxième volet plonge le lecteur dans une grande tristesse - du moins c'est mon cas - .
" De pourpre étaient souillées les ailes d'un géant ".

" Mais en muant l'enfant s'affranchit de sa grâce.
Ses loisirs sont ailleurs, quelquefois dans le mal. " J'ai trouvé ces deux vers empreints de réalisme...

Un poème triste mais beau.

   hersen   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je ne m'y retrouve pas toujours dans les virgules et, surtout, ces espaces à l'hémistiche dans certaines strophes.

Deux cygnes inhérents : je pensais que l'inhérence ne s'utilisait que pour quelque chose. Mais c'est peut-être une réduction de ma part.

le vent qui bougonne, j'adore !

Sinon, oui, l'influence, on est une bande de jeunes, on rigole...

Il se dégage une tristesse de ces vers, de ce fait divers.
Mais c'est l'occasion de lire de beaux vers ! (piètre consolation, oui, je sais...)

   senglar   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour Zorino,


Vous arrivez à rendre beau une véritable cacophonie de palmipèdes ; en effet, qui a jamais entendu le chant du cygne ne se sépare plus jamais de ses boules Quiès, et quand les canards nasillent, alors c'est simple, on se jetterait à l'eau pour ne plus les entendre.
Ainsi c'est un exploit que vous avez commis là, rendre aimable le chant d'amour de deux cygnes qui drensitent ou les pleurs de celui qui trompette. Il faut être un sophiste pour réussir cela ou un avocat tel Eric Dupont Moretti, ok c'est la même chose :) ou un écrivain, un poète ; par contre David Guetta lui-même ne pourrait en faire un tube.
Bref la mort du cygne c'est beau mais seulement de visu avec une danseuse étoile à l'Opéra et la musique de Saint-Saëns ou avec les vers de Zorino. Les anatidae quand ils s'y mettent c'est un orchestre de vuvuzelas. Insomnie assurée :)))

3 preuves de la magie de Zorino :
"Au rythme des flots et le vent qui bougonne
"Les royaumes impurs deviennent un repaire
"En se laissant mourir, lové dans son chagrin

Ben oui j'ai dit : Magique !
(Mais je mets la flèche vers le bas car manifestement ici c'est du plomb qu'on a transformé en or)


Senglar

   Cristale   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
De la poésie...poétiquement et tristement jolie !
L'histoire commence belle, j'adore la grace des cygnes et puis l'histoire s'écrit avec l'encre des larmes.
Aujourd'hui les poètes (oui oui...vous, Zorino et notre confrère Hananké) ont décidé de me faire pleurer, mais quand les mots sont brodés de beauté je ne puis que m'incliner et souligner leurs vers de mes quelques mots maladroits.

Je ne commenterai pas la technique, j'ai rangé tous mes traités de prosodie. L'essence de ce poème suffit à mon douloureux plaisir.

Cristale

   Zorino   
5/7/2019
Pour les remerciement et explications, c'est ici

   Myndie   
5/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Zorino, âme sensible, tu fais une fois de plus vibrer ma propre corde émotive.
J’ai beaucoup aimé ton poème pour ce qu’il m’a apporté de secousses et d’émoi véritable.
Déjà par le thème traité qui, comme beaucoup je le sais, me tient particulièrement à coeur. Et aussi au travers de ton écriture.
Il me serait difficile de me faire censeur sur certaines facilités ou maladresses car toutes sont contrebalancées par de très belles et très poétiques images :

« Le silence y est maître et observe les perles
Scintiller à l’aurore à l’ombre des saisons »

« ..le vent qui bougonne
effleure de son chant le vaste drap de soie »

« ...J’entends les volatiles
Se dire bonne nuit en de longs vers charmeurs »

« L’autre cygne éploré, le col en croissant-lune,
Piaulait son amour, le bec et l’oeil béants »

Et en apothéose, la dernière strophe.

Je suis soufflée. Merci Zorino


Oniris Copyright © 2007-2023